Trump prêt à une guerre commerciale pour protéger la sidérurgie américaine
Le président américain Donald Trump assume son projet d'imposer des tarifs douaniers sur les importations d'acier et d'aluminium outre-Atlantique. Quitte à créer une guerre commerciale, et malgré le tollé international et les possibles mesures de rétorsion brandies par certains pays et industriels européens.
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Mis à jour
02 mars 2018
Donald Trump persiste et signe. Le président américain n'a pas voulu lâcher prise, vendredi 2 mars, en déclarant que les guerres commerciales étaient saines et pouvaient être remportées. Depuis la veille, il a suscité un tollé international et des turbulences sur les marchés en faisant part de son projet d'imposer, dès la semaine prochaine, des droits de douane de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, afin de défendre l'industrie métallurgique américaine.
"Nous devons protéger notre pays et nos travailleurs. Notre industrie sidérurgique est en mauvaise posture. SI VOUS N'AVEZ PAS D'ACIER, VOUS N'AVEZ PLUS DE PAYS", a-t-il écrit ce vendredi sur son compte Facebook. Précisant sur twitter : "Quand un pays (les Etats-Unis) perd des milliards de dollars en commerçant avec pratiquement tous les pays avec lesquels il fait des affaires, les guerres commerciales sont justifiées et faciles à remporter."
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Des droits de douane "inacceptables" selon la France
L'Union européenne a évoqué de possibles contre-mesures, et la France estimé que les droits de douane seraient inacceptables. Pékin a appelé le président américain à la modération tandis que le Canada, principal fournisseur d'acier et d'aluminium des Etats-Unis, s'est dit prêt à des représailles si les mesures annoncées devaient l'affecter.
La perspective de mesures de rétorsion par le Canada, la Chine ou l'Europe a fait plonger les Bourses mondiales qui s'acheminaient vers une baisse de l'ordre de 2,5% sur la semaine. "C'est une réelle inquiétude parce que l'Europe est une économie mondialisée ouverte et ce n'est donc pas seulement les Etats-Unis contre la Chine", a dit Ian Ormiston, gérant sur les actions européennes chez Old Mutual Global Investors. "Et il y aura des représailles, il n'y a pas d'alternative."
Le secteur privé pourrait ne pas être en reste. Le fabricant suédois d'électroménager Electrolux a annoncé le gel d'un projet d'investissement de 250 millions de dollars aux Etats-Unis dans l'attente d'éclaircissements sur les projets de Washington.
La Commission européenne a qualifié les droits de douane envisagés d'intervention flagrante équivalente à du protectionnisme. Son président Jean-Claude Juncker a déclaré que l'UE, qui se targue de pouvoir faire contrepoids aux visées protectionnistes de Donald Trump, n'aurait pas d'autre choix que de répondre de la même manière si les Etats-Unis instauraient effectivement ces tarifs douaniers sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance d'Europe. "Nous allons mettre des barrières douanières sur les Harley-Davidson, sur le bourbon et sur les jeans Levis", a déclaré Jean-Claude Juncker à la télévision publique allemande.
Déjà un précédent en 2002
Des mesures de sauvegarde, à l'instar de celles décidées par l'UE en 2002 après la décision du président américain de l'époque George W. Bush d'imposer des droits de douanes sur les importations d'acier, pourraient être adoptées afin d'éviter que l'acier et l'aluminium ne viennent se déverser en Europe en l'absence de débouchés aux Etats-Unis.
L'UE envisage d'appliquer des tarifs douaniers de 25% sur environ 3,5 milliards de dollars (2,8 milliards d'euros) d'importations en provenance des Etats-Unis si Donald Trump met à exécution son projet d'imposer des droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium, ont dit des sources de l'Union européenne au fait du dossier.
Une initiative américaine contre-productive?
De nombreux économistes estiment que des droits de douane sur l'acier et l'aluminium détruiraient plus d'emplois qu'ils n'en créeraient en raison des hausses de prix qu'ils provoqueraient sur de nombreux produits comme les voitures ou le pétrole, ce qui pénaliserait la consommation, principal moteur de l'économie américaine.
Le Fonds monétaire international a abondé dans ce sens en déclarant que "les restrictions aux importations annoncées par le président des Etats-Unis vont probablement nuire non seulement à l'extérieur des Etats-Unis mais aussi à l'économie américaine elle-même".
L'acier est une des préoccupations majeures de l'hôte de la Maison blanche, qui a promis de remettre sur pied l'industrie américaine et de sanctionner ce qu'il considère comme des pratiques commerciales déloyales, notamment de la part de la Chine. Bien que la Chine ne représente que 2% des importations américaines d'acier, son expansion industrielle massive a contribué à une production d'acier surabondante au niveau mondial qui a fait reculer les prix.
ArcelorMittal, le premier sidérurgiste mondial avec d'importantes implantations aux Etats-Unis comme en Europe et premier producteur d'acier en France, a dit qu'il examinait les conséquences potentielles des mesures annoncées tout en déclarant que les gouvernements avaient raison d'adopter une attitude ferme contre le commerce inéquitable. Chez les industriels français, seraient aussi concernés Vallourec qui fabrique des tubes à partir de cet alliage et Eramet qui produit du nickel et du manganèse, entrant dans la composition de l'acier.
avec Reuters
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