Steinhoff offre 863 millions d'euros pour ravir Darty à la Fnac
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\ 18h38
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Début mars, Steinhoff avait lancé une contre-offre informelle sur le distributeur d'électronique et d'électroménager, se proposant de racheter le groupe entièrement en numéraire, alors que Darty avait accepté une offre de la Fnac comportant une importante composante en actions.
Conforama se propose de racheter Darty au prix de 125 pence par action, soit 673 millions de livres sterling (863,65 millions d'euros) sur la base des données Thomson Reuters, une valorisation proche de celle de l'offre de la Fnac formulée en novembre.
"En conséquence de cette annonce, les administrateurs de Darty n’ont plus l’intention de recommander l’offre de Fnac et, à moins d’une offre plus favorable tant sur le plan financier qu’au regard de sa certitude d’exécution, Darty ne procèdera pas au 'Scheme of arrangement' envisagé par ladite offre", précise
Steinhoff dans un communiqué.
Un porte-parole de la Fnac n'a pas souhaité de faire de commentaire dans l'immédiat.
Ancienne filiale de Kering, Conforama peut compter sur la puissance financière de Steinhoff, capable de se lancer dans une opération en cash et de reprendre les quelque 200 millions d'euros de dettes de Darty.
A l'inverse, la Fnac, également issue du giron de Kering et mise en Bourse en juin 2013, même si elle est parvenue à se redresser et s'est désendettée, dispose de moyens financiers sont sans comparaison avec ceux du groupe sud-africain.
Ce dernier pèse quelques 20,0 milliards d'euros en Bourse alors que la capitalisation boursière de la Fnac ressort à 1,01 milliard et que l'enseigne poursuit une stratégie de strict contrôle de sa trésorerie et de sa dette dans des marchés qui restent difficiles.
DES SYNERGIES DIFFÉRENTES
Numéro deux français du meuble derrière le suédois Ikea, avec une part de marché de 15,7%, Conforama compte, en s'alliant à Darty, sur des synergies en matière d'achats et de chaîne logistique et sur la complémentarité de leur réseau de magasins.
Les deux enseignes ont cependant moins de produits en commun que la Fnac et Darty, qui partagent près de la moitié des produits qu'elles vendent (électronique grand public, téléphonie, petit électroménager).
La Fnac serait, selon le Journal du dimanche, à la recherche de partenaires pour améliorer son offre.
L'enseigne avait estimé à 85 millions d'euros les synergies qu'elle pourrait tirer d'un rapprochement avec Darty.
Conforama réalise plus de la moitié de ses ventes dans le meuble discount. L'électroménager représente 21% de son chiffre d'affaires, les produits "bruns" (télévision, hi-fi) et électroniques 15% et la décoration 11%.
Comme la Fnac, Conforama laisserait les deux enseignes coexister, compte tenu de leur forte notoriété.
En revanche, la direction de Darty pourrait être confortée au regard de la stratégie du groupe sud-africain qui a, jusqu'ici, privilégié le maintien des équipes en place.
Le directeur général de Darty, Régis Schultz, désireux de rester aux commandes de l'entreprise, pourrait ainsi conserver son poste, une option moins évidente, selon certains observateurs, dans le schéma de rapprochement avec la Fnac.
Les deux enseignes réaliseraient, à elles deux, un chiffre d'affaires combiné d'environ 6,7 milliards d'euros, avec près de 700 magasins en Europe dont près de 600 en France.
En matière de concurrence, si des cessions de magasins ne sont pas à exclure pour cause de position dominante, l'entourage de Conforama estime qu'un rapprochement poserait moins de problème dans la région parisienne du moins, où la Fnac est très présente.
L'action Darty a clôturé en baisse de 0,574% à 130,0 pence à la Bourse de Londres, au-dessus du prix offert par Steinhoff, tandis qu'à Paris, la Fnac perdait 0,54% à 56,97 euros, ramenant sa hausse depuis le début de l'année à 4,92%.
Parallèlement à son offre sur Darty, Steinhoff a fait savoir qu'il n'avait pas l'intention de lancer une contre-offre, entièrement en cash, sur le britannique Home Retail, laissant la voie libre à la chaîne de supermarchés Sainsbury.
(Pascale Denis et Cyril Altmeyer, avec Tiisetso Motsoeneng à Johannesbourg, édité par Marc Joanny et Marc Angrand)