[STX] "Quatre obstacles à un Airbus naval", prévient Marc Petitier du cabinet Linklaters
Marc Petitier, avocat associé chez le consultant Linklaters, décrypte pour l’Usine Nouvelle, les obstacles qui se dressent pour réaliser un Airbus naval, réunissant STX, Fincantieri ou encore Naval Group.
L'Usine Nouvelle - Comment expliquer cette méfiance vis-à-vis de Fincantieri ?
Marc Petitier - Je ne me prononcerai pas sur la question de savoir si on doit parler de méfiance mais il semble qu’il était plus aisé de céder les Chantiers de l’Atlantique à un groupe norvégien en 2006. De manière générale, il existe aujourd’hui une préoccupation bien plus forte qu’il y a dix ans en matière de contrôle des investisseurs étrangers ; on le voit notamment au travers du décret Montebourg ou encore avec les très récentes propositions de la Commission européenne. C’est une véritable tendance de fond.
Un Airbus naval est-il réaliste ?
Ce thème revient régulièrement, par exemple lorsqu’un secteur industriel est en difficulté ou lorsqu’il est en concurrence forte avec des acteurs extra-européens. Un Airbus du naval est réalisable, mais il serait compliqué à mettre en œuvre car il existe de nombreux obstacles à franchir pour y parvenir, même en présence d’une volonté politique forte. D’autres options sont également envisageables, comme par exemple la conclusion d’accords de coopération, ou encore la création de joint-venture sur certains aspects comme sur les achats.
Quels sont ces obstacles auxquels vous faites référence ?
J’en vois quatre. Premièrement, il faut se mettre d’accord – outre sur la valorisation respective des entreprises participantes - sur la gouvernance et sur le management du nouvel ensemble ; le poids respectif des parties étant sur ce plan décisif. Ensuite, le droit de la concurrence en matière de contrôle des concentrations : rapprocher des concurrents notamment dans le monde du paquebot, cela réduit automatiquement la concurrence en France et en Europe. Elle deviendrait potentiellement très réduite. En matière militaire, les règles sont différentes et il existe sans doute plus d’acteurs, et donc de marge de manœuvre.
Et le volet social ?
Le volet social serait très important : une telle opération conduira certainement à générer des synergies de coûts et à réduire les effectifs. Où supprime-t-on les emplois ? Où produit-on ? Qui réalise les arbitrages sur les emplois ? Enfin, ce type d’opération suppose de se mettre d’accord sur le volet industriel. Quelle R&D ? Quelles technologies ?
Propos recueillis par Olivier Cognasse
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