Trois ingénieurs français en quête de vitesse avec un bateau innovant tracté par une aile
L’aventure a commencé sur les bancs d’une école d’ingénieurs et pourrait se finir dans un livre des records. Avec un bateau tiré par une aile, l’entreprise SP80 espère battre le record du monde de vitesse à la voile.
Naviguer sans moteur, ce n’est pas un retour vers le passé. SP80 le prouve avec son projet innovant de bateau tracté par une aile à la façon d’un kitesurf. Installée à Morges (Suisse), cette jeune entreprise créée par trois ingénieurs français espère battre le record du monde de vitesse en bateau à voile.
Des applications dans le transport maritime et l’énergie
Les cofondateurs viennent tous de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) : Xavier Lepercq, un ingénieur mécanique passé par Thales Alenia Space ; Mayeul van den Broek, un spécialiste de la dynamique des fluides ; et Benoît Gaudiot, kitesurfeur et pilote d’essai pour SP80 en plus de son parcours à l’EPFL. Leur entreprise maintient encore des liens avec l’EPFL puisqu’une association de l’école prête main forte au projet.
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L’objectif de SP80 : construire un bateau à voile capable d’atteindre 150 km/h (ou 80 noeuds) uniquement grâce à la force du vent. Une telle vitesse leur permettrait de battre le record mondial, détenu par le marin australien Paul Larsen depuis 2012 avec une performance de 121 km/h (65,45 noeuds). “En établissant un nouveau record, nous voulons faire la démonstration d'un nouvel ensemble d'outils avec des applications dans le transport maritime rapide, la navigation en haute mer ou la production d'énergie”, assure SP80 sur son site.
Des foils “superventilants”
Avec sept mètres de longueur, le bateau pèse seulement 150 kilos. Il est tiré par une grande aile dont la taille peut varier de 20 à 50 mètres carrés. Pour atteindre des vitesses prodigieuses, SP80 utilise des foils : des profils immergés qui surélèvent la coque. Ils diffèrent toutefois de ceux qu’on peut voir sur les navires du Vendée Globe.
“Les profils hydrodynamiques classiques en forme de goutte d’eau ont tendance à caviter aux alentours de 50 nœuds (95 km/h) : à ces vitesses, la baisse de pression est si forte que l’eau se met à bouillir sur l’extrados du profil. Ces bulles de vapeur engendrent instabilité, traînée et vibration, phénomènes freinant l’accélération jusqu’ à 150 km/h”, peut-on lire sur le site de SP80 (voir une vidéo explicative ci-dessous).
Les équipes de l’entreprise ont donc développé des foils superventilants. “En forme de triangle, ce type de profil permet à l’air issu de l’atmosphère de s’engouffrer du côté de l’extrados happé par la dépression, formant ainsi une grande bulle d’air stable qui va empêcher la cavitation de se former : on dit que le profil ventile”, poursuit SP80.
En 2021, l’équipe souhaite tester un prototype de quatre mètres pour valider ces concepts (voir vidéo ci-dessous). SP80 espère ensuite battre le record du monde en 2022, dans le sud de la France. D'autres projets similaires existent en France. À Marseille (Bouches-du-Rhône), Syroco développe également un bateau à grande vitesse tiré par un kite. Une équipe franco-américaine travaille également à la rénovation de l'Hydroptère, un "trimaran volant" qui avait battu le record convoité par SP80 en 2009 et développé entre autres par Alain Thébault, l'architecte des SeaBubbles.
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