Trottinette électrique : la batterie sodium-ion a sa première application
Tiamat et easyLi se sont associées pour fabriquer une trottinette électrique fonctionnant grâce à une batterie sodium-ion. Une première mondiale riche en enseignements, en vue d'une industrialisation future pour d'autres applications ayant des besoins de puissance dans la mobilité ou le stockage résidentiel stationnaire.
Tiamat et easyLi ont profité de l’inauguration du hub de l’énergie à Amiens, le 14 mai dernier, pour présenter le premier produit fonctionnant avec une batterie sodium-ion : une trottinette électrique. « C'est une première application concrète qui sort vraiment du laboratoire », relève François Barsacq, dirigeant d’easyLi. Pourquoi une trottinette ? « Nous cherchions à faire quelque chose de simple pour tester le sodium-ion en vraie grandeur et avoir un retour d’expérience rapide », poursuit-t-il. Créée en 2011, sa société est à la base spécialisée dans l’intégration de cellules lithium-ion pour en faire des solutions de stockage. Elle s’est cette fois essayée aux cellules sodium-ion développées par Tiamat, startup créée à l’initiative du CNRS et du CEA.
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Les comportements électriques en charge et en décharge différent entre des cellules sodium-ion et lithium-ion. Pour tirer tous les avantages d’une technologie ou de l’autre, l’assemblage des cellules pour former la batterie nécessite une électronique de gestion adaptée. « Nous avons travaillé sur cette dimension électronique pour créer cette batterie sodium-ion, indique M. Barsacq. Il s’agit à la fois de l’aspect matériel, mais aussi des algorithmes de gestion qui diffèrent de ceux de la technologie lithium-ion. » Ces travaux sont toujours en cours, tout comme d’autres portant sur le processus d’industrialisation.
Le sprint plutôt que l’endurance
Si un atelier de prototypage est installé dans le hub de l’énergie à Amiens, Tiamat souhaite aujourd’hui industrialiser sa technologie sodium-ion. Pour cela, elle a un avantage : « Tiamat a travaillé sur des architectures de batterie transposables entre des lignes de fabrication lithium-ion aujourd'hui et des lignes de fabrication sodium-ion demain, remarque M. Barsacq. Le savoir-faire et les équipements sont les mêmes. Donc nous savons que cette technologie est industrialisable. »
Capable de se charger et de se décharger plus vite qu’une batterie lithium-ion, la batterie sodium-ion est une solution dite de puissance. Toutefois, elle n’atteint pas les performances du lithium en termes de densité d’énergie stockée. La batterie au sodium est donc adaptée à des applications qui nécessitent beaucoup d’énergie rapidement, plutôt qu’un besoin constant dans la longueur. « Nous imaginons des applications de mobilité comme des vélos partagés à assistance électrique ou des bus qui se rechargeraient à chaque arrêt, énumère François Barsacq. Dans le résidentiel, elles pourraient également être utilisées comme stockage de puissance décentralisé au niveau de chaque maison pour pouvoir stabiliser le réseau. » Un éventail d’applications reste donc à inventer pour cette technologie naissante, qui utilise un matériau plus abondant que le lithium et disponible partout sur la planète.