Le "vot‘action" a rendu son verdict. Mercredi 23 mai, les cheminots ont désavoué à une majorité écrasante le projet de réforme du ferroviaire imposé par le gouvernement et soutenu par la direction de la SNCF.
94,97 % ! Un résultat à la soviétique qui marque surtout une profonde rupture entre la direction de la SNCF et les cheminots. Le "vot‘action" a rendu son verdict ce mercredi 23 mai 2018 matin et il est sans surprise. Pour la direction qui n’a cessé de dénoncer ce référendum et de le qualifier d’illégitime, la forte participation (61,15 %) - même si ce vote n’a aucune valeur légale – marque un certain désaveu des positions de la direction qui, depuis plusieurs mois, ne cessent de défendre le projet de loi.
Bien entendu, on peut toujours s’interroger sur l’exactitude des résultats. Guillaume Pepy, le président du directoire de la SNCF et
PDG de SNCF Mobilités, a même évoqué la possibilité pour certains de voter plusieurs fois.
Les sénateurs cajolent les "réformistes"
Alors que le projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire entre en discussion au Sénat à partir du 29 mai, pour un vote solennel le 5 juin, et que près de 170 amendements ont déjà été déposés, les sénateurs auront tout le loisir d’adoucir la potion amère pour les cheminots, afin d’ouvrir une brèche dans l’unité syndicale.
En effet, si certains amendements sont votés - comme le transfert du personnel sur la base du volontariat en cas de perte d’un contrat par la SNCF, la garantie du salaire et un droit au retour -, l’UNSA et la CFDT pourraient revoir leur position. Le Premier ministre Edouard Philippe devrait d'ailleurs recevoir les organisations syndicales le 25 mai et faire quelques annonces avant la fin du mois… notamment sur le plan de relance du fret ferroviaire et la reprise de la dette.
La tête de Pepy pour calmer les syndicats
Mais le gouvernement pourrait aussi donner en pâture aux cheminots la tête du patron de la SNCF, Guillaume Pepy, comme l’indiquait le Canard enchaîné dans son édition du 16 mai 2018. Considéré par les organisations syndicales comme "le petit télégraphiste" du gouvernement, sa cote auprès des cheminots a pris du plomb dans l’aile. Car même si Guillaume Pepy n’est pas à l’origine de ce vote, le précédent Air France - qui a fait une victime en la personne de son patron, Jean-Marc Janaillac - pourrait provoquer des dommages collatéraux au sein de la SNCF.
Et l’étude Sphère publique 2018 réalisée auprès d’un échantillon de 180 journalistes montre que l’étoile de Guillaume Pepy a largement pali. "Il subit l’usure du temps et des évènements", prévient un spécialiste du ferroviaire. Les accidents de Brétigny-sur-Orge le 12 juillet 2013 et d’Eckwersheim le 14 novembre 2015, la réforme avortée de 2016, la défense du transport du quotidien après avoir défendu le tout TGV pendant des années… Autant d’évènements qui ont entamé son crédit.
Une liste de successeurs crédibles
Il figure donc aujourd’hui en queue de peloton de ce classement dans lequel sont notés 52 patrons. Marie-Christine Lombard, la patronne de Geodis ferme la marche. Parmi les dirigeants de la SNCF, trois successeurs potentiels se trouvent dans les quinze premiers. Alain Krakovitch, directeur général de SNCF Transilien est en neuvième position. Son profil correspond à la nouvelle stratégie insufflée par le gouvernement : donner la priorité au transport du quotidien. Suivent en 10ème position, Jean-Pierre Farandou, le patron de Keolis, une filiale qui a le vent en poupe et en quinzième position, Patrick Jeantet, le PDG de SNCF Réseau, connu pour son franc-parler.
Et ce trio est largement favorable au projet de loi du gouvernement. A moins que Mathias Vicherat, le directeur général adjoint de la SNCF chargé du projet d'entreprise et de la communication, ne coiffe tout le monde sur le poteau. Il a pour lui d’être issu de la promotion Léopold Sédar Senghor de l'ENA… comme le Président de la République Emmanuel Macron. Mais une surprise n’est pas exclue, y compris le fait que Guillaume Pepy puisse achever son mandat qui se termine en 2020.
Titulaire d’une maîtrise d’Information et Communication et d’une licence d’Histoire, Olivier a rejoint la rédaction de l’Usine Nouvelle en 2008. Chef du service Environnement – Energie – Transport – Santé – Chimie et Agro-alimentaire, pendant sept ans (2013 -2020), il a choisi en 2021 de devenir grand reporter en charge de l’environnement, des utilities, des mobilités et des industries ferroviaire et navale.
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