semi-conducteurs.INTEL INAUGURE SA PREMIèRE USINE EUROPéENNE DE PUCESIntel met les bouchées doubles pour conserver son avance7milliards de dollars dépensés en cinq ans pour les usines et les équipements. Et des efforts soutenus en R&D.
semi-conducteurs.
INTEL INAUGURE SA PREMIèRE USINE EUROPéENNE DE PUCES
Intel met les bouchées doubles pour conserver son avance
7milliards de dollars dépensés en cinq ans pour les usines et les équipements. Et des efforts soutenus en R&D.
Intel intensifie ses investissements. D'autant plus que la concurrence se fait pressante et nombreuse pour s'attaquer aux positions du champion. Pas question, donc, qu'il baisse sa garde, fidèle à la régle d'or d'Andy Grove, président-fondateur: "Vous pouvez avoir les meilleurs produits du monde, mais si vous n'investissez pas assez dans les moyens de les produire, tous vos efforts seront vains." Les ventes records de 8,8milliards de dollars en 1993, en progression de 50%, qui ont propulsé Intel au premier rang mondial des fabricants de semi-conducteurs, ne l'empêche pas d'aller de l'avant. Le numéro1 mondial du microprocesseur inaugure sa première unité de production européenne de puces, à Leixlip, près de Dublin. Un investissement de 750millions de dollars, pour une usine qui fabriquera les toutes dernières générations de microprocesseurs (notamment le Pentium), celles qui font appel à la technologie 0,6micron sur des tranches de silicium de 200millimètres. Aujourd'hui de 680personnes, ses effectifs seront portés à 1300 au début de l'année prochaine. Sa production sera alors de 4millions de microprocesseurs Pentium par mois. Prise en 1990, la décision d'implanter une unité de production de semiconducteurs en Irlande a anticipé l'évolution d'un marché européen où les besoins en composants sophistiqués sont devenus prépondérants. Aujourd'hui, 30% des 38millions de micro-ordinateurs fabriqués dans le monde le sont en Europe. L'électronique envahit l'automobile. La téléphonie mobile explose. De fait, les microprocesseurs et leurs circuits périphériques ont connu une croissance de près de 45% en 1993 et représentent 27% du marché des semiconducteurs (18% en 1990).
Une productivité doublée en cinq ans
L'usine irlandaise s'inscrit dans une politique d'investissements massifs en moyens de production et dans la technologie. Un virage stratégique qu'ont pris les responsables de Santa Clara au sortir de la grande crise des puces américaines de la mi-80. "En cinq ans, nous aurons dépensé plus de 7milliards de dollars pour les usines et les équipements", rappelait dernièrement Andy Grove. Grâce à ce programme, Intel a doublé le chiffre d'affaires par employé en cinq ans, pour le porter à 318000dollars en 1993. Cette année, les dépenses en immobilisation atteindront 2,4milliards de dollars, en progression de 26%. Le montant d'investissement le plus élevé qu'ait jamais connu l'industrie mondiale du semiconducteur. Et la fameuse Fab9 de Rio Rancho (en cours de construction), qui doit fabriquer le futur microprocesseur P6 à partir de 1995, sera la première usine de semiconducteurs à 1milliard de dollars ! Parallèlement, Intel s'applique à maintenir ses efforts technologiques, enchaînant le développement de ses microprocesseurs à un rythme soutenu. "Lorsque Intel a dévoilé son modèle Pentium, en mars dernier, le développement de ses deux futurs microprocesseurs était déjà très avancé", constate un concurrent. Les sommes engagées font frémir: 1,2 milliard de dollars en 1992, puis 1,6milliard en 1993 sur le futur P6, qui doit sortir l'année prochaine, et déjà 1,7milliard sur deux ans pour le développement du P7, dont l'annonce est prévue en 1996.
Une écrasante domination
Cette stratégie s'est révélée payante. Intel s'est encore arrogé 83% du marché des microprocesseurs pour micro-ordinateurs en 1993, laissant ses concurrents loin derrière: Motorola (6%), AMD (5%), Cyrix (1%) et Texas Instruments (1%). Lorsque les fabricants de clones ont entamé les positions de son modèle 486, Intel a lancé le Pentium, tout en baissant les prix du 486. Un coup sévère pour la concurrence, qui a dû s'aligner. "En 1994, notre objectif est de faire en sorte que l'on trouve des ordinateurs aux mêmes prix qu'en 1993, mais équipés de processeurs deux fois plus performants", vient d'annoncer le patron d'Intel. Pour efficace qu'elle soit, cette politique est coûteuse. Et elle ne peut que s'appuyer sur de solides parts de marché. La montée en puissance des microprocesseurs Risc et du Power PC - fruit de l'alliance de Motorola, d'IBM et d'Apple - et les projets de Texas Instruments dans des circuits de type 486 risquent de modifier l'équation. Les responsables d'Intel savent qu'il leur faudra alors de nouveau anticiper.
Jean-Pierre Jolivet
La technologie galope
Intel dévoilera l'année prochaine son microprocesseur P6, le successeur de l'actuel Pentium. Un monstre de calcul sur quelques centaines de millimètres carrés de silicium: une puissance de 300millions d'instructions par seconde, une vitesse dépassant les 200mégahertz grâce à l'intégration de 6millions de transistors sur la puce. On est loin des 30000transistors du modèle 8086, le coeur des micro-ordinateurs du début des années 80. Mais cette course à la performance est coûteuse. Les microprocesseurs d'aujourd'hui imposent de nouvelles solutions: des techniques de gravure des puces inférieures au demi-micron; les architectures super-scalaires, qui permettent à plusieurs unités centrales de travailler en parallèle et, ainsi, de gagner en rapidité; l'intégration de mémoires statiques rapides pour réaliser les indispensables mémoires-cache; ou, encore, l'utilisation de tensions d'alimentation réduites, pour compenser la dissipation thermique du grand nombre de transistors de la puce. Cela explique le milliard de dollars qu'Intel s'apprête à investir encore cette année en R&D.
USINE NOUVELLE - N°2444 -