Traqueuse de cellules souches

La dixième promotion du Prix des Ingénieurs de l'Année, organisée par les rédactions d'Industrie & Technologies et de L'Usine Nouvelle, a été dévoilée le soir du 4 décembre à Paris au cours d'une soirée exceptionnelle. Chaque année ce trophée valorise la profession d'ingénieur en révélant des parcours et des réalisations remarquables dans tous les secteurs d'activité. Découvrez ci-dessous Fanny Chapelin, lauréate du Prix pour la science.

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Traqueuse de cellules souches

Officiellement, Fanny Chapelin est “assistante de recherche”. Mais son rôle au département radiologie de la Stanford school of medecine, à l’université de Stanford (États-Unis), va bien au-delà. Grâce à sa nouvelle méthode de marquage de cellules souches in vivo, des implants pourront être surveillés par IRM. Le résultat d’un parcours éclair. Dans la foulée de son stage de fin d’études – elle est diplômée de l’université technologique de Compiègne (UTC) depuis juillet 2012 – elle est embauchée par le laboratoire américain. Où elle remplace d’emblée le "post-doc" qui avait supervisé son stage. Et elle poursuit son sujet de recherche, qui doit déboucher dès l’an prochain sur des essais cliniques ! Ce début fulgurant en dit long sur la confiance qu’inspirent les compétences et la volonté de la jeune ingénieur de 25 ans. «J’avais fait un stage de mi-étude chez Guerbet, le fabriquant de produits de contraste. Ce sont eux qui m’ont recommandée auprès du département de radiologie à Stanford», se souvient Fanny Chapelin. Son domaine, ce sont les cellules souches qui entrent dans de nouvelles méthodes de réparation d’organes. Et particulièrement le marquage de ces cellules, afin de pouvoir les visualiser par IRM et observer leur devenir après implantation chez un patient.

Les autres nommés

Alain Gleyzes, pour son projet d’observation optique à haute résolution au Cnes

Pierre Védrine, pour ses travaux sur l’aimant toroïdal central du détecteur Atlas au CEA

 

Jusqu’à maintenant, la procédure était assez lourde, puisqu’il fallait extraire les cellules (de la moelle osseuse, par exemple), les marquer in vitro en recourant à des produits potentiellement dangereux, avant de les transplanter. La jeune chercheuse a trouvé une méthode qui marque directement les cellules souches dans le corps du patient, avant même leur extraction, via une injection intraveineuse. Et qui se passe des agents dangereux. L’efficacité de la méthode a été testée sur des implants osseux. Résultats : moins de manipulation des cellules, moins de risques, et un suivi par IRM possible jusqu’à au moins quatre semaines (au lieu de quinze jours avec la méthode actuelle). Ces résultats ont été présentés lors de plusieurs conférences internationales, comme le Congrès mondial d’imagerie moléculaire (WMIC Meeting 2013 Savannah), ou à l’Association nord-américaine de radiologie (RSNA 2013 Chicago)... Ils ont aussi donné lieu à une publication en juillet 2013 et à un dépôt de brevet. Enfin, une étude clinique est programmée début 2014.

L’ingénieur qu’elle admire

Paul Lauterbur, prix Nobel de médecine 2003, l’une des personnes clés dans le développement de l’imagerie IRM qui a révolutionné les possibilités de diagnostic et de traitement.

 

Dès son cursus à l’UTC, Fanny Chapelin avait clairement orienté sa carrière, en s’inscrivant au département génie biologique. L’occasion de découvrir les équipements d’imagerie médicale, mais également la manipulation des cellules souches. Néanmoins, sa vocation vient de plus loin : "Déjà petite, je voulais guérir toutes les maladies !", se souvient-elle. Pour réussir aussi vite son aventure aux États- Unis, sa facilité d’adaptation a dû beaucoup l’aider. Elle a passé la moitié de sa vie en Chine, où ses parents vivent toujours. «Je n’avais pas peur de partir hors de France», affirme-t-elle. Tout en reconnaissant que le contexte facilite l’adaptation. «Dans ce laboratoire de Stanford, il n’y a qu’un seul chercheur américain. Le reste de l’équipe est constitué d’Indiens, d’Allemands, de Pakistanais… Il y a beaucoup d’entraide et une grande cohésion», souligne la Française. Sans oublier les moyens mis à la disposition des chercheurs du laboratoire. Avoir un équipement IRM en propre pour faire ses essais, voilà qui doit faire rêver beaucoup de chercheurs français...

Après ces débuts très encourageants, Fanny Chapelin veut continuer dans la recherche. Pas comme assistante : il n’est pas sûr que tous les patrons de laboratoires lui confient des responsabilités aussi intéressantes ! C’est pourquoi elle est candidate au programme de thèses de Stanford, candidature sur laquelle, affirme-t-elle, ce prix des ingénieurs de l’année aura une influence très favorable.

Thierry Lucas

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