Stelia Aerospace lance les travaux de sa nouvelle usine à Casablanca
Cédric Gautier, pdg de Stelia Aerospace a procédé à la pose de la première pierre de sa future usine de Casablanca en présence de Moulay Hafid El Alamy, ministre de l'industrie ce mercredi. A cette occasion, L'Usine Nouvelle a réalisé une interview sur le vif le PDG de Stelia dont le site marocain est situé sur la zone franche de Midparc près de l'aéroport de Casablanca et jouxte le nouveau site de Bombardier situé lui aussi dans la même zone franche. Stelia possède déjà par ailleurs une autre usine (Maroc Aviation ex-Sogerma) sur le site de l'aéroport;
L'Usine Nouvelle : L'inauguration d'aujourd'hui, c'est la concrétisation d'un projet qui date de dix-huit mois environ lancé par Aerolia avant sa fusion avec Sogerma au sein de Stelia Aerospace....
Cédric Gautier : Oui. Ce projet a été annoncé au salon de Farnborough 2014 [Cédric Gautier était alors PDG d'Aerolia NDLR], décidé au salon du Bourget 2015 et inauguré pour la phase de lancement des travaux aujourd'hui à Casablanca avec les autorités marocaines.
Y a-t-il eu un doute sur la finalisation de ce projet ?
Les doutes quand ils existent, font partie des discussions qui ont été d'ailleurs très productives, notamment avec le ministre Moulay Hafid Elalamy.. Le principal est d'arriver à un résultat.
Pouvez-vous nous rappeler le calendrier retenu pour ce projet ?
Aujourd'hui, c'est la pose de la première pierre. Le terrassement a démarré et la livraison de l'usine se fera entre juin et juillet 2016. Mais la caractéristique de ce projet et notre volonté est d'aller vite. Aussi, nous n'avons pas attendu que l'usine soit en place pour démarrer puisque nous l'avons fait dans l'usine relais installée sur une zone industrielle toute proche dans des bâtiments loués. Nous avons déjà formé une centaine d'opérateurs qui travaillent dans cette usine.
À l'été 2016, l'effectif sera de 150 à 200 personnes directement opérationnelles. Sur le plan des équipements, des bâtis d'assemblage et des machines de rivetage automatiques tournent. Quant le site sine de Midparc sera achevée, il y a aura un simple transfert d'un site à l'autre pratiquement sans rupture. Au final le site devrait à terme employer 400 à 500 salariés.
Quelles seront les principales opérations qui seront réalisées dans cette nouvelle usine ?
Elles seront doubles. La première sera de l'assemblage classique de structures métalliques aéronautiques par rivetage. La seconde concernera l'usinage de profilés longs. On va donc retrouver au Maroc une activité d'usinage de profilés longs que l'on retrouve à peu près sur l'ensemble de nos sites industriels de par le monde.
Quelle sera la taille des pièces assemblées ?
Au niveau assemblage, ce sera typiquement des barques, c'est-à-dire la partie inférieure des éléments de fuselage d'une taille de 3 à 4 mètres. Les profilés longs pourront être un petit peu plus longs mais ce seront des pièces unitaires.
Les pièces seront-elles livrées directement chez le client depuis le site de Casablanca?
Pour l'instant, elles repasseront d'abord chez Stelia pour y être assemblées dans des sous-ensembles encore plus vastes. C'est la logique retenue à ce jour.
Désormais, votre groupe aura deux usines à Casablanca distantes de quelques centaines de mètres l'une de l'autre. Quelle sera leur mode de fonctionnement ?
Il y aura une spécialisation progressive de l'activité des deux usines. L'usine historique (ex-Maroc Aviation NDLR) est fortement impactée dans le composite. Elle le sera encore plus à l'avenir avec plus d'activité et une montée en technologie. Elle fera du composite et une partie d'assemblage de sièges "affaires" , une des grandes spécialités de Stelia Aerospace. La deuxième usine, la nouvelle, fera de l'assemblage métallique et donc de l'usinage de profilés longs.
Le projet Stelia est situé sur la zone franche Midparc près de l'aéroport Mohammed V à Nouaceur. Il est chiffré à 40 millions d'euros. Le site doit être achevée mi-2017. Cette usine de plus de 15 000 m2 comprenda à terme, 400 à 500 salariés "portant ainsi le nombre total d’employés Stelia Aerospace au Maroc à plus de 800", selon Stelia qui s'appuie sur l'Institut des métiers de l'aéronautique (quasiment mitoyen) pour former ses équipes.
Vous avez insisté sur la mise en place et le développement d'un "écosystème". Sur la zone aéroportuaire de Casablanca, il existe déjà un certain nombre de sous-traitants. Avez-vous fait une évaluation des entreprises que vous souhaitez avoir comme partenaire ? Voulez vous susciter l'arrivée d'autres sous-traitants?
C'est leur décision régalienne de venir. Nous, nous leur dison, il y a des opportunités de croissance pour vous, que vous soyez déjà installés ou pas. Nous avons des partenaires historiques qui nous accompagnent. Beaucoup de présidents d'entreprises sont présents sur place et regardent les dossiers avant de prendre leur décision. Évidemment, nous serons très contents s'ils sont nombreux à franchir le pas. Nous les incitons à venir nous accompagner comme l'ont fait certains d'entre eux en France, au Canada et en Tunisie.
En clair, pour suivre votre montée en cadence, vous comptez sur des primo-arrivants mais aussi sur des investissements complémentaires pour les sous-traitants déjà installées ici?
Exactement. Nos besoins en terme de sourcing local seront importants car l'usine va participer à la montée en cadence des programmes A320neo et A350 pour lesquels nous avons été sélectionné par Airbus. Je précise que ce site va permettre de créer des emplois à la fois au Maroc et en France. Sans notre base à bas coûts ici ou encore en Tunisie, nous n'aurions pu être assez compétitifs et gagner nos derniers contrats auprès d'Airbus.
La future usine Stelia sera située à deux pas de celle de Bombardier. Des coopérations sont elles envisagées entre les deux sociétés ?
Bombardier est déjà un client important de Stelia Aerospace puisque nous avons au Canada une usine qui travaille pour ce groupe. Elle fabrique tous les tronçons de fuselage équipés des systèmes du Global 7000 et 8000. Au Maroc, on fera quelques éléments des sous-ensembles pour Bombardier qui sont assemblés en France et livrés au Canada.
Au niveau des deux usines marocaines, y aura-t-il des coopérations directes ?
Il y aura une coopération entre collègues. Nous n'avons pas encore analysé si on pouvait aller plus loin. Tout simplement parce que de notre côté on est chauffé à blanc au regard des besoins extrêmement importants que nous avons. On verra. De toute façon, toute opportunité est bonne à saisir.
Propos recueillis par Pierre-Olivier Rouaud à Casablanca
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