Stockage géologique des déchets nucléaires Cigéo à Bure : l'ASN réservée
L'Autorité de sûreté nucléaire a publié le 15 janvier 2018 son avis sur le dossier d'options de sûreté de Cigéo. Si elle estime que l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs progresse dans la définition des solutions pour rendre son projet sûr, elle demande des améliorations et émet des réserves sur le stockage des déchets bitumés.
En progrès, mais peut mieux faire. L'appréciation de l'Agence se sûreté nucléaire (ASN) sur le dossier d’options de sûreté (DOS) du Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) a été rendue publique le 15 janvier 2018 dans un avis. Si elle estime que le projet a atteint « une maturité technique satisfaisante », l’ASN juge que certains sujets doivent être complétés. Destiné à enfouir des déchets nucléaires de haute et moyenne activité à vie longue à 500 mètres sous terre, le projet devrait être mis en service après 2025 à Bure. Le DOS remis par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) en avril 2016 constituait une étape avant le dépôt d’une demande d’autorisation de création prévu en 2019.
Une des réserves de l'ASN concerne les déchets bitumés. Représentant 18% du nombre de conteneurs destinés à Cigéo, ils sont issus de boues radioactives séchées enrobées dans du bitume. Probème : sous l’effet du rayonnement radioactif, celui-ci subit une réaction de radiolyse qui produit de l’hydrogène. Le stockage souterrain de tels colis présente un risque de montée en température, d’incendie et d'emballement. L’ASN estime que « la recherche de la neutralisation de la réactivité chimique des colis de déchets bitumés doit être privilégiée. En parallèle, des études visant à modifier la conception pour exclure le risque d’emballement de réactions exothermiques doivent être conduites ». Sans solution, Cigéo n’accueillera pas de déchets bitumés.
Une copie à revoir
Mais les demandes de l’ASN en vue de l’amélioration du dossier ne s’arrêtent pas là. L’Andra devra justifier l’architecture du stockage choisie grâce à une étude des avantages et inconvénients de différentes options. Le dimensionnement de l’installation pour faire face aux agressions et aléas naturels comme les séismes devra être présenté et justifié. La stratégie et les moyens de surveillance à mettre en œuvre devront être étayés. Enfin, la gestion des situations post-accidentelles présentée ne répond pas aux exigences attendues.
Avant de formuler son avis définitif, l’ASN s’est appuyée sur plusieurs expertises. Notamment celle de son appui technique : l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Un avis lui a également été remis par des groupes permanents d’experts pour les déchets et pour les laboratoires et usines. Enfin, le DOS a été revu par des pairs sous l’égide de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Le tout a été soumis à la consultation du public du 1er août au 15 septembre 2017.