Tout le dossier Tout le dossier
-
Bioproduction
Un écosystème de santé dynamique
-
Bioproduction
« Tracer un trait d'union avec Lyon »
-
Bioproduction
BioFactory, un nouvel outil de formation et de recherche pour CPE Lyon
-
Laboratoires pharma
Un leader qui continue d'évoluer
-
Pharma
NovaDiscovery, « in silico veritas »
-
Equipements pharma
La double compétence d'Eras labo
-
Equipements pharma
Les équipementiers profitent d'un marché florissant
-
Pipelines - Recherche pharma
Une feuille de route santé en préparation
Un leader qui continue d'évoluer
Merial, spécialiste de la santé animale, est devenu Boehringer Ingelheim Santé animale. Une étape de plus dans la longue histoire de ce poids lourd du paysage pharmaceutique lyonnais. Plongée dans son usine de Porte-des-Alpes d'où sortent ses blockbusters en vaccination animale.
À quelques kilomètres du centre-ville de Lyon, au sein du parc technologique de Saint-Priest, le site de Porte-des-Alpes déploie ses 21 hectares dédiés à la production de vaccins pour le marché de la santé animale. Les imposants bâtiments blancs de fabrication sont reliés entre eux par une galerie technique souterraine, véritable colonne vertébrale du site dans laquelle circulent tous les réseaux d'électricité, d'eau et de gaz nécessaires à l'alimentation des différentes unités.
Si le plus ancien des bâtiments porte encore la plaque de son inauguration par Raymond Barre en 1995, le chantier en cours de la future unité de R&D (voir notre encadré) montre que l'usine n'est pas figée dans le temps. La signature visuelle, les fameuses empreintes d'animaux, est toujours là, mais le nom de Merial, encore omniprésent dans les couloirs de l'usine, cèdera sa place d'ici quelques semaines au nouveau nom de l'entité : Boehringer Ingelheim (BI) Santé animale. Une étape supplémentaire pour un groupe solidement déployé dans la région Rhône-Alpes-Auvergne.
VOS INDICES
source
202 -4.72
Janvier 2023
PVC
Base 100 en décembre 2014
172.7 -2.15
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
97.9 +0.51
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 21.20 − Préparations pharmaceutiques
Base 100 en 2015
Un ancrage régional fort
Le site de Lyon Porte-des-Alpes (LPA) représente le porte-étendard d'une organisation qui se déploie autour de Lyon. Le site de Saint-Priest et ses 470 employés se situe dans un carrefour stratégique et s'articule avec les autres sites de Lentilly, de Saint-Vulbas et de Gerland. Le premier, à l'ouest de Lyon, est chargé de l'étiquetage et du packaging secondaire des vaccins produits sur le site de LPA : flacons plastique ou verre, formes liquides ou lyophilisées mais aussi comprimés effervescents, une nouveauté qui date de 2015, destinée au marché aviaire.
« Les lots qui sont acheminés à Lentilly sont identiques, quel que soit leur pays de destination, nous sommes sur un standard de qualité égal entre tous les pays vers lesquels nous exportons » souligne Barbara Champiot, en charge des visites sur le site. 80 % de la production est ainsi exportée, vers plus de 140 pays. Le site de Saint-Vulbas, dans l'Ain, assure les développements cliniques.
Enfin, les locaux de Gerland, quartier historique de la société, abritent notamment environ 200 employés dédiés à la R&D, qui déménageront bientôt sur le site de LPA. À Porte-des-Alpes, ce ne sont pas moins de 120 vaccins différents qui sont produits à partir d'un éventail de 80 antigènes. La fabrication de vaccins se fait au moyen de trois techniques : par ovoculture, par le biais de flacons roulants ou de bioréacteurs, selon la spécificité et la quantité à produire. L'ovoculture, la production de vaccins dans des oeufs, concerne spécifiquement les produits destinés au marché aviaire. « Nous inoculons un virus qui se multiplie dans les cellules de l'embryon », précise Barbara Champiot.
Une étape préalable de mirage permet de vérifier que l'embryon est bien vivant après la période d'incubation. L'oeuf est alors cassé et le liquide allantoïdien qui contient le virus, récupéré. Avec la technique des flacons roulants, la culture cellulaire se fait sur la surface du flacon en plastique, le virus est introduit, il se multiplie puis est récupéré. L'usine utilise ainsi 3 millions d'oeufs venant de plusieurs fournisseurs, dont le principal est situé en Isère et près de 370 000 flacons roulants.
Dans un autre bâtiment, la production de vaccins se fait au moyen de bioréacteurs desquels sortent notamment les vaccins contre la rage, et le Purevax (vaccin polyvalent pour chats). « La production se fait par une succession de cuves avec des augmentations successives de volumes. Chaque réacteur contient des microbilles en suspension, les cellules vont se multiplier sur la surface du polymère », détaille Barbara Champiot. Après un passage par une cuve de 5 000 litres, la centrifugation et la séparation se suivent pour un process qui prend en moyenne 30 jours.
Une cadence de production importante pour accompagner la croissance du marché santé animale ; et surtout, une production qui nécessite certes un nombre d'employés réduit mais très qualifié. Autre activité importante sur le site de LPA, le contrôle qualité réalisé tout au long de la fabrication du vaccin et dont une partie est assurée sur place, dans les différents laboratoires.
Un marché porteur de la santé animale
« La santé animale bénéficie de perspectives fortes de croissance, de l'ordre de 4 à 6 % par an, tirée en grande partie par les pays émergents qui augmentent leur consommation de viande et optent de plus en plus pour un animal de compagnie », précise Éric Lambert, secrétaire général de Boehringer Ingelheim Santé animale France.
Des perspectives qui s'ajoutent à des résultats au beau fixe, puisque le groupe a généré, à partir de la France, un chiffre d'affaire de 860 millions d'euros dans le monde dont 200 millions sur le seul marché domestique français. « La France représente le deuxième plus gros marché après les États-Unis, et devant la Chine, qui devrait passer devant la France dans les années à venir » prévoit, Éric Lambert.
De quoi renforcer la position de Boehringer Ingelheim Santé animale, déjà numéro 1 sur le marché de la santé des animaux de compagnie, sur la santé équine et aviaire. Le laboratoire communique également volontiers sur son rôle de santé publique, un sujet mis en lumière par les récentes crises de grippe aviaire qui ont décimé les élevages du Sud-Ouest et ont des conséquences catastrophiques pour les pays en voie de développement.
« Les grandes épidémies animales ont un impact énorme sur l'agriculture et sur l'économie d'un pays », constate Nicolas Meynaud, directeur communication France de Boehringer Ingelheim Santé animale. Le laboratoire compte ainsi dans ses clients directs de nombreux États qui commandent à la société des banques d'antigènes, activables en cas de crise sanitaire et destinés à réduire le temps de production des vaccins. Malgré les changements, la nouvelle entité continue ainsi de s'inscrire dans la grande tradition de la vaccinologie lyonnaise.
DES ABATTOIRS DE GERLAND AU PARC TECHNOLOGIQUE DE SAINT-PRIEST
Le site de Porte-des-Alpes s'inscrit dans une longue tradition lyonnaise dans le domaine de la vaccinologie. Marcel Mérieux créa ainsi, dès 1896, l'Institut biologique Mérieux, à Lyon. En 1947, son fils, Charles Mérieux, fonde l'Institut français de la fièvre aphteuse (IFFA), à proximité des abattoirs de Gerland, pour initier la production de vaccins en santé animale à l'échelle industrielle. Depuis, le quartier a largement évolué : les sites de production ont été transférés à Porte-des-Alpes en 1995 et les anciens abattoirs sont devenus une salle de concert XXL, la Halle Tony Garnier.
70 MILLIONS D'EUROS POUR UN NOUVEAU BÂTIMENT R&D
Le bâtiment en construction ne passe pas inaperçu. Le chantier en cours sur le site de Porte-des-Alpes fait sortir de terre les futurs locaux des équipes R&D de Boehringer Ingelheim Santé animale, actuellement basées à Gerland. « L'objectif est de favoriser les échanges et la transversalité entre les équipes de recherche », précise Pascale Vayssières, responsable du projet, qui commente les larges espaces qui s'ouvrent sur un patio à l'accueil. Un chantier au pas de course, qui se poursuit après l'acquisition de Merial par Boehringer Ingelheim. La structure sur trois étages dispose d'un imposant réseau d'évacuations et de traitement d'air qui s'enchevêtrent jusque sous les toits, tandis que les sous-sols du bâtiment serviront au stockage, à la production d'utilités et à l'accueil d'une vaste salle de réunion. Les cloisons de salles propres en cours d'installation sur les deux étages de laboratoires trahissent la future vocation du bâtiment d'abriter des équipes de recherche en virologie et en bactériologie, qui occuperont des laboratoires allant jusqu'à un niveau de confinement P3. La présence de bureaux en « open space » à proximité des laboratoires aura nécessité de concilier des contraintes de chantiers des laboratoires et des espaces de tertiaire. Le futur bâtiment, dont l'inauguration est programmée pour le printemps 2018 viendra parachever le transfert des activités de Gerland vers le site de Porte-des-Alpes.
PARCOURIR LE DOSSIER