Christophe de Margerie voulait 10% de l'EPR de Penly, il aura 8,3%. Le directeur général de Total s'est néanmoins déclaré «très satisfait que Total puisse contribuer aux côtés de GDF Suez et EDF à cette réalisation qui constituera une nouvelle référence pour le groupe».
Car c'est une première pour la compagnie pétrolière qui n'a pour l'instant jamais participé à un projet nucléaire.
Quel coût ?
Reste pour EDF à décider de la participation d'autres électriciens au projet, via notamment la fraction résiduelle de 16,66% du capital. Si les 12,5% de l'italien Enel, déjà présent à hauteur de 12,5 % dans l'EPR de Flamanville, sont confirmés, cela laisse un petit 4,16% à un cinquième participant. "Des discussions sont en cours avec de grands opérateurs européens qui pourraient s'associer en qualité de partenaire industriel à ce projet", a précisé une porte-parole d'EDF. En ligne de mire, les allemands E.on et RWE, avec qui EDF confirme être en contact.

Un schéma franco-italo-germain qui pourrait correspondre aux désidératas de Pierre Gadonneix, le patron d'EdF : il avait annoncé qu'il construirait le deuxième EPR français à Penly avec pas plus de quatre grands partenaires. Au-delà, cela lui semblait « ingérable ».
La forme juridique de la structure commune au sein de laquelle Total et GDF Suez agiront n'est néanmoins pas encore définie. S'agira-t-il d'une co-entreprise ? La joint-venture semble pour l'instant exclue.
Cette alliance inédite, une fois mise en place, permettra en tout cas constituer un front commun pour préparer l'appel d'offre en vue de la construction de deux réacteurs EPR à Abu Dhabi. Areva, GDF Suez et Total comptent s'y porter conjointement candidats. Une stratégie conforme à celle de mutualisation voulue par Pierre Gadonneix : le patron d'EdF tient surtout à constituer, à travers le monde, un « club des utilisateurs d'EPR ». L'objectif est de standardiser l'industrialisation du réacteur d'Areva pour en baisser le coût et capitaliser sur le retour d'expérience.
Total, passeport pour l'exportation de l'EPR. En ce sens, Total sait qu'avec son réseau mondial et son excellente connaissance des différentes régions du globe, il apporte un gage de crédibilité à l'étranger auprès de potentiels clients de l'EPR. « Les pays producteurs d'hydrocarbures, qui réservent leur production domestique pour l'exportation, souhaitent consommer sur leur propre sol une énergie nucléaire » confirme une porte-parole de Total. « Nous les connaissons bien, nous sommes par exemple implantés à Abou Dhabi depuis une dizaine d'années. Nous avons l'habitude de travailler avec eux sur d'autres secteurs. »
En général, Total apportera au projet d'EPR son savoir-faire en termes de « gestion des grands projets ». Mais il jouera surtout les bons élèves : « EDF reste l'opérateur. On est là pour apprendre » souligne la porte-parole.
Ana Lutzky