STATIONS GRAPHIQUESSilicon Graphics cède aux sirènes WintelLe constructeur champion d'Unix adopte Windows NT et les puces Intel pour ses stations graphiques.
STATIONS GRAPHIQUES
Silicon Graphics cède aux sirènes Wintel
Le constructeur champion d'Unix adopte Windows NT et les puces Intel pour ses stations graphiques.
Les Compaq, Hewlett-Packard, IBM, Digital et autres Intergraph vont être confrontés à un trouble-fête de taille sur le marché, en pleine croissance, des stations de travail Windows NT, qu'ils dominent presque sans partage. Silicon Graphics (SGI), réputé pour ses stations graphiques, ses serveurs Unix et ses supercalculateurs, se convertit à son tour au couple Wintel en annonçant le lancement de stations graphiques fondées sur des puces Intel. SGI avait certes déjà flirté avec le système d'exploitation de Microsoft en décidant de le " porter " sur ses propres puces (Mips). Mais Microsoft avait mis un terme à cette ambition en cessant les développements de Windows NT sur l'architecture Mips.
Devenir numéro 1 dans les stations de travail
Choisir le monde Intel restait pour SGI le seul moyen d'éviter l'isolement. Résultat, seul Sun affiche encore une résistance ouverte à la déferlante Intel/Microsoft. Outre ses serveurs Unix et ses processeurs (Sparc), il possède il est vrai un atout dans sa manche, le langage Java. Dépourvu de telles munitions, Silicon Graphics cherchait un second souffle. Son " modèle de croissance " - augmenter le chiffre d'affaires de 50 % chaque année - a connu de sérieux ratés depuis deux ans. L'exercice 1997 s'est clos en juin dernier sur un chiffre d'affaires de 3,7 milliards de dollars, en hausse de " seulement " 25 % par rapport au précédent, marqué par des pertes de 48 millions de dollars en 1996 liées à la reprise du constructeur de supercalculateurs Cray. Et les perspectives de croissance pour l'exercice en cours plafonnent à 15 %. Dans la Silicon Valley californienne, ces chiffres passent pour le signe du déclin d'une entreprise qualifiée hier de " nouvel Apple ". Au point que certains analystes évoquaient une " triste saga ". L'entreprise de Mountain View possède pourtant un atout de taille, en l'occurrence une technologie reconnue comme la référence dans le domaine du graphisme 3D. Fort de ce joker, Silicon Graphics affiche son ambition de devancer Sun et Hewlett-Packard sur son segment de marché. " Pour atteindre notre objectif de devenir numéro 1 des stations de travail, nous avons besoin d'une offre Windows NT ", proclamait, lors de son passage à Paris, Evan Ellis, vice-président en charge du marketing. Avare de détails, il se contente d'indiquer que " des produits seront commercialisés avant juin 1998 ". Selon la stratégie de Silicon Graphics, qui consiste à transférer la technologie du haut de gamme vers l'entrée de gamme à chaque nouvelle génération de machines, ses futures stations NT devraient se différencier par leurs performances graphiques. Elles pourraient d'ailleurs utiliser des puces Pentium MMX2, la prochaine génération de la technologie multimédia d'Intel. Intergraph, champion du graphique sous Intel/NT, risque d'en pâtir. Mais c'est Hewlett-Packard, présent sur les mêmes marchés que Silicon Graphics, de NT aux supercalculateurs, qu'Evan Ellis désigne comme le concurrent.
Wintel, source de croissance
L'évolution du marché des stations de travail est révélatrice du rôle du duo Wintel. Limitée à 8 % en valeur (de 12 à 13 milliards de dollars prévus cette année), elle augmente de 15 % en volume, de 870 000 à 1 million d'unités, dont quelque 230 000 stations Intel/Windows NT. Cette dernière a fait un bond de 242 % au premier trimestre de 1997 par rapport à 1996, contre 10 % pour Unix.
USINE NOUVELLE N°2612