Syndicats, politiques, activistes... Comment réagissent-ils au départ d'Isabelle Kocher d'Engie ?
Le futur départ d'Isabelle Kocher, directrice générale d'Engie, a été confirmé le 6 février. Chez les salariés du groupe et dans le monde politique, la décision du conseil d'administration suscite beaucoup de réactions.
Le soutien de certaines personnalités politiques n’a rien changé. Jeudi 6 février, le conseil d’administration d’Engie a décidé de congédier la directrice générale du groupe Isabelle Kocher. Chez les salariés, les parlementaires français et d’autres dirigeants, nombreux sont ceux qui demandent des explications.
Isabelle Kocher “a transformé Engie” selon un directeur
Officiellement, les administrateurs du groupe souhaitent “un nouveau leadership” pour conduire “l’approfondissement de la stratégie”. Les événements des derniers mois suggèrent plutôt une rupture entre la directrice générale et le conseil d’administration, notamment pour ses postures en faveur de l’environnement.
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“Elle a transformé Engie, en amorçant le passage à un modèle de services, écrit sur Twitter Michael Webber, directeur scientifique et technologique d'Engie. Elle a vendu nos actifs 'sales' et a investi intensément dans les renouvelables”. Le directeur a salué le bilan et “la vision” d’Isabelle Kocher. Selon lui, l’entreprise a diminué de 50 % ses émissions de gaz à effet de serre en trois ans, sous l’impulsion de la directrice générale, tout en générant du profit et du dividende pour les actionnaires.
Isabelle Kocher a aussi attiré le soutien de Yannick Jadot, eurodéputé Europe Écologie. D’autres commentateurs sont plus sévères pour le bilan environnemental d’Isabelle Kocher. “Faire de la directrice générale d’Engie Isabelle Kocher le parangon absolu de l’écologie est une erreur factuelle. Parce que Engie c’est : le gaz, pas la transition vers le zéro fossile ; du lobbying intense contre les énergies renouvelables ; du greenwashing”, a argumenté sur Twitter Maxime Combes, porte-parole de l’association altermondialiste Attac.
Un éventuel démantèlement du groupe inquiète les salariés
Côté syndicats, on s’interroge sur l’avenir. “La CFDT est attachée à la pérennité d'un groupe fort dans les secteurs de I'énergie et des services, garantissant une meilleure répartition de la richesse produite ainsi que des emplois pérennes permettant à ses salariés de vivre dignement de leur travail”, commente la FCE-CFDT dans un communiqué.
Isabelle Kocher a-t-elle été écartée pour préparer le démantèlement du groupe ? Cette interprétation a été qualifiée de “manipulation” par la CGT en décembre 2019. “Pour autant, le risque à terme de ventes d’activités et de dislocation du groupe n’est pas une fiction”, ajoutait le syndicat.
Maintenant que la directrice générale a été remerciée, plusieurs députés demandent des clarifications sur les projets de l’État et de la future gouvernance. “Mais pourquoi donc vouloir la tête d’Isabelle Kocher alors que ses résultats sont excellents et qu’elle est appréciée de tous ?, a demandé le député de la Meuse Bertrand Pancher (Mouvement Radical). Je souhaite qu’on nous indique ce que cachent ces manoeuvres.”
“Il ne faut pas avoir de faux débats”, selon le gouvernement
Plusieurs commentateurs ont également regretté le départ de la seule femme dirigeante d’une entreprise du CAC 40. “Il ne faut surtout pas avoir de faux débats”, a réagi Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement, au micro de franceinfo. “On ne va pas juger son travail à l'aune de si c'est une femme ou un homme (sic). Nous parlons d’une entreprise où il y a plus de 100 000 salariés et où les décisions stratégiques qui sont à prendre sont essentielles pour l’approvisionnement en électricité ou encore pour la constitution de la ville de demain. On juge sa vision stratégique en fonction de l'intérêt de l'entreprise”, a-t-il ajouté.
Isabelle Kocher évincée d’Engie : "Il ne faut pas avoir de faux débats", affirme Julien Denormandie, ministre de la Ville et du Logement pic.twitter.com/IJX2kDyPBB
— franceinfo (@franceinfo) February 7, 2020
Le processus de nomination du nouveau patron, ou de la nouvelle patronne, d’Engie risque d’être regardé de près. En attendant, la gouvernance de l’entreprise reste paritaire : Jean-Pierre Clamadieu à la présidence et Claire Waysand comme directrice générale par intérim.
Isabelle Kocher défend son bilan
Dans un message adressé aux salariés du groupe Engie, Isabelle Kocher a défendu son bilan. "J'accueille cette décision, qui bien sûr me touche, sans aigreur ni amertume, assure la dirigeante dans son texte, consulté par L'Usine Nouvelle. Je l'ai toujours dit : comme tout dirigeant, ma légitimité dépend directement du conseil d'administration."
"Notre fierté, c'est que les actionnaires et les analystes financiers les plus exigeants du monde, qui ont d'abord été surpris par notre modèle qui laisse une large place à la protection des gens et la planète, considèrent aujourd'hui qu'Engie est l'une des entreprises avec le plus de potentiel de croissance économique et de création de valeur du secteur", a-t-elle ajouté.
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