Septième année de baisse attendue pour l'habillement en 2014
par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Le marché français de l'habillement devrait encore reculer en 2014 et accuser le triste record d'une septième année de baisse consécutive, plombé par une conjoncture économique déprimée et le poids accru des dépenses contraintes, notamment fiscales.
Les ventes de prêt-à-porter homme, femme et enfant sont ainsi attendues en recul de 1,4% en 2013 et devraient encore baisser l'an prochain, à un rythme qui pourrait être cependant plus ralenti (-1%), selon les estimations de l'Institut français de la mode (IFM).
"Dans un environnement qui reste difficile, les consommateurs achètent moins, mais mieux", explique Evelyne Chaballier, professeur associée à l'IFM, commentant l'étude annuelle de l'institut sur les perspectives de la mode et du textile pour 2014, publiée jeudi.
En 2013, la baisse des volumes vendus a en effet atteint 4%, mais a été en partie compensée par une légère hausse des prix (+2,8%).
Très corrélé à l'évolution du PIB, le marché de la mode en France ne parvient pas à enrayer un mouvement de baisse continu depuis la crise financière de 2008. Il a perdu 11% de sa valeur depuis et totalisait 28,7 milliards d'euros à la fin 2012.
Gildas Minvielle, responsable de l'observatoire économique de l'IFM, souligne que "les efforts demandés aux ménages, notamment en matière fiscale ont été extrêmement importants en 2013".
Dans un contexte de faible consommation des ménages, la mode n'est pas totalement sacrifiée, selon lui, car elle reste un élément important de l'image de soi. Mais, ajoute-t-il, "il ne faut pas s'attendre à de forts taux de croissance".
NOUVEAUX MODES DE CONSOMMATION
"La crise a modifié les modes de consommation et la nouveauté, aujourd'hui, c'est que ça touche toutes les catégories de population", note Evelyne Chaballier, faisant référence au succès des ventes de meubles de designers sur certains sites de ventes entre particuliers, comme Le Bon Coin, ou le succès des boutiques de vêtements "vintage".
Comme en témoigne le succès du britannique Asos, le e-commerce, avec ses prix réduits, sa facilité d'usage et sa capacité d'innovation, apparaît comme le grand bénéficiaire du marasme qui touche de plein fouet les réseaux de magasins multimarques et qui n'épargne pas les grandes chaînes comme l'espagnol Zara (groupe Inditex) ou le suédois H&M.
Les ventes en ligne pèsent aujourd'hui pour 13% du marché français de l'habillement.
"C'est un chiffre considérable, qui va conduire les distributeurs à se réinventer", note Gildas Minvielle.
En retard sur d'autres secteurs de la distribution comme l'équipement de la maison, l'habillement va lui aussi devoir apporter du service et permettre la complémentarité entre les magasins et leurs sites de vente en ligne.
Sans parler d'embellie pour 2014, l'IFM estime qu'avec des perspectives de croissance plus favorables, le marché de l'habillement devrait voir sa baisse ralentir.
Le gouvernement table sur une progression du PIB de 0,9% l'an prochain, un chiffre proche de celui attendu par l'OCDE (+1%).
Edité par Dominique Rodriguez