Standard & Poor’s se met à la notation des ETI
L’agence de notation lance la commercialisation de son service d’évaluation des ETI. Standard & Poor’s veut accompagner le mouvement de désintermédiation du financement des entreprises européennes, qui recherchent de plus en plus des alternatives au crédit bancaire.
Les analystes de Standard & Poor’s vont désormais regarder les ETI sous un jour nouveau. A l’occasion du salon Small and Mid-cap Event, qui se tenait à Paris le 2 octobre, l’agence de notation a lancé la commercialisation de son nouveau service d’analyse dédié aux entreprises de taille intermédiaires, baptisé Mid-maarket evaluation (MME).
Cette évaluation analysera la qualité de crédit des entreprises dont le chiffre d’affaires est compris entre 500 millions et 1,5 milliard d’euros, et dont la dette n’excède pas 500 millions d’euros. "Cela représente 1500 entreprises en France, dont 142 cotées", déclare Alexandra Dimitrijevic, la responsable du service MME chez Standard & Poor’s.
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De MM1 à MM8 pour juger de la qualité de crédit
Le MME vise à rendre plus transparente la qualité financière des entreprises de taille intermédiaire, pour permettre aux investisseurs de les financer plus facilement. Les instruments d’analyse de Standard & Poor’s ont été adaptés aux ETI, dans le cadre d’une nouvelle échelle d’évaluation allant de MM1 (la meilleure qualité de crédit) à MM8 (la plus mauvaise), et MMD (défaut de crédit).
Cette évaluation, effectuée à la demande de l’ETI, ne sera pas rendue publique. L’agence de notation ne la diffusera qu’auprès d’investisseurs et de tiers sélectionnés par l’entreprise.
Cette initiative de Standard & Poor’s n’est pas innocente. Elle intervient à un moment où les entreprises se tournent de plus en plus vers les marchés pour chercher du cash. "Le financement des entreprises, et des ETI en particulier, vit une période de changement structurel qui va se poursuivre sur le long terme", assure Alexandra Dimitrijevic.
Selon l’agence de notation, l’offre de crédit bancaire va continuer de se contracter. Ce qui va pousser les entreprises à se tourner de plus en plus vers des outils tels que les placements privés, ces instruments permettant à une entreprise de se financer au moyen d’obligations émises auprès d’investisseurs sélectionnés. Et la tendance est déjà amorcée : selon une étude de Standard & Poor’s, les prêts aux entreprises françaises se sont contractés de 1 % au premier semestre 2013, tandis que les émissions d’obligations augmentaient de 4 %.
"Les entreprises françaises se sont financées à hauteur de 6 milliards d’euros sur les marchés du placement privé en 2012, ajoute Alexandra Dimitrijevic. Pour 2013, on a déjà atteint les 6 milliards au mois de septembre."
Une gestion prudente de leurs finances
D’autant que les ETI présentent un profil financier intéressant pour les investisseurs. "Les ETI ont en moyenne des marges opérationnelles plus faibles que les grands groupes, remarque la responsable du service MME. Mais elles adoptent une politique financière plus prudente, avec un ratio de levier plus sage." Les ETI présentent en moyenne un ratio de deux fois la dette sur Ebitda, contre trois fois pour les grands groupes et jusqu’à cinq fois pour les entreprises sous LBO.
Les ETI françaises étudiées par Standard & Poor’s avant le lancement de son nouvel instrument d’analyse se situent ainsi du bon côté de l’échelle d’évaluation. En tout, 61 % d’entre elles se positionnent au niveau MM2 et MM3.
Cette tendance à la désintermédiation demeure toutefois fragile en Europe. "Il n’y aura pas de complète inversion du financement bancaire", estime ainsi Jean Eyraud, le chef de la division gestion d’actifs chez EDF et le président de l’Association française des investisseurs institutionnels. Selon lui, des facteurs de risque tels qu’une forte hausse des taux d’intérêt, une baisse historique des spreads, ou encore le défaut significatif d’une entreprise, pourrait même y mettre un sérieux coup de frein.
Standard & Poor’s demeure cependant confiant. Reste à savoir si les ETI demanderont spontanément cette évaluation financière, dont elles se passaient jusqu’à maintenant. Les entreprises non cotées, peu habituées à la transparence financière vis-à-vis des tiers, risquent d’avoir du mal à se prêter au jeu de l’évaluation. "Nous voyons ce service comme une transition pour les grosses ETI qui ont besoin d’une phase d’acclimatation avant d’accéder au marché public", estime cependant Carole Sirou, la présidente de Standard & Poor’s France.
Arnaud Dumas
Standard & Poor’s se met à la notation des ETI
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