Tiffany va doper le bénéfice de LVMH dès 2020 selon le PDG Bernard Arnault
Que va apporter le rachat géant de Tiffany à LVMH ? Bernard Arnault, PDG du géant français du luxe, a donné une première estimation lundi 25 novembre.
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\ 12h34
Mis à jour 26 Nov. 2019
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26 novembre 2019
Lundi 25 novembre, LVMH a rendu officiel la plus grosse opération de son histoire : l'acquisition de Tiffany pour 14,7 milliards d'euros. Le géant français du luxe fonde beaucoup d'espoir sur le joaillier américain. À la suite de cette annonce, le PDG du groupe Bernard Arnault s'est exprimé sur la logique du rachat.
Quels bénéfices attendus en 2020 ?
L'acquisition de Tiffany va augmenter le résultat opérationnel de LVMH de 500 à 600 millions d'euros dès 2020, a déclaré Bernard Arnault à Reuters. L'entreprise a précisé qu'elle souhaitait finaliser l'opération mi-2020. Le groupe français va financer cet achat via une émission d'obligations, a indiqué Bernard Arnault, en soulignant que LVMH payait moins de 1 % d'intérêts actuellement.
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Alors que LVMH réalise l'essentiel de ses bénéfices dans la mode et les accessoires, cette acquisition doit aussi permettre au groupe d'étoffer sa division la moins importante, les montres et joaillerie, au sein de laquelle figurent déjà les marques Bulgari et Tag Heuer, et de se développer dans l'un des domaines les plus dynamiques du secteur du luxe actuellement.
La croissance de la joaillerie a été en 2018 plus rapide que celle d'autres domaines du luxe, comme la mode, selon le cabinet Bain, qui prévoit une progression des ventes comparables de 7% cette année sur ce marché de 20 milliards de dollars. Avec Tiffany, LVMH se place en concurrence frontale face au suisse Richemont, qui occupe déjà ce créneau avec Cartier.
Mettre l'accent sur les boutiques
LVMH va s'efforcer d'appliquer à Tiffany une recette similaire à celle qui a fait ses preuves avec Bulgari, autre joaillier racheté en 2011 pour 3,7 milliards d'euros. Bernard Arnault souhaite ainsi mettre l'accent sur les boutiques, la communication et de nouveaux produits, a poursuivi Bernard Arnault.
Le joaillier américain dispose en effet de plus de 300 magasins dans le monde et a réalisé près de la moitié de son chiffre d'affaires aux États-Unis en 2018. Mais il a peiné à rajeunir sa clientèle ces dernières années et a souffert de la concurrence de marques moins chères comme Pandora et Signet Jewelers. Il doit en outre subir désormais les conséquences de la guerre commerciale entre Washington et Pékin et s'adapter aux changements de mode de consommation de la clientèle chinoise, qui achète de moins en moins aux États-Unis et de plus en plus en Chine.
"Le capital de marque de Tiffany et la puissance de l'image de son emblématique boîte bleue 1837 ont plus de valeur que ne le laissent supposer les données financières actuelles", a écrit Flavio Cereda, analyste de Jefferies, dans une note publiée juste avant la confirmation de la transaction. "LVMH peut s'appuyer sur ces éléments pour lancer une 'offensive' plus concertée sur le marché des 'millennials' en Asie", a-t-il ajouté. Les jeunes Chinois sont l'un des moteurs de croissance actuels du secteur du luxe dans le monde.
Pas de remaniement prévu à la direction de Tiffany
Bernard Arnault a déclaré qu'un remaniement de la direction de Tiffany n'était pas à l'ordre du jour. "Il est un peu tôt pour en décider, nous avons d'excellentes relations avec eux", a-t-il dit.
Le prix de 135 dollars par action représente une prime de 7,5 % par rapport au cours de clôture du titre Tiffany vendredi 22 novembre à New York et de plus de 50 % par rapport au niveau où se trouvait l'action avant que LVMH manifeste publiquement son intérêt. La cour de LVMH a duré environ cinq semaines après une première approche à 120 dollars par action en octobre mais le géant du luxe avait des vues sur Tiffany depuis des années déjà, ont dit des sources proches du dossier.
(Sarah White, version française Bertrand Boucey, édité par Jean-Michel Bélot)