Transition énergétique : le coup de gueule des chimistes

L’industrie chimique s’alarme de la hausse du coût de l’énergie en France. Philippe Goebel, le président de l’Union des industries chimiques, interpelle les pouvoirs publics.

Partager
Transition énergétique : le coup de gueule des chimistes

Il réfute l’expression "coup de gueule". Tout en retenue, Philippe Goebel préfère parler de "vraie préoccupation". Alors que le gouvernement est en train de mener le débat national sur la transition énergétique, le président de l’Union des industries chimiques (UIC) s’inquiète de voir la compétitivité des usines chimiques perdre de plus en plus de terrain. Dans son viseur : un prix de l’énergie de plus en plus élevé en France qui plombe les coûts de production des industriels électro-intensifs que sont les chimistes.

"Si la situation énergétique actuelle devait perdurer sans changements, alors oui, cela constituerait une véritable menace à terme pour l’industrie chimique en France", prévient Philippe Goebel. Une inquiétude d’autant plus vive que le secteur résiste à la crise essentiellement grâce aux exportations, pour lesquelles le coût énergétique est un facteur majeur.

Le chiffre d’affaires à l’exportation des chimistes s’est élevé en 2012 à 55 milliards d’euros, soit 62% du chiffre d’affaires total du secteur. De quoi maintenir une balance commerciale positive : + 4,4 milliards d’euros l’an dernier, au même niveau que 2011. Malgré l’atonie de la demande intérieure, l’industrie chimique est parvenue en 2012 à assurer un niveau de production quasi identique à celui, record, d’avant crise. Mais pour combien de temps encore ?

Un prix de l’électricité 30% plus élevé

"Nous sommes confrontés à deux changements majeurs qui sont apparus il y a moins de deux ans, précise Philippe Goebel. L’exploitation du gaz de schiste aux Etats-Unis, qui leur donne accès à un gaz moins cher qu’en Europe, et les mesures prises par le gouvernement allemand pour soutenir les industriels électro-intensifs." Autrement dit, le président de l’UIC décrit une industrie chimique française, fortement consommatrice de matières premières et d’électricité, prise en sandwich...

Et le président de l’UIC de chiffrer l’avantage compétitif des industriels situés du bon côté du Rhin : "Les électro-intensifs allemands paient leur électricité entre 35 et 37 euros le mégawattheure (MWh,) contre environ 47 euros en France, soit une différence de 30%." Or le coût de l’énergie représente en moyenne de 15 à 20% du prix de revient dans la chimie de base…

Le fameux modèle allemand...

Du coup, l’UIC veut monter au créneau. Et espère être entendue par les pouvoirs publics. "Nous serons attentifs à ce que la transition énergétique ne se fasse pas au dépend du prix d’accès à l’énergie", résume Philippe Goebel. S’il se félicite de "l’écoute" du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et de la mise en place, le 4 février dernier, d’un comité stratégique de filière Chimie et Matériaux, le président de l’UIC demande à ce qu’un certain nombre de mesures soient rapidement prises.

"On pourrait, comme en Allemagne, exonérer les électro-intensifs du coût de transport de l’électricité", estime Philippe Goebel. Et de souhaiter également une meilleure valorisation de l’interruptibilité, qui consiste pour un industriel à interrompre sa consommation d’électricité lors de pointes de consommation, contre rémunération. Toujours en référence à l’Allemagne, Philippe Goebel préconise enfin d’exonérer les électro-intensifs du coût des quotas de CO2 que les producteurs d’électricité reportent dans leur facture.

"Souhaite-t-on vraiment soutenir l’industrie chimique en Europe ?", en vient à s’interroger Philippe Goebel. "Encore une fois, il n’y a pas d’économie forte sans industrie forte, il n’y a pas d’économie forte sans industrie chimique forte. Si nous sommes soutenus, nous pouvons contribuer à favoriser l’exportation, à créer de la valeur sur le territoire et à fournir une partie de la solution au problème de l’emploi". Si ce n’est pas un coup de gueule, ça y ressemble fort…

Olivier James

SUR LE MÊME SUJET

PARCOURIR LE DOSSIER

Tout le dossier

Sujets associés

NEWSLETTER Chimie

Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.

Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes...

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

LES ÉVÉNEMENTS L'USINE NOUVELLE

Tous les événements

LES PODCASTS

Raymond Kopa, de la mine au stade de foot

Raymond Kopa, de la mine au stade de foot

Au nord, c’étaient les corons, la terre c'était le charbon, le ciel l’horizon, les hommes des mineurs de fond. Parmi eux, Kopaszewski Raymond.

Écouter cet épisode

Poundbury, cité idéale à la mode Charles III

Poundbury, cité idéale à la mode Charles III

S’il n’est pas encore roi, le prince Charles semble avoir un coup d’avance sur l’environnement. Au point d’imaginer une ville nouvelle zéro carbone.

Écouter cet épisode

A Grasse, un parfum de renouveau

A Grasse, un parfum de renouveau

Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, Anne Sophie Bellaiche nous dévoile les coulisses de son reportage dans le berceau français du parfum : Grasse. Elle nous fait découvrir un écosystème résilient, composé essentiellement...

Écouter cet épisode

Les recettes de l'horlogerie suisse

Les recettes de l'horlogerie suisse

Dans ce nouvel épisode de La Fabrique, notre journaliste Gautier Virol nous dévoile les coulisses de son reportage dans le jura suisse au coeur de l'industrie des montres de luxe.

Écouter cet épisode

Tous les podcasts

LES SERVICES DE L'USINE NOUVELLE

Trouvez les entreprises industrielles qui recrutent des talents

ORANO

Ingénieur Automatisme F/H

ORANO - 16/03/2023 - CDI - Cherbourg-en-Cotentin

+ 550 offres d’emploi

Tout voir
Proposé par

Accédez à tous les appels d’offres et détectez vos opportunités d’affaires

85 - CC DU PAYS DE SAINT FULGENT LES ESSARTS

Comblement des lagunes n°2 et 3 - STEP La Merlatière

DATE DE REPONSE 21/04/2023

+ de 10.000 avis par jour

Tout voir
Proposé par

ARTICLES LES PLUS LUS