Un Français parmi les dix géants mondiaux de la grande consommation
Avec 60 transactions bouclées l'an dernier, les géants de la grande consommation ont quasiment doublé leur nombre de fusions & acquisitions, selon le cabinet de conseil OC&C Strategy Consultants. Dans son étude annuelle, qui classe les 50 premières entreprises mondiales du secteur selon leurs performances financières, figurent quatre Français, dont un dans le Top 10. Découvrez-les en lisant notre entretien avec David de Matteis, associé chez OC&C.
L'Usine Nouvelle - L’Oréal est le seul Français dans le top 10 de votre classement. Comment se débrouille-t-il par rapport à ses concurrents et, plus globalement, les entreprises de la grande consommation ?
David de Matteis - L’Oréal est resté stable dans le classement, et a même moins bien performé en termes de revenus que ses pairs dans le secteur Hygiène & Beauté. Mais le groupe de cosmétiques a réussi à améliorer ses marges opérationnelles de quasiment un demi-point. Cela est dû en partie à la cession de Body Shop, qui n’avait jamais vraiment bien figuré au sein de son portefeuille de marques, un business ‘retail’ très diffèrent de son cœur de métier.
VOS INDICES
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949.98 +0.85
Février 2023
Huile de palme - Malaisie
$ USD/tonne
651.12 +3.91
Février 2023
Graines de soja - Etats-Unis
$ USD/tonne
136.6 -0.44
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 10.12 − Filet d'escalope de poulet standard UVCI
Base 100 en 2015
Pourquoi n’y a-t-il que si peu de groupes français dans les 50 premiers ?
La France est en fait plutôt bien placée avec quatre représentants (L'Oréal à la 7e place, Danone à la 11e, LVMH à la 30e, et Pernod Ricard à la 39e, ndlr), devenant le troisième pays du classement après les Etats-Unis (18 entreprises) et le Japon (8 entreprises), mais devant le Royaume-Uni. Les Etats-Unis sont loin devant de par la taille gigantesque de leur marché. Mais la performance des groupes français est en fait remarquable !
Les opérations de fusions-acquisitions (M&A) se sont-elles déroulées au détriment de certaines marques françaises ?
Il y a eu peu d’acquisitions françaises cette année, les acquisitions se concentrant pour un tiers sur les pays émergents.
"Le phénomène des ‘David vs Goliath’ continue d’impacter les géants de la grande consommation."
Les grandes marques disent rencontrer des difficultés face aux plus petites, plus locales, plus agiles, voire pure players web pour certaines… Le ressentez-vous dans ce classement ?
Le phénomène des ‘David contre Goliath’ continue d’impacter les géants de la grande consommation. Ces groupes se retrouvent mis sous pression par la grande distribution poussant les marges vers le bas, les concurrençant avec leurs marques de distributeurs (MDD) et référençant des ‘David’, plus agiles et innovants que ces grands groupes et qui apportent de la nouveauté aux yeux des consommateurs.
Cela explique-t-il les opérations de M&A qui se multiplient ?
Le M&A s’est accéléré l’an passé. C'était tout d’abord un phénomène de rattrapage, l’année précédente étant la plus faible dûe à un contexte politique incertain (Brexit, Elections aux Etats-Unis). Mais ce M&A s’appuie sur des tendances assez structurantes et devrait se poursuivre, avec notamment des acquisitions dans les pays émergents pour accroitre/solidifier leurs positions, un recentrage sur leurs activités stratégiques (avec des cessions d’actifs non stratégiques pour financer des acquisitions génératrices de synergies rapides), et des acquisitions sur des activités sur des tendances transverses en croissance (comme le packaging durable, eco-friendly, etc.).
Quelle est la bonne stratégie à adopter pour elles ?
Il n’y a pas forcement ‘une’ bonne stratégie mais clairement des principes à appliquer. Tout d’abord il apparait que le recentrage sur le cœur de métier a tendance à générer un meilleur retour sur investissements, et force ces groupes à concentrer leurs efforts sur ce qu’ils font le mieux. Un bon exemple est Unilever qui s’est séparé de son activité Margarine, qui était une BU en déclin car elle ne recevait pas les investissements nécessaires pour bien performer. Ensuite, notamment pour les marques, l’innovation et la qualité doivent être une priorité. Dans un marché ou les distributeurs se regroupent (Tesco/Carrefour ou Sainsbury’s /Asda par exemple), il est d’autant plus important de se différencier et d’apporter une valeur ajoutée par rapport aux MDD ou aux autres marques qui se battent pour la même place en rayon. L’innovation est ce qu’attendent les consommateurs et les distributeurs, et il est donc nécessaire pour ces groupes de se recentrer dessus pour construire une croissance pérenne sur le long terme.
(Les dix premiers groupes du Classement Global 50 – année 2017 : OC&C Strategy Consultants)
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