Sharp passe au vert et entrevoit une reprise de la croissance en 2017
Pour la troisième année consécutive, Sharp termine 2016 dans le rouge. Mais le groupe japonais d’électronique passe au vert au quatrième trimestre 2016 au prix d’une lourde transformation, et entrevoit une reprise de sa croissance en 2017.
Le taiwanais Tai Jeng-wu, qui dirige Sharp depuis août 2016, est en passe de réussir son pari de mettre le groupe japonais d’électronique en proie à des difficultés chroniques depuis 2011 sur le chemin de la convalescence. Les deux premiers actes de son plan de redressement s’avèrent être une réussite. Le premier vise à passer à un résultat d’exploitation positif. C’est chose faite au troisième trimestre 2016 avec un bénéfice d’exploitation de 2,5 milliards de yens, l’équivalent de 22 millions de dollars. Le second est de passer ensuite au vert. C’est également chose faite au quatrième trimestre 2016 avec un bénéfice net de 4,2 milliards de yens, l’équivalent de 37 millions de dollars. La prochaine étape est de renouer avec la croissance dès le premier trimestre 2017.
Accélération du calendrier de retour aux bénéfices
Si ces projections se confirment en 2017, elles marqueront un retournement inattendu. Terry Gou, le PDG-fondateur de Foxconn, qui a pris le contrôle de 66% du capital de Sharp en aout 2016, espérait un redressement dans 3 ou 4 ans. Son bras droit Tai Jeng-wu a tenu à accélérer l'objectif afin de restaurer au plus vite la confiance des banquiers, clients et partenaires, et remotiver le personnel.
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Contrairement aux attentes des observateurs, le nouvel homme fort de Sharp a enclenché le processus de convalescence sans nouvelle suppression de poste ni arrêt des activités problématiques comme la télévision, les panneaux solaires ou les écrans LCD, qui plombent le groupe depuis des années. Au contraire, il a choisi de relancer les investissements dans ces activités avec trois objectifs : accélérer le développement et l’industrialisation des écrans Oled, renforcer l’effort commercial en Asie-Pacifique dans le solaire, et revenir dans la télévision en Europe et Amérique du Nord, deux marchés désertés en faveur d’une présence indirecte de la marque via le slovaque UMC et le chinois Hisense.
Transformation du management et des mentalités
En dépit de cet effort, Sharp termine 2016 dans le rouge pour la troisième année consécutive, avec un chiffre d’affaires en baisse de 24% à 2010 milliards de yens (17,9 milliards de dollars), une perte d’exploitation de 114 milliards de yens (1 milliard de dollars) et une perte nette de 188,7 milliards de yens (1,7 milliard de dollars), près de deux fois moins qu’en 2015.
Depuis son arrivée à la tête du groupe, Tai Jeng-wu s’est employé à changer le mode de management et les mentalités, mettant en place un système de rémunération au mérite et encourageant le personnel à faire preuve d’innovation. Et pour redonner confiance au personnel, il n’a pas hésité à racheter le campus historique à Osaka, vendu par la direction précédente, à suspendre les baisses de salaire et déménager le siège social d’Osaka à Sakai, où se trouve le site industriel intégré de fabrication de grands écrans LCD et des panneaux solaires.
Rupture avec Samsung
Preuve de sa confiance retrouvée, Sharp n’a pas hésité de se passer de son plus grand client dans les écrans de télévision, Samsung Electronics, en suspendant les livraisons au début de 2017. Pour Tai Jeng-wu, plus question de fournir des concurrents. Et tant pis si le géant coréen de l'électronique représente 40% de la production de l’usine de Sakai. L’objectif est de faire de ses écrans, fabriqués dans l’usine la plus avancée au monde, un avantage compétitif pour sa contre-offensive dans la télévision.
Les chiffres de Sharp en 2016
Effectif : 42 260 personnes, dont 19 200 au Japon
Chiffre d’affaires : 2009,7 milliards de yens (2638,3 milliards de yens en 2015)
Perte d’exploitation : 114 milliards de yens (128,3 milliards de yens en 2015)
Perte nette : 188,7 milliards de yens (323,4 milliards de yens en 2015)
Investissements industriels : 78,8 milliards de yens (51 milliards de yens en 2015)
Investissements R&D : 113 milliards de yens (139,1 milliards de yens en 2015)
Volume de ventes :
4,6 millions de téléviseurs LCD (6,4 millions en 2015)
4 millions de smartphones (4,2 millions en 2015)
Sharp passe au vert et entrevoit une reprise de la croissance en 2017
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