Selon le Giec, le monde a consommé deux tiers de son "crédit carbone"
Le monde industriel a déjà émis 2000 milliards de tonnes de CO2. Pour ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique, il ne faudra pas dépasser 2900 milliards de tonnes. Telle est la dernière alerte du Giec.
Ce dimanche 2 novembre, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) présentait la synthèse de son 5ème rapport d’évaluation. Le document insiste de nouveau sur les preuves qui lient les émissions humaines de CO2 au réchauffement climatique et tire la sonnette d’alarme sur l’urgence d’agir. "La science a parlé. Il n'y a aucune ambiguïté sur son message. Les gouvernements doivent agir. Le temps joue contre nous", a résumé Ban Ki-Moon, le secrétaire général des Nations Unies.
Ce lundi 3 novembre, plusieurs des experts français étaient réunis au ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie. Ils y ont expliqué les enjeux de ce rapport de synthèse de 30 pages. "Il est destiné aux politiques, mais c’est à eux désormais de s’en emparer et d’agir", a jugé Jean Jouzel, climatologue et vice-président du Giec. "Il n’y a pas de nouveaux contenus, mais cette synthèse est plus fluide, plus facile à appréhender par les politiques", assure-t-il.
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De fait, la synthèse égrène des faits et chiffres chocs : "la période 1983-2013 est la plus chaude depuis 1400 ans", assure ainsi Sylvie Joussaume, climatologue, directrice de recherches au CNRS qui a participé à l’élaboration du rapport. "Entre 1750 et 2011, 2040 milliards de tonnes de CO2 ont été émis dont la moitié sur les 40 dernières années", explique-t-elle. Or "limiter le réchauffement total dû aux activités humaines à moins de 2°C (…) impliquerait des émissions cumulées de CO2 (…) inférieures à 2900 milliards de tonnes". Deux tiers de ce qu’on a "le droit d’émettre" ont donc déjà été relâchés.
Les gouvernants prêts à entendre le message
"Il nous reste un tiers à consommer. Nous avons donc devant nous 25 ans en consommant comme aujourd’hui… Or les émissions accélèrent", explique Nicolas Bériot, directeur de l'Observatoire national des effets du réchauffement climatique. Le problème est que le rapport de synthèse affirme que pour tenir la limite des 2°C d’augmentation de la température, il faudra réduire les émissions de 40 à 70 % en 2050 et atteindre zéro, voire des émissions négatives à la fin du siècle.
Reste à savoir si ces messages seront entendus et pris en compte par la classe politique à l’occasion des deux grandes réunions à venir. Le grand rendez-vous sera le sommet du climat à Paris en 2015. Tout le monde garde en tête l’échec de Copenhague en 2009. Mais cette fois-ci, les experts se montrent confiants. "Depuis cinq ans, un considérable travail politique a été mené. Il y a eu les réunions de Cancun, Durban, Doha, Varsovie…. Les gouvernants sont beaucoup mieux informés. Aujourd’hui, on parle de transition écologique de manière courante alors qu’en 2008 ce terme était très marqué d’un parti politique. L’adaptation des entreprises au changement climatique est également devenue un sujet courant", affirme Nicolas Bériot.
Ludovic Dupin
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