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The Ocean Cleanup à l’épreuve du Pacifique
Le dispositif flottant pour récupérer une partie du plastique de l’océan sera remorqué depuis San Francisco samedi 8 septembre. Ce test grandeur nature, sur un dispositif de 600 mètres, de long devrait permettre de répondre à un certain nombre d’incertitudes.
Le serpent de mer va finalement prendre le large. Samedi 8 septembre 2018, après plus de cinq ans de développement, le projet Ocean Cleanup lance son premier système flottant de 600 mètres de long pour tenter de récupérer le plastique accumulé au milieu de l’océan Pacifique. Depuis la baie de San Francisco, System 001 – c’est son nom - sera remorqué à 450 km de la côte où il subira deux semaines de tests avant de rejoindre le vortex de déchets du Pacifique Nord (Great Pacific Garbage Patch, GPGP) à presque 2 000 km de là. Dans une vidéo publiée récemment (ci-dessous), l’inventeur du projet et responsable de la fondation du même nom, Boyan Slat, détaille les trois défis qu’il lui faudra relever.
Comportement, capture, résistance
La première incertitude concerne le comportement du flotteur et de son écran immergé. Le vent, les vagues et les courants le propulseront ils comme prévu ? Sera-t-il capable de suivre les changements de directions ? Et adoptera-t-il bien la forme de « U » souhaitée pour retenir les plastiques ? «Nous avons étudiées cela à partir de modèles et de simulations informatiques, mais nous serons soulagés lorsque nous pourrons voir que cela fonctionne réellement », indique Boyan Slat dans la vidéo. Les tests au large de San Francisco devraient permettre selon lui de le vérifier courant septembre.
Deuxième risque : l’interaction entre le flotteur et le plastique. La question est de savoir si le dispositif sera capable de collecter et retenir les débris de manière efficace. « Ce sont les points qui m’inquiètent le plus actuellement », avoue le jeune néerlandais à l’origine de l’ONG fondée en 2013. Les résultats concluants des tests effectués à l’échelle sont selon lui à prendre avec prudence et seront confirmés une fois au milieu du GPGP.
Enfin, la troisième inquiétude vient de l’hostilité du milieu océanique. Les vagues, le vent, le sel, les ultraviolets ou encore les organismes marins sont autant de facteurs susceptibles d’endommager le dispositif. « Nous sommes aidés par la simplicité de notre système, se rassure Boyan Slat. Mais je serai déjà satisfait s’il passe le premier hiver sans encombre. » Pour développer un dispositif robuste, il indique s’être appuyé sur des ingénieurs issus de l’industrie pétrolière qui ont l’habitude de concevoir des structures massives capables de survivre en mer pendant de très longues périodes.
Un test de remorquage a été effectué au large de San Francisco en mai 2018 sur un dispositif de 120 mètres de long. Le but était de vérifier la résistance du flotteur et de l’écran immergé lors de l’opération. Si l’écran a subi quelques dommages, ceux-ci avaient déjà été identifiés lors d’essais précédents en mer du Nord. Le design a donc été modifié dans la version finale qui doit prendre la mer samedi.
En polyéthylène haute densité, le tube long de 600 mètres est à la fois rigide mais suffisamment flexible pour encaisser les assauts des vagues. Lesté par des poids, l’écran en « textile à maille serrée » descend jusqu’à 3 mètres de profondeur pour recueillir le plastique. Sur le papier, le tout doit se laisser porter au gré des vents et des courants et former un U pour capturer les débris flottants. Ceux-ci doivent alors s’accumuler au sein du dispositif avant d’être récupérés par bateau et ramenés sur terre pour être recyclés.
Le système fonctionnera-t-il ou pas ? Difficile de le prévoir pour le moment. Les essais au large et l’avenir le diront. Le but du projet est de nettoyer autant que possible le vortex de déchets du Pacifique nord : 50 % du plastique pourrait en être retiré en 5 ans, et 90 % d’ici 2040 selon la fondation. Dans une étude qu’elle a financée et parue en mars 2018 dans la revue Scientific Reports, la quantité de plastique dans le vortex est estimée à 79 000 tonnes sur une surface de 1,6 million de km2. Sur cette masse totale, la part des micro-plastiques (dont la taille est inférieure à 5 mm) est de 8 %. Issus majoritairement de la dégradation de débris plus gros, ceux-ci devraient malheureusement être plus difficiles à récupérer. Sans parler de ceux qui coulent au fond de l’océan.
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