Chaque initiative concernant le recyclage est indispensable pour limiter au maximum notre impact et la quantité de déchets que nous produisons. En se concentrant essentiellement sur le recyclage, le gouvernement réduit l’émergence d’approches innovantes et complémentaires. A l’exception de matériaux comme l’aluminium, l’acier ou le verre, le recyclage des emballages ne s’inscrit pas entièrement dans une logique d’économie circulaire car beaucoup ne sont pas recyclables. C’est le cas des emballages souples en plastique, qui posent le plus de problèmes environnementaux. Or le recyclage organique des emballages compostables, comme défini par le Parlement européen*, peut répondre à cette problématique.
Le sujet de la diminution du plastique n'avance ni assez vite, ni assez loin
La loi sur l’économie circulaire reste à venir et crée de grandes attentes, laissant à penser qu’il restera beaucoup à faire pour optimiser le pourcentage de déchets recyclés et développer les filières de solutions parallèles. Les récents signaux du législateur paraissent eux aussi timides, les interdictions des objets en plastique à usage unique ayant été récemment limitées voire pour certaines repoussées par les sénateurs. Un amendement visant à allonger leur liste n’a par exemple pas été retenu dans le cadre d’une nouvelle lecture de la loi Pacte devant l’Assemblée nationale.
Côté entreprises, les freins « prix » et « faisabilité » pour trouver des solutions alternatives se heurtent aux exigences croissantes des consommateurs. L’inaction impacte l’image des marques. Certaines deviennent donc vocales à propos de leur engagement, comme avec le très médiatisé Pacte national sur les emballages plastiques, signé le 21 février par de grands groupes, la secrétaire d'État, Brune Poirson, WWF et la Fondation Tara. Les 13 entreprises concernées, à l’origine d’au moins la moitié du volume d'emballages plastiques utilisés en France, s'engagent à atteindre 60% d'emballages en plastiques recyclés en 2022, contre 26% actuellement. Pour autant, ce pacte, reposant sur une approche volontariste des quantités d’emballages plastiques jetables utilisés, ne résout pas tous les problèmes, entre autres parce que la question de la contrainte ne se pose pas.
Oui, imaginer des solutions complémentaires au recyclage complexifie le sujet. Mais le recyclage comme seule solution ne sera pas suffisant. Au même titre que celle du recyclage en son temps, mettre en place la filière du compostage, par exemple, coûtera cher. Mais attendre ne fait que repousser l’inévitable et coûtera à terme encore plus cher. L’emballage compostable est une solution pertinente, avec une valorisation agronomique ou énergétique. Et les applications existent.
L’emballage compostable est une alternative viable
Ce qui manque, c’est un travail de fond sur la normalisation et la reconnaissance de ces solutions par tous les acteurs de la chaîne. Des labels sont là, aussi bien pour le compost domestique qu’industriel, mais la réglementation a besoin d’être éclaircie pour rassurer les acteurs - des marques qui adoptent les solutions jusqu’aux centres de retraitement. Aujourd’hui, un emballage compostable jeté dans les déchets ménagers est identifié comme un emballage plastique classique, « indésirable » dans le process de décomposition des déchets organiques. Et s’il est jeté dans la poubelle jaune de tri sélectif, ce qui n’est pas son objet, il est aussi jugé comme perturbateur du recyclage des emballages plastiques.
La solution passera peut-être par des acteurs intermédiaires, comme l’entreprise Les Alchimistes qui se charge de la collecte et du compost en circuit court. Elle viendra aussi de la demande croissante des citoyens pour un traitement des déchets plus en phase avec leurs aspirations. Le chemin est encore long, pour autant le sujet de la légitimité de l’emballage compostable devient un sujet sur lequel il est urgent de s’accorder pour permettre d’identifier les solutions légitimes afin que demain la combinaison « recyclage et compostage » permette la prise en charge de la quasi-totalité des déchets.
Par Daphna Nissenbaum, co-fondatrice et directrice générale de TIPA
Tipa est une société innovante qui offre une alternative aux emballages souples pour les denrées alimentaires et produits non alimentaires. Les emballages sont entièrement compostables et possèdent les mêmes propriétés mécaniques qu’un plastique ordinaire. Daphna Nissenbaum sera présente le 10 avril 2019 sur le salon Produrable à Paris à l’occasion d’une conférence sur les alternatives au plastique dans l’industrie du packaging.
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Avec Tipa, Waitrose choisit une peau compostable pour ses bananes
La chaîne de supermarchés britannique Waitrose vient d'annoncer avoir choisi les emballages de Tipa pour protéger les bananes bio vendues dans ses 353 magasins. Le sixième distributeur alimentaire au Royaume-Uni estime à 18 tonnes annuelles l'économie de plastique réalisée sur ce seul produit. La jeune entreprise israélienne, spécialisée dans les emballages compostables (à domicile ou en installation industrielle), avait déjà convaincu EkoPlaza aux Pays-Bas, qui recourt à ses emballages pour son rayon 100% sans plastique. M.D.