Après trois années consécutives de recul, Sharp renoue avec la croissance au premier trimestre 2017. Une convalescence qui ouvre la voie à un immense chantier de transformation de 3 ans. Objectif ? Faire du groupe japonais d'électronique une marque globale diversifiée dans les services cloud d’Internet des objets.
Les clignotants passent, l’un après l’autre, au vert chez Sharp. Après s’être passé à un résultat d’exploitation positif au troisième trimestre 2017 puis à un bénéfice net au quatrième trimestre 2017, le groupe japonais d’électronique, en difficultés financières chroniques depuis 2012, renoue avec la croissance au premier trimestre 2017. Il réussit ainsi à franchir avec succès les trois étapes de convalescence fixées par le taiwanais Tai Jeng-wu, qui dirige le groupe depuis sa prise de contrôle par le géant de la sous-traitance électronique Foxconn en août 2016.
Un retournement inattendu
Ces résultats marquent un retournement tout aussi impressionnant qu’inattendu. Terry Gou, le PDG-fondateur de Foxconn, espérait lors de la prise de contrôle de 66% du capital de Sharp un redressement sur 3 ou 4 ans. Son bras droit Tai Jeng-wu a tenu à accélérer l'objectif afin de restaurer au plus vite la confiance des banquiers, clients et partenaires, et remotiver le personnel. Pari gagné.
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Contrairement aux attentes des observateurs, le nouvel homme fort de Sharp a enclenché le redressement sans nouvelle suppression de poste, ni cessions d’actifs, ni arrêt des activités problématiques comme la télévision, les panneaux solaires ou les écrans LCD, qui plombent le groupe depuis des années. Au contraire, il a choisi de relancer les investissements dans ces activités emblématiques de l’entreprise avec trois objectifs : accélérer le développement et l’industrialisation des écrans Oled, renforcer l’effort commercial et la production dans le solaire, et revenir dans la télévision en Europe, un marché déserté en faveur d’un licenciement de la marque au slovaque UMC.
Nouvelle dynamique favorable
En dépit de cette effort, Sharp clôt son exercice fiscal en mars 2017 dans le rouge pour la troisième année consécutive, avec un chiffre d’affaires en baisse de 16,7% à 2050 milliards de yens (18,4 milliards de dollars) et une perte nette de 24,8 milliards de yens (220 millions dollars de dollars), dix fois moins que sur l’exercice fiscal précédent. Mais, pour la première fois en trois exercices, son résultat d’exploitation est positif. Il atteint 62,4 milliards de yens (560 millions de dollars), contre un résultat négatif de 162 milliards de yens un an auparavant. Et le groupe semble engagé dans une dynamique favorable.
L’occasion pour Tai Jeng-wu de passer à la prochaine étape : la transformation du groupe d’ici trois ans. L’objectif est ambitieux : faire passer Sharp d’un groupe japonais focalisé sur la construction de matériels banalisés comme la télévision LCD à une marque globale de l’Internet des objets. L’idée est de valoriser son immense savoir-faire dans des technologies comme l’imagerie 8 K (qui offre 16 fois la résolution d’image de l’actuelle haute définition), la robotique de services ou l’intelligence artificielle pour offrir des services cloud en prolongement des produits connectés qu’il sera amené à vendre. Et Foxconn semble prêt à l’aider dans cette diversification.
Bientôt un PDG à nouveau japonais
Tai Jeng-wu n’entend pas s’éterniser à la tête de Sharp. Il estime son rôle de redressement en passe d’être terminé et qu’il appartiendra à un PDG japonais, jeune et offensif, de prendre le relais pour mener cette transformation.
Ingénieur Arts & Métiers, Ridha Loukil couvre les industries électronique et informatique pour L’Usine Nouvelle depuis avril 2012. Il suit ainsi les secteurs des semiconducteurs, de l’électronique grand public, le cloud computing, le Big Data, le logiciel Open Source ou encore la cybersécurité. Auparavant, Ridha était rédacteur en chef du mensuel Industrie et Technologies
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