STMicroelectronics mise sur MediaTek dans le sans contact mobile, pour quelles retombées?
Déjà présent dans les mobiles avec des Mems, circuits tactiles ou imageurs, STMicroelectronics accroit son empreinte dans ce marché en poussant sa nouvelle solution sans contact NFC. Mais le fabricant franco-italien de semiconducteurs le fait via le taiwanais MediaTek. Avec des perspectives potentielles alléchantes mais incertaines.
Un pas de plus de STMicroelectronics dans les mobiles. Le fabricant franco-italien de semi-conducteurs pousse sur ce marché sa nouvelle solution sans contact NFC issue de l’acquisition en juillet 2016 de la technologie BoostedNFC de l’autrichien AMS. Mais au lieu de le faire directement, il a choisi de porter son offensive par le taiwanais MediaTek, numéro deux mondial des processeurs mobiles avec, selon Strategy Analytics, 20% du marché au premier trimestre 2017, derrière le géant américain Qualcomm (52%).
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Choix de la facilité
Ce choix est logique. "Pour ST, il est plus facile d’accéder au marché des mobiles en passant par un acteur majeur du marché comme MediaTek qu’en le faisant lui-même, explique à L’Usine Nouvelle Dorian Terral, analyste financier chez Bryan, Garnier & Co. En plus, MediaTek peut combiner la solution NFC de ST avec ses puces pour offrir des plateformes mobiles intégrées aux clients qui le souhaitent."
La fonction sans contact NFC tend à se banaliser sur les terminaux mobiles pour des fonctions de paiement. Selon IHS Markit, elle équipe plus de 800 millions de terminaux écoulés en 2016, soit 45% de l’ensemble des ventes, et les chiffres devraient monter respectivement à 1,7 milliard d'unités et 90% en 2021.
Des ventes potentielles de 40 à 50 millions d'unités en 2017
"MediaTek ne dispose pas de sa propre technologie NFC, commente pour L’Usine Nouvelle Sravan Kundojjala, analyste au cabinet d’études de marché Strategy Analytics. Pour répondre aux besoins de ses clients, il associe les circuits NFC de fournisseurs tiers à ses processeurs mobiles. Qualcomm n'a pas non plus sa propre technologie NFC. Il collabore dans ce domaine avec NXP. Mais une fois l’acquisition de NXP réalisée, il disposera d’une solution en interne."
Les retombées potentielles pour STMicroelectronics s’annoncent alléchantes. Si MediaTek est loin derrière Qualcomm en valeur, il livre 28% des puces motorisant les mobiles, contre un tiers pour son concurrent américain, selon Sravan Kundojjala. "Typiquement, les circuits NFC sont appareillés avec des puces mobiles de moyenne et haut de gamme telles que ceux de la série Helio P de MediaTek, note l'analyste de Strategy Analytics. ST pourrait voir sa solution accompagner 15 à 20% des puces 4G de son partenaire taiwanais cette année, ce qui représenterait une opportunité de 40 à 50 millions d’unités, et le pourcentage pourrait dépasser 35% en 2018."
Précédent partenariat Dialog-MediaTek décevant
Dorian Terral se montre, lui, plutôt prudent. "Tout dépendra de ce que MediaTek vendra comme combinaisons : juste le circuit booster NFC ou aussi le microcontrôleur associé et l’élément sécurisé, précise-t-il. MediaTek ne va chercher nécessairement à pousser la solution NFC de ST. Il compte juste l’utiliser comme option pour ne pas perdre des marchés qui réclament cette fonction. C’est un partenariat gagnant-gagnant. Mais les retombées sur ST pourraient s’avérer limitées. On l’a vu dans un partenariat similaire de Dialog avec MediaTek dans les circuits de gestion de l’énergie. Ses résultats se sont avérés plutôt décevants"
Après des années de recul dans les mobiles du fait de l'éffondrement des clients BlackBerry, Sony et surtout Nokia, STMicroelectronics remonte rapidement la pente sur ce marché stratégique qui constitue le premier débouché pour les semiconducteurs. Le groupe, dirigé par Carlo Bozotti, y est présent avec des Mems, des imageurs, des microcontrôleurs, des puces de contrôle tactile, des circuits de puissance et bien d'autres composants. Il ne publie pas la répartition de son revenu par domaines d’application. "Le mobile représente 20% de son chiffre d’affaires en 2016, estime Dorian Terral. C’est moins que l’automobile qui se situe à 30%. Mais en 2018, sa part devrait monter à 30% et dépasser celle de l’automobile, dont la part aura été mécaniquement diluée." Une évolution non sans risque vue l’extrême volatilité de ce marché.
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