Space19+ : le spatial européen joue son avenir à Séville
Le Conseil ministériel de l’Agence spatiale européenne s’ouvre ce mercredi 27 novembre à Séville (Espagne). Cette réunion de deux jours, baptisée Space19+, fixera le budget accordé par les Etats membres et les activités prioritaires pour les trois à cinq années à venir. Et les enjeux sont de taille tant les ambitions affichées actuellement par les Etats-Unis et la Chine dans le domaine du spatial sont importantes.
Baptisé « Space19+ », le Conseil ministériel de l’Agence spatiale européenne (Esa) s’ouvre ce 27 novembre à Séville (Espagne). Pendant deux jours, les ministres en charge des activités spatiales au sein des 22 Etats membres de l’Esa discuteront des activités à mener pour les trois à cinq années à venir et du budget associé. Celui proposé est de 14,3 milliards d’euros (Md€). Lors du précédent conseil qui avait eu lieu en décembre 2016 à Lucerne (Suisse), les ministres avaient négocié une enveloppe de 10,3 Md€. Une augmentation significative qui s’explique par la volonté, pour l’Europe, de rester dans la course face aux ambitions des Etats-Unis et de la Chine.
« Démonstration de force américaine »
« Il y a urgence, a martelé André-Hubert Roussel, président exécutif d’ArianeGroup, le 29 octobre dernier lors d’une audition publique organisée par l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (Opecst). II y a une remontée en puissance de la Chine et des Etats-Unis qui se traduit par des discours sans ambiguïté et des investissements massifs. Pendant la présidence de Donald Trump, le budget spatial américain augmente de plus de 10% par an. » Également présent lors de l'audition et de retour du 70ème Congrès international d'astronautique (IAC 2019) qui se tenait à Washington la semaine précédente, le président du Centre national d’études spatiales (Cnes), Jean-Yves Le Gall a admis avoir assisté à « une démonstration de force impressionnante des Etats-Unis ». De plus, a-t-il ajouté, la Chine devrait conforter sa position de leader en termes de lancements cette année. En 2018, elle avait déjà affiché 39 lancers, contre 29 pour les Etats-Unis, 20 pour la Russie et 8 pour l’Europe.
Les « GAFA de l’espace »
Au-delà des ambitions de l’Agence spatiale américaine (Nasa) qui met les bouchées doubles pour retourner sur la Lune en 2024, M. Roussel a également souligné l’émergence de ce qu’il appelle les « GAFA de l’espace », comme SpaceX ou Amazon : « Ces entreprises verticalisées travaillent sur l'accès à l'espace, les constellations, les véhicules spatiaux pour l'exploration spatiale, et les services. Elles veulent être les premières à investir ce nouveau marché de la donnée spatiale et de la donnée des objets. » A ce jour, SpaceX a déjà mis en orbite 120 satellites de sa constellation Starlink avec ses propres lanceurs. Amazon planche sur sa constellation baptisée Kuiper tout en développant son futur lanceur New Glenn et en affichant sa volonté de participer au programme lunaire de la Nasa . Même s’il ne développe pas de lanceurs comme ses deux concurrents, l’américain OneWeb est également dans la course aux constellations avec six satellites lancés en février 2019.
La France, premier contributeur
Pour faire face à ces évolutions rapides du domaine du spatial, l’enveloppe de 14,3 Md€ proposée à Séville est répartie selon plusieurs piliers : « Les principaux enjeux programmatiques portent sur la consolidation de la politique d’accès à l’espace, la définition des prochaines étapes de l’exploration et le maintien de la compétitivité industrielle dans les filières de satellites », indique le Cnes dans un communiqué du 25 novembre. Pour l’accès à l’espace, 2,662 Md€ sont proposés pour les développements liés aux lanceurs Ariane 6 et Vega-C, au moteur P120C et aux briques technologiques du lanceur du futur, comme le moteur Prometheus. Pour l’exploration, 1,980 Md€ devraient être alloués à la Station spatiale internationale, la Lune et Mars. Enfin, 2,394 Md€ sont prévues pour les programmes d’observation de la Terre et 1,740 Md€ pour le développement de technologies liées aux télécommunications par satellites dans le cadre du programme ARTES.
La France devrait rester le premier contributeur au budget de l’Esa : « Le budget français que nous discutons avec le gouvernement est de l’ordre de 2,5 Md€, a précisé M. Le Gall lors de l’audition de l’Opecst. De quoi, espère-t-il, « conforter le rôle éminent de l'industrie spatiale française qui est à la pointe de la technologie et représente 16 000 emplois très hautement qualifiés sur les 40 000 que compte le spatial en Europe. »
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