Total se désengage de près du quart de ses intérêts au Gabon, et qui d'autre ?
Le groupe Total a annoncé la vente de sa filiale à 100 % Total Participations Pétrolières Gabon, détentrice d’intérêts dans 10 champs, ainsi que la cession de plusieurs intérêts de Total Gabon pour un montant global de 350 millions de dollars. Au final, le français se sépare de plus de 22 % de ses actifs, dans un contexte noir pour ce pays dont l'essentiel de ses revenus proviennent du pétrole.
Mis à jour
01 mars 2017
L’annonce va dans le sens des rumeurs qui circulaient autour du désengagement de Total dans ses activités gabonaises. Le géant français spécialiste du pétrole et du gaz a déclaré lundi 27 février qu’il cédait ses participations et la conduite des opérations dans plusieurs champs matures au Gabon. Sous réserve de l’approbation des autorités, le groupe transfère à l’indépendant Perenco la totalité de ses droits dans la société Total Participations Pétrolières Gabon qui exploite 10 champs pétroliers dans le pays. Il se sépare également de plusieurs intérêts dans la société Total Gabon, qu’il détient à 58 %, dans cinq champs ainsi que dans le réseau d’oléoducs Rabi-Coucal-Cap Lopez. Le montant global de l’opération s’élève à environ 350 millions de dollars, hors ajustements. Les productions cédées par Total représentent, elles, près de 13 000 barils de pétrole par jour (en quote-part du groupe), a-t-il précisé dans un communiqué.
"Dans un contexte pétrolier volatile où la baisse du point mort de nos opérations constitue la priorité, cet accord démontre notre capacité à créer de la valeur en monétisant des actifs matures et en tirant parti de synergies par le transfert de la conduite des opérations", a commenté Arnaud Breuillac, directeur général Exploration-Production du groupe. A l’issue de la transaction, l’ensemble restant des actifs Amont du groupe dans ce pays sera détenu par Total Gabon.
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58 100 barils par jour produits en 2016
Total se recentre donc sur ce territoire mais il "reste pleinement engagé au Gabon et va pouvoir se concentrer sur la maximisation de la valeur de ses principaux actifs stratégiques opérés", a précisé à L'Usine Nouvelle un porte-parole du pétrolier. Rappelant que Total est présent au Gabon depuis plus de 85 ans, et restait actuellement l'un des acteurs majeurs du pays dans les secteurs amont et aval. Ainsi, dans le détail, Total Gabon conservera 100 % des participations et le rôle d’opérateur des champs Anguille, Ile Mandji, Torpille et Torpille Nord Est. Il gardera également 50 % des intérêts et le rôle d’opérateur dans Baudroie-Mérou et 42,5 % dans Diaba, ainsi que l’exploitation du terminal pétrolier Cap Lopez.
La décision du pétrolier français intervient dans un contexte particulièrement tendu dans le pays, alors que des rumeurs de sortie pure et simple de Total au Gabon. Des soupçons que le groupe ne commente toutefois pas. "En 2016, la production (SEC; part du groupe, ndlr) de Total au Gabon s’est élevée à 58 100 barils par jour et les actifs, dont la cession vient d’être annoncée hier, représentent environ 13 000 barils par jour", poursuit le porte-parole. Et d'ajouter: "cette optimisation (…) permettra d’assurer la pérennité des activités de Total Gabon et de créer de la valeur pour les actionnaires. La revue des actifs a été faite uniquement en fonction des paramètres économiques dans la mesure où la baisse du point mort de nos opérations est notre priorité du moment".
Total, Shell, Maurel et Prom…
Pour le Gabon, dont les revenus proviennent principalement du pétrole, est en pleine tension depuis la chute des prix du baril, malgré une remontée encore timide. Outre les rumeurs autour de Total, un autre géant du pétrole n'a pas caché son intention de quitter le pays dont la majorité des gisements sont arrivés aujourd'hui à maturité et les dernières découvertes d'hydrocarbures commencent à dater. Fin novembre le groupe anglo-néerlandais était entré en discussion avec un tiers pour la cession de ses actifs onshore au Gabon.
De son côté Maurel et Prom, elle aussi fortement impactée par la baisse des cours, a divisé par trois son budget d'exploration depuis 2015. La société indépendante française majoritairement présente au Gabon, fait par ailleurs face à un conflit social mené par l'Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) depuis la prise de contrôle de son capital par l'indonésien Pertamina. Le mouvement tend à grossir et à s'étendre à l'ensemble des salariés du secteur qui craint pour son avenir.
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