Troisième mois consécutif de recul des ventes automobiles
par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Une intense bataille commerciale s'annonce au second semestre sur le marché automobile français après trois mois consécutifs d'immatriculations en berne, une situation toujours imputable en juin à la fin des primes à la casse.
Les immatriculations de voitures neuves en France ont reculé le mois dernier de 12,6% à 210.236 unités, a annoncé vendredi le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). A nombre de jours ouvrables comparables - juin a compté 20 jours ouvrables contre 22 en juin 2010 - la baisse ressort à 3,9%.
Sur l'ensemble du premier semestre, les ventes restent en légère hausse, de 1,0% en données brutes et de 0,2% à nombre de jours ouvrables comparables, héritage du coup de fouet des livraisons au premier trimestre des dernières voitures commandées avant la fin des aides publiques anti-crise.
"Le marché a très bien résisté au premier semestre, mais le contrecoup de l'arrêt de la prime à la casse se fera sentir surtout au second semestre", commente Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem de l'automobile.
"On voit bien que dans les prises de commandes, les ventes aux particuliers baissent sensiblement. Nous assisterons donc sans doute à une bataille commerciale plus intense sur la deuxième partie de l'année pour maintenir les parts de marché."
Il en veut pour preuve la récente offre de Renault, qui propose pendant deux mois une Twingo essence à moins de 7.000 euros moyennant la reprise d'un ancien véhicule, soit au total une remise de 30% environ.
Dans l'Hexagone, Chevrolet (groupe General Motors) a aussi tenté de relayer l'effet des aides publiques avec en juin plusieurs tarifs réduits par une "prime à la casse Chevrolet".
PROBLÈMES D'APPROVISIONNEMENT SUR LES MOTEURS RENAULT
S'ils s'accaparent toujours au premier semestre les huit premières places du classement des voitures les plus vendues en France - avec en tête les Peugeot 207/206+, suivies des Renault Clio et Mégane - les deux constructeurs français ont davantage souffert en juin que leurs concurrents étrangers.
PSA Peugeot Citroën et Renault, dont les petits modèles ont le plus profité des primes à la casse, ont vu leurs immatriculations baisser de 17,9% le mois dernier, contre - 5,1% pour les constructeurs étrangers.
La baisse a été amplifiée par les problèmes d'approvisionnement que rencontre toujours Renault (-29,3% en juin contre -8,2% pour PSA) sur ses petits moteurs diesel fabriqués en Espagne.
La filière des équipementiers, ébranlée par la crise, peine à accroître ses capacités pour livrer le groupe sur certains composants, des difficultés antérieures à la catastrophe de mars au Japon. La Clio et le Duster, le 4X4 de Dacia, sont particulièrement pénalisés.
La marque low cost de Renault (-44%) est également affectée par la chute de la demande pour la citadine Sandero depuis l'arrêt du bonus GPL.
"On continue de grignoter l'avance acquise au début de l'année avec les aides publiques, mais sinon c'est un bon mois", a résumé le porte-parole du CCFA. Selon lui, l'évolution en juin est cohérente avec l'estimation du Comité d'une baisse de 8% du marché français sur l'ensemble de 2011.
Dernier mois avant la grande coupure des vacances estivales, juin marque un ralentissement de la baisse du marché puisque le repli avait été de 8,3% à données comparables en mai.
Sur le marché des utilitaires, les ventes de véhicules légers se sont tassées de 10,1% en données brutes, tandis que le rebond des véhicules industriels s'est poursuivi avec une hausse de 36,7%.
Edité par Dominique Rodriguez