Un pilote de F-35 livre ses premières impressions sur cet avion "réactif et agressif"
Le 10 novembre 2015, le major Morten "Dolby" Hanche est devenu le premier pilote de chasse norvégien à voler en F-35. Fort de ses 2 200 heures de vol en F-16, il est désormais instructeur à la base aérienne de Luke près de Phoenix aux Sud-Ouest des Etats-Unis. Il donne son avis.
Le F-35 devrait entrer en service avant la fin d'année 2016. (Crédits - blueforce4116 / Flickr / C.C)
Comment profiter au mieux les capacités du F-35, l’avion de chasse de cinquième génération de Lockheed Martin ? Cette question, les pilotes de la base aérienne de l’US Air Force de Luke près de Phoenix aux Etats-Unis tentent d’y répondre en écrivant un guide d’utilisation. Mais pour le moment, les pilotes découvrent au fur et à mesure de leurs vols les possibilités du chasseur.
VOS INDICES
source
Parmi ces pilotes, le major Morten "Dolby" Hanche est le premier norvégien à piloter un F-35. Depuis le 10 novembre 2015, il effectue des exercices en vol à bord de l’aéronef. Dans des billets publiés sur le site du ministère norvégien de la Défense, l’instructeur et officier adjoint à l’armement exprime ses ressentis et détaille ses sessions de vol de façon critique.
Le major norvégien Morten "Dolby" Hanche. (© Torbjørn Kjosvold / Forsvaret / Forsvarets mediesenter)
Plus agressif que le F-16
L’expérience de vol en F-35 du major Hanche est courte, mais le Norvégien est un pilote chevronné avec plus de 2 200 heures à bord d’un F-16. Pour analyser les capacités de l‘avion, il "prend pour référence le F-16". Admettant qu’il a "encore beaucoup à apprendre" du F-35, il décrypte dans son dernier billet un exercice de combat aérien en un-contre-un.
L’instructeur norvégien l’avoue immédiatement : "c’est un avion qui me permet d’être plus réactif et agressif que le F-16 ne le pourra jamais." Le major Morten Hanche explique que lors d’un combat aérien, le plus difficile est de se retrouver en position de tir. "Je devais être beaucoup plus patient en F-16 qu’avec le F-35."
Le dernier né du fabricant Lockheed Martin offre un angle d’attaque de loin supérieur à son prédécesseur. Cette caractéristique permet au pilote une grande maniabilité de son appareil et ainsi d’attaquer un adversaire plus rapidement.
L’angle d’attaque est l’angle entre l’axe de déplacement de l’avion et l’axe de l’avion, là ou pointe le nez de l’appareil. (Crédits - Lockheed Martin)
En plus de sa maniabilité, le F-35 offre une plus grande stabilité. "Une différence évidente, c’est qu’il tremble peu lors de hautes prises de G alors que le F-16 secoue durement." Seul point noir pointé par le major, la visibilité du cockpit. "La vue du cockpit du F-16 est la meilleure de tous les avions que j’ai pilotés." Malgré tout, le norvégien assure que "présenter cela comme un problème majeur serait une méprise". Il préfère retenir la réactivité immédiate des commandes du F-35 qui s’est affranchi du délai présent dans le F-16.
Le plus cher programme du Pentagone
Les premiers F-35 de l’US Air Force devraient être déclarés opérationnels avant la fin 2016. Seulement, le Pentagone a indiqué dans son rapport annuel de l’évaluation et des tests opérationnels de l’armement que les appareils ne présentaient pas l’ensemble des prérequis pour entrer en service. Le rapport pointe notamment des problèmes informatiques dans l’affichage des menaces et un risque de blessure grave, voire mortelle, au cou lors de l’utilisation des sièges éjectables. Le corps des Marines dispose de dix F-35 déclarés opérationnels, mais ce même rapport remet en cause leur habilité au combat.
Avec un budget total de près de 400 milliards de dollars pour 2 443 appareils, le F-35 représente le programme d’armement le plus coûteux des Etats-Unis. Pourtant, des retards sur le programme de l’avion sont très probablement à prévoir même si le général Chris Bogdan, responsable du développement de l’appareil assure dans un communiqué en guise de réponse que les délais seront respectés. Néanmoins, certains pays pourraient se lasser de ces retards répétés, dont la Grande-Bretagne qui a réalisé la plus grosse commande avec 138 appareils. Le Canada pourrait lui-aussi se détourner du programme puisque le nouveau Premier ministre Justin Trudeau en avait fait un argument de campagne.
Pierre Monnier
12Commentaires
Réagir