Un nouvel avenir pour Kem One
Soulagement. Le désastre industriel est évité, Kem One va revivre. Le vendredi 20 décembre, lors d’une ultime audience, le tribunal de commerce de Lyon a donné son feu vert à la reprise de Kem One SAS, la partie amont en redressement judiciaire depuis le 27 mars.
L’affaire aura été rocambolesque dans les tous derniers jours. Alors que le tribunal devait trancher entre les deux offres d’Alain de Krassny et d’OpenGate Capital le 18 décembre, ces deux candidats avaient surpris tout le monde en annonçant le jour même la fusion de leurs offres. Fusion rejetée par le tribunal pour des questions techniques, notamment par manque de temps. Le lendemain, OpenGate retirait alors son offre et se ralliait à Alain de Krassny. Vendredi soir, cette dernière offre sur la table a finalement obtenu le droit de reprendre Kem One SAS.
A l’heure où nous publions, tous les détails de la reprise n’étaient pas encore connus. Les informations disponibles, concordantes selon plusieurs sources, faisaient état d’une reprise par Alain de Krassny, voué à devenir président du groupe et qui amènerait au capital 5 millions d’euros, comme prévu, auxquels s’ajouteraient 5 M€ apportés par OpenGate Capital, faisant de Kem One SAS une société gérée à 50/50. Etait également prévue la cession par le groupe Klesch pour 1€ de Kem One Innovative Vinyls, la partie aval, au repreneur. Laquelle serait réintégrée à la partie amont, dans le cadre d’un groupe géré à 50/50 entre OpenGate Capital et Alain de Krassny.
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En plus des 10 M€ apportés par les nouveaux propriétaires, l’Etat a aussi promis des aides, d’un total de près de 130 M€. Le Fonds de développement économique et social devrait ainsi rapidement injecter entre 30 et 33 M€, sous forme de prêt remboursable sur une période de 5 à 10 ans. Prêt qui serait conditionné à l’engagement de ne fermer aucune usine ni recourir à des suppressions « significatives » d’emploi au cours des cinq prochaines années. L’Etat s’est aussi engagé à verser une avance remboursable de 80 M€ ainsi que 15 M€ de subventions d’investissement. Ces enveloppes ne seraient pas versées immédiatement mais délivrées dans le cadre de la conversion de l’électrolyse de l’usine de Lavera (Bouches-du-Rhône), laquelle doit impérativement passer à l’avenir d’une technologie mercure à une technologie à membranes. De source syndicale, ce chantier nécessiterait des investissements de l’ordre de 150 M€.
Le plan de restructuration prévu par la reprise, qui table sur 96 suppressions de postes dont 48 CDI, pourrait intervenir au plus tôt à partir d’un mois révolu à l’issue de la date du jugement. Arkema reste toujours engagé à proposer des solutions de reclassement.
Ce nouvel avenir de Kem One ne s’apparente pas à un chemin de rose. En premier lieu car la chlorochimie et le PVC sont des marchés cycliques, que le parc industriel est surcapacitaire en Europe, et que la construction, principal débouché, reste morose. De leur côté, les partenaires sociaux, soulagés aujourd’hui, s’inquiètent déjà de l’avenir de l’association entre OpenGate et Alain de Krassny. Depuis toujours, ils ont souligné que l’intégration amont-aval devait être absolument conservée. Le véritable réseau dans les profilés et la formulation de PVC constitué ces derniers mois par OpenGate, avec Profialis début 2013 et Benvic aujourd’hui (voir p.6) est ainsi à la fois bien et mal perçu. S’il préfigure des débouchés potentiels pour Kem One, les syndicats redoutent qu’OpenGate soit un jour tenté de ne se concentrer que sur l’aval et de sortir de Kem One avec les activités aval dans sa besace, laissant l’amont seul. Selon un représentant de la CGT, « à l’avenir, garder l’aval intégré sera le combat ».