[Sortie d'usine] Dans les coulisses de la fonderie Cornille-Havard, qui a conçu neuf cloches de la cathédrale Notre-Dame de Paris
Parmi les cloches de la cathédrale Notre-Dame de Paris, neuf ont été produites à la fonderie Cornille-Havard de Villedieu-les-Poêles (Manche), et livrées en 2013. Retour sur les procédés de leur fabrication.
Elles rythmaient la vie des fidèles par leur sonnerie, notamment en appelant à la prière. Autrefois, et avant que tout le monde dispose d’une montre ou d’un téléphone, elles permettaient également d'indiquer l’heure. Après la catastrophe de l’incendie de Notre-Dame, on espère pouvoir les entendre à nouveau un jour.
Parmi les cloches de la cathédrale, neuf ont été produites à la fonderie Cornille-Havard de Villedieu-les-Poêles, dans la Manche. Loin d’être anciennes, elles ont été livrées le 31 janvier 2013, à l’occasion des 850 ans de l’édifice. Une commande d’une valeur d’environ 2 millions d’euros. Elles ont par la suite reçu leur bénédiction le 2 février 2013 et ont sonné pour la première fois le 23 mars 2013.
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Chacune possède un nom, un poids et une note propre. Dans la tour Sud, le petit bourdon Marie pèse 6 tonnes et sonne un sol dièse. Dans la tour Nord, Gabriel pèse quatre tonnes et sonne un la dièse, Anne-Geneviève pèse 3,4 tonnes et sonne un si, Denis pèse 2,5 tonnes et sonne un do dièse, Marcel pèse 1,9 tonne et sonne un ré dièse, Étienne pèse 1,5 tonne et sonne un fa, Benoît-Joseph pèse 1,3 tonne et sonne un fa dièse, Maurice pèse 1 tonne et sonne un sol dièse, Jean-Marie pèse 782 kg et sonne un la dièse.
Modélisation informatique
La note dépend du diamètre de la cloche, et du rapport entre celui-ci et son épaisseur. Pour déterminer ce profil, la fonderie Cornille Havard le modélise sur ordinateur, puis le découpe des prototypes des cloches au laser. On les appelle des "gabarits". Ces derniers guident la construction des différentes parties du moule qui serviront à fabriquer la cloche. Une technique de moulage dite "au trousseau".
En premier lieux, les équipes construisent l’armature qui soutiendra le reste du moule. Elle est recouverte d’un mélange d’argile, de crottin de cheval et de poils de chèvre et va donner la forme intérieure de la cloche, nommée le noyau. On y appose alors une couche isolante pour la séparer de la seconde partie, la fausse cloche. Faite en argile et recouverte de cire, celle-ci possède la même forme que le produit final.
Par la suite, la fausse cloche est enduite de plusieurs couches de plus en plus épaisses du mélange argile, crottin de cheval et poils de chèvre. Une carapace va se former, que l’on appelle la chape. Lorsqu’elle devient suffisamment épaisse, le feu est accentué, ce qui fait fondre la couche de cire et apparaître à l’envers sur la partie intérieur de la chape les formes et détails préalablement apposés.
On vient soulever la chape, casser la fausse cloche, et reposer la chape sur le noyau. Le vide créé accueille alors le métal de la cloche, sur lequel se dessineront les formes et détails. Parallèlement, un modèle de couronne en cire et en argile est chauffé dans une étuve à 200°C. Le moule obtenu est ensuite ajusté sur celui de la cloche. Le tout est coulé en une seule fois.
Une fonte à 1 200°C dans un four de 1865
Depuis 2003, Cornille-Havard coule toutes ses cloches à l'envers, la tête en bas. Une technique qui aurait permis d’améliorer leur qualité finale. Alliage de 78 % de cuivre et 22 % d’étain, le bronze utilisé est fondu à 1 200°C dans un four réverbère à double voûte de 1865 et d’une contenance de 13 tonnes. Celui-ci sert pour les cloches de plus de 500 kg. Pour les plus petites, le métal est fondu dans un four à creuset. Après la coulée, le moule refroidit une semaine minimum, puis est cassé pour obtenir la cloche brute. Celle-ci sera sablée, polie, ciselée et accordée.
Héritière d’une tradition de fondeurs de cloches itinérants, l’atelier de la fonderie Cornille-Havard a été créé en 1865 par l’ingénieur polytechnicien Adolphe Havard. En 1903, celui-ci s’associe avec son gendre, Léon Cornille. Après un changement de direction en 1934, l’activité s’arrête en 1944, avant d’être relancée par Marguerite Cornille, fille et petite-fille des deux associés. Elle cède la fonderie en 1981 à Françoise et Luigi Bergamo, qui vont être les premiers à modéliser les tracés en CAO et mettre au point le contrôle acoustique sur analyseur de spectre électronique.
En 2001, Paul Bergamo vient intégrer la gestion de l’entreprise, qu’il rachète entièrement en 2012. Au-delà de la fonderie de cloches, l’atelier réalise également des fonderies d’arts, et accueille chaque année plus 55 000 visiteurs.
Ci-dessous un reportage de la Manche Libre de 2012 détaillant en images le processus de fabrication des cloches.
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