Séché inaugure un réseau de chaleur pour la plateforme de Roussillon
Le 9 juillet dernier était organisée une visite de presse pour découvrir le nouveau réseau de chaleur du groupe Trédi, filiale de Séché Environnement. Ce réseau de vapeur est conçu pour décarboner la plateforme chimique de Roussillon, en Isère, qui travaille depuis plus de dix ans sur ces thématiques.
Séché Environnement, acteur dans le traitement des déchets complexes, via sa filiale Trédi et le Groupement d'intérêt économique (GIE) Osiris de la plateforme chimique de Roussillon, en Isère, ont inauguré, vendredi 9 juillet 2021, leur nouveau réseau de chaleur Salaise 3. Ainsi, 600 000 tonnes de vapeur, soit la moitié du besoin de vapeur de la plateforme, seront ainsi acheminées, chaque année, par 3 km de tuyaux depuis les installations de Trédi, à Salaise-sur-Sanne (Isère) jusqu'à la plateforme chimique. La vapeur sera produite grâce à la combustion de déchets dans l'usine de Trédi. Pour Joël Séché, président de la société éponyme, « ce projet est le symbole de notre engagement dans la décarbonation de l'industrie ».
Les travaux de Salaise 3 (qui complète les unités Salaise 1 et Salaise 2) ont commencé fin 2019. En janvier 2020, deux pipelines ont été mis en place : 1,5 km de pipeline aller hors sol pour acheminer la vapeur produite par la chaudière jusqu'à la plateforme de Roussillon et 1,5 km de pipeline retour pour récupérer la vapeur d'eau condensée, donc à l'état liquide, pour ensuite la stocker dans une cuve, avant réutilisation au sein de la chaudière, en circuit fermé.
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Cette nouvelle installation a été soutenue par l'Ademe à hauteur de 30 % sur les 6,5 millions d'euros investis sur le projet. Elle permettra de limiter le recours aux énergies fossiles et les émissions de gaz à effet de serre : 180 000 tonnes de CO2 pourront ainsi être évitées chaque année, soit l'équivalent des émissions d'une ville de 23 000 habitants.
Revaloriser des déchets dangereux
Chaque année, Trédi traite à Salaise-sur-Sanne près de 260 000 tonnes de déchets, 70 % d'entre eux étant des déchets dangereux produits par les procédés de fabrication et de distribution de produits chimiques pharmaceutiques, de peintures, d'encres, de vernis, de pesticides, etc. L'unité récupère également des déchets ménagers qui proviennent des collectivités locales, des déchets industriels non dangereux et des Déchets d'activités de soin à risques infectieux (DASRI) en provenance, notamment, des hospices civils de Lyon. 54 % des déchets proviennent de la région AURA (Auvergne-Rhône-Alpes).
Une fois les déchets triés, ils sont envoyés vers les différentes unités du site. Ils sont d'abord brûlés et la chaleur dégagée permet de chauffer la vapeur d'eau présente dans les tuyaux. Vapeur qui sera ensuite distribuée sur la plateforme chimique de Roussillon. Une fois la combustion terminée, les déchets devenus mâchefer sont déferraillés, puis enfouis en tant que déchets dangereux dans un site du groupe Séché. Par an, ce sont ainsi 50 000 tonnes de déchets ultimes qui sont enterrés.
Concernant les fumées émises lors de la combustion, elles sont dépoussiérées dans des électrofiltres. Le site Trédi possède également des unités de captation des dioxines (filtres en polypropylène et charbon actif). Une fois saturés, les filtres sont incinérés. Avec de tels dispositifs, l'usine Trédi est le plus grand site de traitement de déchets dangereux en France.
Un engagement depuis depuis dix ans
La plateforme de Roussillon cherche à devenir « la première plateforme chimique décarbonée d'Europe », précise Frédéric Fructus, directeur d'Osiris. Ce projet vise notamment à valoriser les chaleurs fatales de la plateforme à travers le programme DecarbRON, lauréat de l'appel à projets Décarbonation du plan de relance, lancé en mai dernier.
Le projet de décarbonation de la plateforme chimique de Roussillon prévoit également la construction d'une chaudière de valorisation énergétique pour revaloriser 6 000 tonnes par an de résidus de distillation de l'activité « Phénol et Cumène » de Novapex, filiale de Seqens. Annoncée en décembre 2020, avec un démarrage en 2022, cette unité permettra d'arrêter l'utilisation du charbon sur la plateforme pour atteindre 73 % d'énergie d'origine renouvelable et de récupération. La nouvelle unité permettra également de réduire les émissions de CO2 d'environ 30 000 tonnes par an. Ainsi les dix dernières années, la quantité de CO2 de la plateforme avait été divisée par quatre.
Jusqu'en 2015, la majeure partie des 1,2 million de tonnes de vapeur distribuées par an était fournie par des chaudières à charbon pour 80 % de l'énergie produite, et à gaz pour les 20 % restants. En 2015, Suez, via sa filiale Sita, a donc décidé, dans une démarche de réduction de la consommation d'énergie fossile, de développer une unité de production d'énergie renouvelable à partir de déchets de bois sur la plateforme Osiris, permettant la récupération de chaleur. ?
« Nous souhaitons devenir la première plateforme chimique décarbonée d'Europe ».
Frédéric Fructus, directeur d'Osiris
LE GIE OSIRISCréé en 1999, le GIE (Groupement d'intérêt économique) Osiris est le gestionnaire des services et des infrastructures mutualisés au service des entreprises de la plateforme de Roussillon. Il leur fournit notamment les énergies et les utilités et assure également la coordination en matière de sûreté, sécurité, environnement et logistique. Le GIE Osiris gère donc une plateforme de 150 ha où sont installées seize entreprises, dont les principales sont Adisseo, Elkem Silicones, Hexcel, Seqens et Suez.
LE PROJET EN CHIFFRES- 600 000 tonnes de vapeur fournies soit 50 % de la consommation de la plateforme ; - 180 000 tonnes de réduction de CO2 par an ; - 3 KM de pipelines ; - 2021 Mise en service.