[Tribune] Sécurité industrielle, comment s'approcher du risque zéro ?

Philippe Billet est directeur général France et Europe du Sud et vice-président d'Ascom, une plateforme de gestion des flux d’informations et des terminaux mobiles pour assurer la sécurité des travailleurs isolés. Selon lui, le risque zéro en sécurité industrielle n'est pas atteignable, mais il existe des solutions intelligentes pour s'en approcher.

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[Tribune] Sécurité industrielle, comment s'approcher du risque zéro ?

Si le risque zéro pouvait encore se concevoir il y a quelques années, aujourd’hui, il n’est plus envisageable. Le facteur humain est considéré comme facteur essentiel des incidents de production. Mettre en place une politique de sécurité, c’est limiter l’impact financier des accidents en mettant à contribution à la fois la direction et les salariés.

Les grands groupes industriels comme ceux des PME ont compris l’importance et l’intérêt d’investir dans la sécurité. Ils savent qu’un accident ou une catastrophe peuvent signifier la faillite de l’entreprise. Le risque est un véritable enjeu financier qui coûte de plus en plus cher: selon le 5e baromètre de la gestion des accidents du travail/maladies professionnelles 2019, le coût moyen forfaitaire des risques professionnels a crû de 3,7 % sur 2018, particulièrement dans le secteur industriel. Aujourd’hui, l’amélioration de la sécurité repose sur l’interaction des trois facteurs (technique, humain, organisationnel) ce qui rend sa gestion complexe. Les industriels doivent mesurer si cette recherche de réduction de risque est rentable, voire juste acceptable financièrement.

Appliquer la loi pour améliorer la culture de sécurité oui, mais…

Protéger les salariés dans l’entreprise reste un devoir prioritaire de l’équipe dirigeante. Être protégé dans l’entreprise est un droit élémentaire reconnu par la Loi qui engage la responsabilité pénale du chef d’entreprise. La loi oblige les industries à se conformer à cette sécurité aujourd’hui très normalisée. Les risques et les responsabilités sont encadrés par la loi. Je ne peux pourtant pas m’empêcher de remarquer un certain flou dans les textes de loi. Il est énoncé, par exemple, que "le travailleur isolé est une personne qui effectue un travail hors de vue ou de voix et qui ne peut être secouru dans des délais courts en cas d’accident". Si le chef d’entreprise est responsable en cas d’incident, les moyens et les équipements qu’il doit mettre en place afin de limiter les accidents ne sont pas précisés. Il n’est pas guidé et cela reste vague. Les normes ne suffisent pas et c’est pourquoi une entreprise doit s’entourer de professionnels pour gérer cette complexité : selon le rapport de l’association internationale de la sécurité sociale (AISS), les entreprises peuvent espérer un retour potentiel de 2,20€ pour chaque euro investi dans la sécurité. Il s’agit d’un facteur de réussite pour l’entreprise… Encore faut-il que l’investissement soit pertinent.

Le facteur humain, clé majeure de la sécurité : la problématique de la réactivité

En marge de la législation, la culture de sécurité doit être impulsée par la direction qui doit mettre en place une communication fluide et intelligente entre tous les acteurs de l’entreprise pour permettre une meilleure réactivité lors d’incidents. Parce que le facteur humain reste le facteur essentiel du risque, la sécurité ne sera jamais une science infaillible.

Depuis 20 ans, la problématique de sécurité dans l’industrie repose sur la réactivité, pièce maîtresse de la culture de sécurité industrielle. En améliorant la réactivité des équipes face à un accident, on peut réduire significativement son impact. Améliorer cette réactivité, c’est mettre à disposition un équipement performant et fiable qui permettra aux salariés d’alerter immédiatement et efficacement d’abord - on parle notamment des dispositifs PTI (Protection du Travailleur Isolé) et DATI (Dispositif d’Alarme pour Travailleur Isolé) - mais surtout mettre à contribution l’utilisateur.

Quand une alarme intervient, le procédé de traitement de l’information doit être connu et assimilé : l’utilisateur doit être impérativement formé car en cas d‘accident chaque minute compte ! Le salarié doit accepter les nouvelles contraintes et comprendre qu’il ne s’agit pas d’une réduction de sa liberté ou de son indépendance. C’est d’autant plus important que le travailleur n’est pas toujours conscient du danger qu’il coure, l’activité du site industriel nécessitant parfois la culture du secret.

Si la réactivité a toujours été un enjeu, elle est aujourd’hui aidée par des technologies de plus en plus développées, comme l’apparition des objets connectés. Les montres connectées, par exemple, n’en sont qu’à leurs débuts. Dans leur forme actuelle, elles ne pourraient pas servir dans l’industrie, car trop fragiles, et leur prix rend une mise en place à grande échelle impossible. Cette nouvelle technologie s’affinera donc d’abord pour le grand public puis se déclinera pour l’industrie. D’ici cinq ans, nous assisterons à un bond technologique pour nous approcher encore plus du "risque zéro".

Philippe Billet, vice-président d'Ascom, plateforme de gestion des flux d’informations et des terminaux mobiles pour assurer la sécurité des travailleurs isolés

Les avis d'experts sont écrits sous l'entière responsabilité de leurs auteurs et n'engagent en rien la rédaction de L'Usine Nouvelle.

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