[Tribune] Pourquoi l’industrie doit miser sur les renouvelables et l’hydrogène vert
L’utilisation des énergies renouvelables, soit directement soit par le biais de la production d’hydrogène ou d’ammoniac "verts", sont des moyens crédibles pour aider l’industrie à réduire ses émissions de gaz effet de serre, selon Cédric Philibert, analyste à l’Agence internationale de l’Energie.
Réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’industrie est l’un des défis les plus redoutables de la transition énergétique. L’usage des combustibles fossiles dans la production de ciment, de fer et d’acier, et de produits chimiques, entraînant des émissions de combustion, est particulièrement problématique. L’utilisation accrue des renouvelables est l’un des moyens de réduire les émissions de CO2 de l’industrie. Cette option est examinée en détail dans un nouveau rapport de l’Agence International de l’énergie, Renewable Energy for Industry.
La récente et rapide réduction des coûts du solaire photovoltaïque et de l’électricité éolienne peuvent en effet favoriser des moyens nouveaux de verdir l’industrie, soit directement par électrification ou au travers de la production de combustibles et de matières premières riches en hydrogène. De plus, l’électrification peut offrir un surcroît de flexibilité pour mieux intégrer de larges parts de renouvelables variables dans les réseaux électriques.
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Des produits riches en hydrogène à partir d’EnR
Certaines régions sont particulièrement riches en ressources renouvelables bon marché, telles que l’Australie, la corne de l’Afrique, l’Afrique du sud, l’Afrique du Nord, le nord du Chile, le sud du Pérou et la Patagonie, ainsi que plusieurs régions en Chine et dans les grandes plaines des Etats-Unis d’Amériques. Les combustibles et produits riches en hydrogènes pourraient être produits dans ces régions et expédiées par bateau vers les grands centres de consommation, créant un nouveau type de commerce énergétique international.
Au-delà de la production pour les usages industriels actuels, l’hydrogène et l’ammoniac “verts” pourraient aussi réduire les émissions de CO2 de la sidérurgie. L’hydrogène et l’ammoniac pourraient servir de vecteurs énergétiques pour d’autres usages, notamment les fours industriels et les centrales électriques d’équilibrage. Des carburants alternatifs utilisables en l’état et nombre de produits chimiques pourraient également être produits en associant de l’hydrogène vert à du gaz carbonique capturé dans les fumées ou dans l’air ambiant.
Penser à la chaleur renouvelable
Pour déployer ces applications nouvelles de l’électricité éolienne et solaire aux niveaux actuels de production industrielle, il faudrait ajouter plusieurs térawatts (millions de mégawats) de capacités éolienne et solaire à celles qui ont déjà été incluses dans les scenarios à long terme d’atténuation des changements climatiques de l’AIE.
Au total, une combinaison d’électrification directe de certains procédés et l’utilisation de combustibles et de produits chimiques stockables fabriqués avec de l’hydrogène pourrait permettrait d’augmenter l’utilisation des énergies renouvelables dans l’industrie. Le rapport de l'IEA étudie aussi l’utilisation directe de la chaleur renouvelable, et notamment celle de la chaleur solaire dans les industries d’extraction.
Reste à définir les politiques et mesures qui pourraient promouvoir ces nouveaux usages des énergies renouvelables par l’industrie et éviter les distorsions de concurrence. Dans tous les cas, les grands acheteurs publics et privés pourraient dans les prochaines années jouer un rôle clé en facilitant le développement et le déploiement de procédés industriels plus propres basés sur les énergies renouvelables.
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