Les opérateurs financiers CME et ICE s'apprêtent à lancer deux nouveaux contrats à terme en euros sur le cacao, dans un marché difficile: la demande est en baisse et les récoltes battent des records, malgré la menace de pénurie agitée par deux grands chocolatiers avant Noël dernier.
Annoncé en janvier dernier, le contrat à terme sur le cacao libellé en euros de l’opérateur boursier américain CME Group sera lancé le 30 mars. Il s’apprête à bousculer un marché jusqu’alors dominé par ICE qui régnait, depuis sa reprise du Liffe, sur le cacao avec son contrat à terme libellé en livres sterling, crée en 1928. Pour ne pas se laisser distancer et "répondre aux demandes de ses clients", ICE lancera à la même date son propre contrat en euros. "Le contrat sera à l'image du contrat existant en livres sterling, avec les mêmes spécifications à l’exception de la monnaie, et sera éligible aux compensations croisées avec le contrat en livres", précise l’opérateur londonien.
Cette guerre commerciale cache un changement de paradigme sur le marché du cacao, l’Europe s’étant hissée ces dernières années en tête des transformateurs mondiaux de cacao et des consommateurs de chocolat. "Notre objectif est de fournir un mécanisme de couverture amélioré pour les négociants et les fabricants de chocolat", justifiait en janvier dernier le directeur exécutif Produits agricoles de CME Group, Jeffry Kuijpers. L’entreprise promet un suivi des prix plus fidèle au marché physique ainsi que des modalités de livraison de la marchandise plus souples. Critiqué pour ses problèmes logistiques, ICE promet également des améliorations en la matière, et des spécifications plus proches des pratiques professionnelles. Le contrat en livres est basé sur le cacao ensaché, quand bien même 65% à 70% des marchandises négociées en Europe le sont en vrac.
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"Un marché désordonné"
Le succès des deux nouveaux contrats n’est néanmoins pas assuré. "Les opérateurs développent des contrats à tout-va alors qu'ils feraient mieux d'être préparés pour un marché désordonné, car si la liquidité n’est pas énorme sur un contrat, elle le sera encore moins sur trois", explique à Reuters le manager Trading de cacao de Sucre et Denrées, Derek Chambers. Plusieurs acteurs du secteur avaient fait part dès janvier de leur scepticisme quant à l’intérêt commercial de ces nouveaux contrats sur un marché de niche. Le lancement de ces nouveaux produits intervient par ailleurs à une période au cours de laquelle une partie de la récolte 2015-2016 a déjà fait l’objet d’une couverture. Les deux opérateurs financiers se sont heurtés, par le passé, à des problèmes de liquidité avec d’autres contrats.
De plus, ces lancements auront lieu dans un marché baissier, les prix du cacao ayant reculé de 8,7 % depuis le début du mois de mars. "Il n’est pas impossible que la production ivoirienne de cacao puisse atteindre 2 millions de tonnes", a récemment estimé le directeur général de l’Organisation internationale du cacao (ICCO), Jean-Marc Anga, alertant sur le risque représenté par une telle hypothèse. Premier producteur mondial de cacao, la Cote d’Ivoire devra cette année tempérer sa production, qui a atteint l’an dernier le record de 1,74 million de tonnes, dans un contexte de baisse de la demande en chocolat sur l’ensemble des continents, Afrique exceptée. Celle-ci perdrait 2 % en Europe et 4 % en Asie. Un paradoxe, alors que l'an dernier, deux grands chocolatiers agitaient la menace d'une pénurie pour justifier l'augmentation de leurs prix...
Titulaire d'une licence professionnelle en webmastering et d'un master recherche en sociologie de l'entreprise et de l'innovation, Franck couvre l'actualité du BTP et de la construction. Il avait rejoint en 2012 le service Matières premières. Il s'assure également de l'actualisation du site Indices & Cotations, la base de données de prix industriels de l'Usine Nouvelle.
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