Solvay signe un accord syndical de RSE mondial
Le groupe chimiste Solvay a signé avec Industriall un accord sur la RSE (responsabilité sociale et environnementale). Les engagements généraux sont déclinés en indicateurs et des audits réguliers auront lieu à travers à le monde pour vérifier la concordance entre le texte signé et les pratiques. Avec ce type d’accord s’esquisse ce que pourrait être une négociation sociale mondialisée.
C’est dans le laboratoire privé d’Ernest Solvay – le fondateur du groupe éponyme – dans la chic rue des Champs Elysées de Bruxelles, que la direction du groupe chimique a signé un accord sur la responsabilité sociale et environnementale avec Industriall, une organisation internationale qui réunit plusieurs syndicats. Cet accord a pour champ d’application l’ensemble des sites du chimiste. Il s’inscrit dans la logique d’un premier texte qui avait été signé en 2005 par Rhodia qui a depuis fusionné avec Solvay. "Après la fusion, nous avons cherché comment développer cette démarche", a rappelé Jean-Pierre Clamadieu, le président du comité exécutif du groupe.
C’est donc chose faite depuis mercredi 18 décembre, où ce dernier et Jyrki Raina, le secrétaire général d’Industriall, ont signé ce texte d’une vingtaine de pages, dans une ambiance bonne enfant et cosmopolite. Pour l’occasion des syndicalistes brésiliens étaient venus, et Jean-Christophe Sciberras, le DRH du groupe, s’improvisait traducteur de l’anglais et du français vers le portugais.
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Dans le préambule de l’accord, qui est valable pour trois ans, il est indiqué que "les métiers de la chimie ne peuvent s’exercer sans un sens élevé des responsabilités". Le groupe s’engage ainsi à respecter dans tous les pays où il est présent les normes de l’organisation internationale du travail et du pacte mondial de l’ONU, y compris dans les pays qui ne les ont pas ratifiés.
Difficultés de traduction
Loin d’être une suite de déclarations de bonnes intentions, l’accord prévoit aussi une liste d’indicateurs de suivi. En outre, des missions d’évaluation seront réalisées régulièrement par les syndicats. Jyrki Raina a indiqué : "nous sommes très contents de ce texte […] car c’est un bon accord, écrit dans des termes compréhensibles par tous." Pour cela, les difficultés liées aux différents environnements juridiques n’ont pas toujours simplifié le travail. Ainsi, une bonne partie de la négociation a porté sur le sens à donner à l’expression "management neutre" (ou neutralité du management) à l’égard des organisations mondiales. La formulation inquiétait, en effet, les responsables des business units des Etats-Unis. "La culture du travail aux Etats-Unis n’est pas la même qu’ailleurs. Le rôle du juge est important", explique Michaël Lacey, responsable d’Essential Chemicals USA. En conséquence, Européens et Américains ont travaillé pour préciser la notion et sont arrivés à l’expliciter de façon consensuelle en convenant qu’un management neutre est un management qui s’appuie sur des faits et non sur des opinions subjectives et qui n’exprime pas d’hostilité notamment vis-à-vis des organisations syndicales.
Albert Kruft, le secrétaire général du comité d’entreprise européen, qui a été moteur dans la négociation, rappelle que Solvay "s’est toujours comporté comme un acteur socialement responsable". Selon lui, dans un monde globalisé, "les lois nationales sont moins pertinentes". D’où l’importance d’une telle convention : "nous [les Européens] devons pousser les autres pays à adopter des standards élevés. Sinon nous ne pourrons pas maintenir notre situation en Europe."
Christophe Bys
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