Après cinq années de disette, STMicroelectronics reprend ses investissements en consentant plus de 1 milliard de dollars à l’accroissement de ses capacités production de puces électroniques, notamment à Crolles (Isère). Un effort qui vise à satisfaire un important marché d’imageurs 3D emporté auprès d’Apple.
Après cinq années de morosité, STMicroelectronics retrouve le sourire. Le fabricant franco-italien de semiconducteurs, qui emploie 43 500 personnes dans le monde, dont 10 800 en France, prévoit d’investir 1 à 1,1 milliard de dollars en 2017 dans ses capacités de production, près du double de l'investissement consenti en 2016. L’effort bénéficie tout particulièrement à Crolles 2, sa seule usine de fabrication de puces électroniques sur tranches de 300 mm de diamètre, située près de Grenoble, en Isère (les six autres usines le font sur des tranches plus petites de 200 ou 150 mm). C’est-ce que son PDG Carlo Bozotti a annoncé lors de la présentation des résultats financiers annuels, le 26 janvier 2016. L'information a été saluée en Bourse par un gain du cours de l'action de 7,6%.
Contrat d'imageurs au laser
"Cet investissent bénéficie à la fabrication, le test et le packaging de puces pour soutenir le développement de nouveaux produits, a-t-il expliqué. En particulier, nous nous préparons à remplir un contrat emporté récemment avec des revenus substantiels attendus au second semestre de 2017." Fidèle aux conditions de confidentialité imposées par ses clients, le patron du groupe se garde bien de dévoiler auprès de qui le marché a été emporté et sur quel produit il porte.
Mais pour Pierre Cambou, consultant chez Yole Développement, un cabinet français d’études de marchés électroniques, le client en question ne fait plus mystère. Il s’agit bel et bien d’Apple. "L’accord a été déjà conclu il y a un peu plus d’un an, confie-t-il. Il porte sur la fourniture d’imageurs à temps de vol au laser, composants clés pour la détection de proximité mais aussi pour la construction de caméras 3D. Apple a dû faire beaucoup de tests avant de se décider à en passer commande en gros volume."
Une manne de plusieurs centaines de millions de dollars en 2017
A la peine dans les mobiles, où ses ventes d’iPhone ont chuté de 11,5% en 2016 selon TrendForce, Apple cherche à frapper un grand coup et marquer le 10 e anniversaire de son célèbre smartphone avec son futur iPhone, qui sera lancé en automne 2017. Et pour cela, il compte jouer à fond la carte d’innovation. "La détection de proximité, l’iPhone le fait déjà, note l’analyste. Ce qui serait nouveau c’est d’embarquer une caméra 3D pour créer de nouveaux usages : reconnaissance faciale pour la sécurité, interface gestuelle pour les commandes, chat en 3D, réalité augmentée... Tout cela a été déjà testé sans succès jusqu’ici. Mais Apple est connu pour sa capacité à reprendre des technos existantes et créer de nouveaux usages."
Ce contrat pourrait relancer le groupe franco-italien qui a perdu en 2016 sa place dans le Top 10 mondial des fournisseurs de semiconducteurs. "S’il investit 1 milliard de dollars c’est probablement pour récupérer 10 milliards sur 3-4 ans, prévoit Pierre Cambou. Mais la première année, l’apport serait modeste. Car la nouvelle technologie n’équipera que la dernière génération d’iPhone, qui représente 15% du volume total des ventes d'iPhone." Au total, le contrat avec Apple est estimé par l'analyste à quelques centaines de millions de dollars.
30 millions de composants à fournir en 2017
Selon TrendForce, Apple a écoulé près de 210 millions d’iPhone en 2016. Ceci représenterait un potentiel d’environ 30 millions d’imageurs 3D à fournir en 2017 par STMicroelectronics. Et les volumes devraient ensuite augmenter très vite. D’autant que d’autres constructeurs de mobiles comme Samsung, Huawei ou LG, connus pour être à l’affut de dernières innovations, pourraient emboiter le pas à la firme à la pomme.
D’autres fournisseurs de semiconducteurs sont en embuscade pour tirer profit de ce développement. C’est l’allemand Infineon Technologies qui fournit l’imageur de la caméra 3D embarquée par Lenovo dans son mobile à réalité augmentée Tango. "Mais ST a l’avantage d’offrir une technologie cinq fois plus économique et plus adaptée à la volumétrie dans les mobiles, développée avec l’université d’Edimbourg, en Ecosse", estime l’expert de Yole Développement.
Répit de STMicroelectronics
Après cinq années consécutives de déclin, STMicroelectronics connait un répit en 2016 avec un chiffre d’affaires en progression de 1,1% à près de 7 milliards de dollars et un bénéfice net en hausse de 58% à 165 millions de dollars.
Ingénieur Arts & Métiers, Ridha Loukil couvre les industries électronique et informatique pour L’Usine Nouvelle depuis avril 2012. Il suit ainsi les secteurs des semiconducteurs, de l’électronique grand public, le cloud computing, le Big Data, le logiciel Open Source ou encore la cybersécurité. Auparavant, Ridha était rédacteur en chef du mensuel Industrie et Technologies
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