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Echec d’une alliance entre les sucriers Cristal Union et Tereos
Sur les bords de la Méditerranée, le sucrier français Cristal Union se prépare à l’après-quotas
Pour anticiper la libéralisation du marché européen du sucre à partir du 1er octobre 2017, Cristal Union, le deuxième sucrier français, mise sur un maillage étroit de sites industriels et partenaires aux abords de la Méditerranée. Reportage en Italie, dans sa raffinerie de Brindisi.
Mis à jour
21 mars 2017
Sur le port industriel de la petite ville de Brindisi, au cœur des Pouilles en Italie, le quai est encore parsemé de mélasse, collant aux chaussures. La veille, un bateau venu du Brésil a fini de décharger ici, après cinq jours de travail nuit et jour, 25 000 tonnes de sucre brut de canne. Pas de rupture de charge : la cargaison a été vidée en vrac dans un long convoyeur de plus d’un kilomètre, pour atterrir dans le gigantesque hall de stockage de la raffinerie cogérée par deux acteurs du sucre : le géant américain American Sugar Refining (ASR) et le français Cristal Union.
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Se préparer à la concurrence du sucre brésilien
Sur place, le sucre est remis en solution, purifié, décoloré puis cristallisé pour donner naissance à du sucre blanc et fin, qui sera destiné aussi bien aux industriels de l’agroalimentaire qu’aux consommateurs. Deuxième acteur français derrière Tereos et quatrième européen, Cristal Union est entré il y a deux ans au capital de la raffinerie de Brindisi. Elle fait partie de sa stratégie pour se préparer à l’après-quotas : contingenté jusqu’ici par des quotas de production, le marché européen du sucre sera libéralisé à partir du 1er octobre prochain. Les industriels européens ne seront plus limités dans leur production de sucre de betterave et pourront exporter, mais seront concurrencés par le sucre de canne brésilien.
Servir les marchés déficitaires en sucre d’Europe et d’Afrique
Conscient de sa petite taille à l’échelle mondiale, le groupe coopératif, connu pour ses marques Daddy et Erstein, Cristal Union entend concentrer ses ambitions autour du bassin méditerranéen. Pour servir les pays déficitaires en sucre, il a décidé de coupler prises de participation dans des usines à proximité et partenariats avec des acteurs locaux, auxquels il peut apporter ses relations avec de grands comptes, comme Danone ou Coca-Cola.
En juillet 2016, il s’est ainsi emparé d’Eridania, marque leader sur le marché italien, dont il contrôle désormais plus d’un tiers de l'activité. Au même moment, afin de servir la Hongrie, la Bulgarie ou encore la Grèce, il prenait 17% du capital de Viro, premier producteur croate de sucre à partir de betteraves, avec lequel il espère racheter deux usines du grec Elenic Sugar en Serbie. Depuis un an, le Français dispose aussi d’une raffinerie opérationnelle en Algérie, à Ouled Moussa, construite pour 145 millions d’euros avec un partenaire local, le groupe agroalimentaire LaBelle. De cette usine déjà rentable, il espère conquérir le marché algérien, mais aussi les pays du Sahel. Mais pour le Moyen-Orient, il est trop tard.
Une allaince avec un autre européen que le français Tereos ?
Son atout, à ses yeux, sera de pouvoir disposer du sucre fabriqué dans ses propres sucreries françaises grâce aux plantations de betteraves de ses 10 000 agriculteurs coopérateurs, et de celui issu de raffineries (au fonctionnement plus flexible, avec 30 à 40% de la production ajustable, selon Xavier Astolfi, le directeur général adjoint de Cristal Union) alimentées par du sucre de canne majoritairement brésilien.
Mais dans un paysage européen en pleine transformation, l’avenir ne pourra pas se jouer en solo. Cristal Union a refusé à plusieurs reprises les assauts de Tereos, visant à créer un géant français du secteur. Mais Alain Commissaire, son directeur général, n’exclut pas de se rapprocher d’autres acteurs dont les actionnaires familiaux pourraient vouloir se désengager, comme British Sugar (détenu par le propriétaire de Primark) et l'allemand Pfeifer.
Incertitude sur la production mondiale cette année
Sa force ? Des résultats (dévoilés le mois prochain) toujours en hausse, assure Alain Commissaire, avec un chiffre d’affaires qui devrait atteindre 2,3 milliards d’euros sur un exercice exceptionnel de seize mois couvrant octobre 2015 à janvier 2017 (contre 1,67 milliards d’euros, en chute de 8% sur l’exercice 2014-2015), et un résultat brut d’exploitation multiplié par trois. "Nous ne sommes que deux sociétés sucrières en Europe à ne pas être tombées dans le rouge ces trois dernières années !"
Pour Xavier Astolfi, c’est aussi le fruit des efforts engagés pour réduire ses coûts de production, via un programme de responsabilité sociétale visant à diminuer sa consommation d’énergie. La coopérative mise d’ailleurs sur sa base française pour atteindre ses ambitions : en rallongeant les campagnes et en accueillant de nouveaux planteurs, sa production de betteraves devrait passer à 177 hectares cette année, contre près de 145 l’an dernier, d'où la nécessité d'accroître les capacités de sa sucrerie de Bazancourt (Marne).
Gaëlle Fleitour, à Brindisi (Italie)
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