Toshiba prêt à céder la majorité de contrôle de ses mémoires flash à des fonds d'investissement
Terrassé par une perte de 6,3 milliards de dollars dans le nucléaire, le géant japonais de l’électronique Toshiba change de stratégie dans les semiconducteurs. L’urgence de trouver de l’argent frais le pousse à céder la majorité de contrôle de ses mémoires flash, et non plus 20%, mais seulement à des fonds d'investissement.
C’est un tournant majeur de la stratégie de Toshiba dans les semiconducteurs. Désormais, le géant japonais de l’électronique est prêt à céder la majorité de contrôle de son activité phare dans le domaine : les mémoires flash. De quoi susciter l’intérêt des fonds d’investissement et trouver au plus vite de l’argent frais pour éviter la banqueroute.
Opération urgente
Jusqu’ici, le quatrième groupe de construction électrique et électronique au Japon, derrière Hitachi, Sony et Panasonic, envisageait la cession d’une participation minoritaire de seulement 19,9%. Une ouverture à laquelle il a reçu des offres alléchantes de la part de Western Digital, son partenaire américain dans la production de mémoires flash, et de ses concurrents, l’américain Micron Technology et le coréen SK Hynix. Mais ces propositions ont l’inconvénient de nécessiter une demande d’approbation des autorités de la concurrence. Une démarche longue et risquée, et donc incompatible avec l’urgence de la situation. Toshiba doit boucler l’opération avant la clôture de l’exercice fiscal en cours le 31 mars 2017.
Avec des fonds d’investissement, pas besoin de passer par cette formalité. Plusieurs se sont montrés intéressés : Silver Lake, KKR, Bain Capital, UDS Mezzanine Fund, Blue Partners Fund, Permira… A la condition de disposer d’une majorité de contrôle, et non d’une participation minoritaire, afin d’influer réellement sur les opérations. Aux abois, Toshiba est contraint de céder. Aux fonds d'investissement de soumettre maintenant leurs offres.
Préserver la fièreté du Japon
Déjà durement ébranlé par un scandale financier de 1,3 milliard de dollars en 2015 (falsification des comptes sur sept exercices consécutifs pour cacher l’ampleur des pertes dans la télévision, l’électroménager ou les PC), le groupe nippon doit faire face à une perte inattendue de 6,3 milliards de dollars de Westinghouse, son entreprise nucléaire aux Etats-Unis, avec potentiellement un nouveau scandale concernant les conditions d'acquisition outre-Atlantique d’une société de construction de centrales nucléaires. Un nouvel épisode qui met virtuellement l’entreprise en situation de faillite.
Avec la cession de la majorité de contrôle de ses mémoires flash, Toshiba perd son joyau. Selon le cabinet TrendForce, cette activité représente la vache à lait du groupe avec 50% du bénéfice total d’exploitation du groupe pour seulement 15% du chiffre d’affaires global. En perdre le contrôle, c’est perdre un symbole fort de fierté. Toshiba est en effet l’inventeur en 1989 de la mémoire flash NAND. Détrôné par Samsung Electronics, le fabricant japonais en reste néanmoins le numéro deux mondial avec selon TrendForce 35% du marché (avec son partenaire en production Western Digital), contre 36% pour son grand concurrent coréen. Il est aussi le dernier Mohican japonais dans les puces mémoires. La cession à des fonds d'investissement plutôt qu'à des industriels étrangers est de nature à préserver la fièreté industrielle du Japon. Du moins en apparence.
Toshiba prêt à céder la majorité de contrôle de ses mémoires flash à des fonds d'investissement
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