Trois questions sur Vale et la rupture de son barrage minier au Brésil

Le 25 janvier, un barrage minier de l'entreprise Vale a rompu au Brésil, provoquant une gigantesque coulée de boue et la mort d'au moins 58 personnes. Cette catastrophe intervient seulement trois ans après un accident du même type à Samarco, dans le même État. Le bilan humain et environnemental de la tragédie va peser sur les finances de la troisième compagnie minière au monde. 

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Trois questions sur Vale et la rupture de son barrage minier au Brésil
Un barrage minier de l'entreprise Vale a rompu à Brumadinho, dans l’État du Minas Gerais, dans la région sud-est du pays.

La compagnie minière Vale est impliquée dans une nouvelle catastrophe au Brésil. Vendredi 25 janvier, une digue minière a cédé à Brumadinho, dans l’État du Minas Gerais, dans la région sud-est du pays. Selon un bilan provisoire revu le 27 janvier, l’accident a déjà provoqué la mort de 58 personnes et la disparition de 305 autres. Les victimes sont principalement des salariés de l’entreprise.

L’accident s’est déroulé au complexe minier de Córrego do Feijão, où l'on compte trois barrages bordant les parcs à résidus. L’un d’entre eux a rompu pour une raison inconnue. Construit en 1976, il avait une hauteur de 86 mètres et contenait 11,7 millions de litres d’eau et de déchets miniers (terres dont le minerai a déjà été extrait). Sa rupture a provoqué une importante coulée de boue qui a balayé les habitations, les infrastructures et la végétation alentour.

À cette catastrophe s’ajoute la menace d’effondrement d’un deuxième barrage du site. Dimanche 27 janvier, des sirènes d’alerte ont retenti dans la région pour avertir les populations locales de ce risque. Le niveau de vigilance a ensuite été abaissé la même journée. Les 3000 personnes évacuées ont pu regagner leur domicile.

Quels sont les premiers effets pour Vale?

À la suite de l’accident de Brumadinho, la justice a déjà bloqué 3 milliards de dollars (soit 11 milliards de réais) sur les comptes de la compagnie minière pour les réparations des dégâts humains et environnementaux. Le 25 janvier, le soir même de la tragédie, 1 milliard de réais ont été bloqués pour un usage non précisé ; 5 milliards de réais ont été gelés le 26 janvier pour les dégâts environnementaux générés par la coulée d’eau boueuse et de déchets miniers ; 5 milliards de réais ont enfin été saisis pour l’indemnisation des victimes.

Ces 3 milliards de dollars bloqués par la justice brésilienne s’ajoutent à deux amendes de 66 millions de dollars (250 millions de réais) et 26 millions de dollars (99 millions de réais). Vale devra par ailleurs assurer l’hébergement des personnes qui ont perdu leur maison et une assistance médicale et psychologique aux victimes.

En Bourse, les ennuis ne font que débuter. Le titre de Vale a chuté de 8% à Wall Street. À l’ouverture de la Bourse de Sao Paulo le 28 janvier, les actions Vale ont dégringolé de 20%.

Pourquoi le barrage de Brumadinho était-il controversé?

En décembre 2018, le barrage de Brumadinho a fait l’objet d’une autorisation d’extension. Celle-ci a néanmoins été donnée contre l’avis des populations locales et de l’Ibama, l’agence environnementale brésilienne. Pour justifier sa position, l’Ibama avait évoqué une catastrophe similaire en 2015 qui impliquait déjà le géant minier.

Cet accident intervient aussi dans un contexte particulier au Brésil. Le nouveau président, Jair Bolsonaro, a été investi le 1er janvier 2019. Élu en octobre 2018, il avait notamment gagné l’adhésion du secteur industriel en promettant un assouplissement de la réglementation minière pour attirer les investissements.

Est-ce le premier accident pour Vale?

Vale est déjà impliqué dans la rupture d’un barrage minier à Bento Rodrigues en novembre 2015, dans le même État brésilien. L’entreprise était propriétaire de l’installation avec le groupe anglo-australien BHP via la coentreprise Samarco. L’accident avait alors provoqué 19 morts et une gigantesque coulée de boue de 650 kilomètres qui a traversé le fleuve Rio Doce avant d’atteindre l’océan Atlantique.

"La tragédie environnementale devrait être moindre que celle de 2015, mais la tragédie humaine bien plus importante", a déclaré lors d’une conférence de presse Fabio Schvartsman, PDG de Vale. La rupture du barrage de Samarco est souvent décrite comme la pire catastrophe environnementale vécue par le Brésil.

En 2016, un rapport d’enquête sur les causes de la rupture du barrage avait dénoncé une accumulation d’erreurs d’exploitation sur le site. En juillet 2018, un accord entre BHP, Vale et le gouvernement brésilien prévoyait des réparations à hauteur de 41,2 milliards de dollars (155 milliards de reais). Un compromis qui a permis aux entreprises d’éviter le procès mais qui pèse tout de même sur leurs finances.

À sa fondation en 1942, Vale était une entreprise publique. Privatisée en 1997, elle est devenue la troisième compagnie minière mondiale avec 76 500 salariés et une présence dans 30 pays, dont la France avec des activités ans le nickel en Nouvelle-Calédonie.

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