Outre des difficultés de direction (HP vient de remercier Mark Hurd, son PDG; et Michael Dell, patron de Dell, est dans le collimateur d’une partie des actionnaires du groupe qu’il a fondé en 1984), HP et Dell ont en commun un même fardeau : les deux constructeurs sont particulièrement exposés à un marché des micro-ordinateurs en panne de croissance et en butte à une rapide érosion des prix. Ils partagent aussi un même objectif : celui de se diversifier sur des segments de l’informatique à plus fortes marges, comme les smartphones, les équipements réseaux, les services informatiques ou le stockage.
Et cet objectif n’a pas de prix, apparemment. Ainsi, sept jours après une première proposition de rachat du spécialiste américain du stockage 3PAR par Dell, qui valorisait cette société créée en 1999 à 1,15 milliard de dollars (soit environ 906 millions d’euros), HP vient de faire une proposition largement supérieure à celle de son concurrent texan : il envisage de débourser 24 dollars par action, soit un montant total avoisinant les 1,6 milliard de dollars (1,26 milliard d’euros).
Virtualisation et cloud computing
Comme Dell, HP compte sur les baies de stockage « à la demande » de 3PAR (184,7 millions de dollars de chiffre d’affaires l’an dernier) pour se renforcer dans les centres d’hébergement virtuels et le « cloud computing ». Dotés de capacités de « thin provisioning », qui permettent de n’allouer aux applications que la capacité dont elles ont réellement besoin, les systèmes de stockage de 3PAR devraient, d’après le constructeur, conforter sa stratégie dans les infrastructures convergentes (« Converged Infrastructure ») et l’aider à offrir aux entreprises de nouvelles ressources pour l’hébergement de leurs services en ligne de « cloud computing ».
Si le conseil d’administration de 3PAR se prononce en faveur de cette nouvelle offre émanant de HP, l’acquisition pourrait être finalisée d’ici la fin de l’année. Mais, selon Bloomberg, Dell envisagerait déjà de rehausser son offre. Une information qui n’a pas été confirmée par le service de presse de ce fabricant, qui nous a précisé qu’il « ne commente pas les opérations de fusions et d’acquisitions ».
Il ne reste donc plus qu’à attendre pour voir si Dell jugera utile de remettre la main au portefeuille pour barrer la route à HP. Ou si d’éventuels chevaliers blancs, comme IBM ou Cisco, vont sortir du bois pour ravir 3PAR au nez et à la barbe des deux belligérants. Une hypothèse qui n’est pas écartée outre-Atlantique.
Christophe Dutheil