Un bilan gaz de plus en plus vert mais attention au greenwashing
La légère croissance 0,4 % de la consommation de gaz en 2017 n’arrêtera pas l’inéluctable déclin de la demande. Alors, le gaz français se cherche un avenir dans la transition énergétique, à coup de promesses de réduction d’émissions de CO2, de GNV et de biogaz. Mais de là à devenir une énergie renouvelable à part entière, il y a encore beaucoup à faire.
Qu'on ne s’y trompe pas. L’augmentation de la consommation de gaz en France de 0,4 % en 2017 par rapport en 2016 n’est qu’un répit. Quel que soit le scénario, la demande de gaz en France va baisser d’ici à 2035. L’année dernière, c’est l’industrie qui a compensé le recul de la consommation des ménages en recul de 2,9 % à 275 TWh sur un total de 465 TWh en 2017. Avec 190 TWh consommés (+5,5 %) principalement pour la production d’électricité dans des centrales à gaz qui ont dû pallier de gros coups de mou du nucléaire et de l’hydroélectrique. La production d’électricité dans les 14 centrales à gaz en France ne cesse en effet d’augmenter. De 8 TWh en 2014, elle est passée à 55 TWh en 2017. Une croissance qui, outre l’indisponibilité d’une partie du parc nucléaire, s’explique aussi par la fermeture de centrales thermiques au fioul. "On n’a probablement jamais autant utilisé le gaz pour produire de l’électricité", observe Thierry Trouvé, PDG de GRTgaz. Et cela pourrait encore augmenter. Un projet d’une quinzième centrale combiné gaz (électricité chaleur) à Landivisiau (Finistère) par la Compagnie Électrique de Bretagne, coentreprise de Direct Energie et Siemens, semble se confirmer.
L'alternative au fioul
Pour les gaziers, c’est un signe de plus que le gaz a tout son rôle à jouer dans la transition énergétique. La conversion fioul gaz dans l’industrie entre 2012 et 2017 aurait fait économiser de 1,8 million tonnes d’émissions de CO2. Et si toutes les centrales électriques au charbon et au fioul avaient été converties au gaz, ce sont 7 millions de tonnes de CO2 qui auraient été économisées. Mais avec des "si" on peut promettre beaucoup, au risque d’être taxé de greenwashing (verdissement ou mensonge vert).
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À l’occasion de son bilan gaz 2017, GRTGaz explique que le gaz pourrait participer à hauteur de 37,6 % à l’effort nécessaire en France de réduire ses émissions de CO2 de 40 % d’ici à 2030 comparé à 1990. Pour atteindre l’objectif, la France doit encore baisser ses émissions de 97 millions de tonnes par an entre 2015 et 2030. Entre la conversion fioul gaz dans l’industrie (-2 Mt/an), la conversion carburant gaz dans les transports (-5,6 Mt/an), les efforts d’efficacité énergétique (-11,9 Mt/an) et l’injection de 90 TWh de gaz renouvelables dans les réseaux (-17 Mt/an), le gaz pourrait économiser 36,5 millions de tonnes par an.
De plus en plus renouvelable
Seulement, 408 GWh de biométhane ont été injectés dans le réseau en 2017, via 44 sites raccordés au réseau de GRDF et GRTgaz. C’est 100 % de plus qu’en 2016, mais très loin des 90 TWh envisagés. Certes, 361 projets sont en cours d’études et tous les paramètres sont au vert, avec des coûts de raccordement diminués et depuis juin 2017, l’autorisation de stocker du biométhane dans les réseaux souterrains. "Nous pouvons augmenter le nombre de canalisations qui peuvent accueillir le biométhane", prévient Thierry Trouvé. Et pour le gaz carburant ou GNV (gaz naturel véhicule), si le nombre de poids lourds au gaz a doublé en 2017 pour atteindre les 1 300 camions sur une flotte totale de 16 200 véhicules roulant au gaz en France, (+10 %), cela reste très insuffisant. Seules 88 000 tonnes de CO2 ont été évités en remplacement des véhicules diesel. L'objectif se chiffre à 5, 6 millions de tonnes en moins chaque année.
Carburant d'avenir
Certes les signes en faveur d’un décollage du GNV en France sont encourageants. La holding de droit néerlandais CNH Indsutrial vient par exemple de rapatrier de Chine en France la production d’un moteur à gaz pour autocar Iveco dans l'usine Fiat Powertrain Technologies de Bourbon-Lancy en Saône-et-Loire. Ce site de 1 300 personnes, qui produisait déjà deux modèles de moteur à gaz de pour bus et poids lourds à côté de sa gamme diesel, a une capacité d'environ 30 000 unités par an, dont 5 000 à gaz. Et les huit lauréats d’un appel à projets de l‘Ademe devraient eux participer à la mise en service de 2100 poids lourds.
D’autre part, preuve que les grands pétro-gaziers commencent à y croire, le nombre de points d’avitaillement à lui aussi cru de 25 %, à 75 unités. Et 78 nouveaux points pour faire le plein de GNC (gaz naturel comprimé) ou de GNL (gaz naturel liquéfié) sont annoncés en 2018. Pour booster la filière, le gouvernement a annoncé un gel jusqu’en 2022 du taux de la TICPE du GNV, et la reconduction jusqu’à fin 2019 du dispositif de suramortissement pour les achats de véhicules GNV supérieurs ou égaux à 3,5 tonnes.
En attendant l’étude de l’Ademe
La tentation était trop grande pour les acteurs du gaz d’associer GNV et biogaz pour verdir encore plus la mobilité gaz, qui, il est vrai, n’émet quasiment pas de particules fines et rejette moins de CO2 que le diesel et l’essence. Dans toutes les communications récentes, on parle de bioGNV. Or celui-ci n’existe pas encore, même si on peut le faire via l’achat de certificats de gaz vert. Mais il arrive. Evergaz annonce sa première station bioGNV en Mayenne courant 2018. De là à ce que la France devienne autonome en gaz et produise suffisamment de gaz renouvelable pour couvrir sa consommation d’ici à 2050 comme l’annonce la profession, il reste beaucoup à faire. L'Ademe s’est penchée sur la question. Elle publiera les résultats de son étude sur la faisabilité pour atteindre 100 % de gaz renouvelable en France en 2050 le 30 janvier prochain.
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