SEB veut fabriquer de l'électroménager à la pointe de la lutte contre l’obsolescence programmée
Le groupe français, numéro 1 mondial du petit électroménager, montre l’exemple. Depuis dix ans, il travaille sur l’écoconception pour rendre plus durables ses produits. Et arrive aujourd’hui à rendre réparable 97% de sa gamme.
Alors que la lutte contre l’obsolescence technologique et programmée ressemble bien souvent à Don Quichotte en lutte contre les moulins, certains industriels ont compris que le monde ne pouvait pas produire toujours plus de déchets. Entre l’obsolescence programmée sur des appareils en parfait état de forme et les mises à jour impossibles sur les téléphones mobiles et les ordinateurs, les montagnes de déchets dont une grande partie finissent dans les décharges de pays en voie de développement, ne peuvent pas éternellement concurrencer les sommets alpins.
Réparer un appareil ôte des ventes à la concurrence
Alors que certains lobbies industriels font tout pour que rien ne change, d’autres ont fait le pari inverse. C’est le cas de SEB. Le groupe français qui possède 29 usines dans le monde, dont 10 en France et revendique la place de leader mondial du petit électroménager avec un chiffre d’affaires de 4,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2015 (+8%), a franchi le pas depuis une dizaine d’années.
Aujourd’hui, il peut annoncer fièrement que 97% de ses produits sont réparables. "Nous étions à 70% en 2012", rappelle Joël Tronchon, directeur du développement durable du groupe, pour rappeler le bond réalisé ces dernières années avec des produits de plus en plus faciles à démonter et à remonter, et des pièces dissociables. Le nombre de pièces de rechanges vendues a doublé entre 2010 et 2015, "essentiellement depuis 2013, quand nous avons réduit de 30% leur prix", précise Alain Pautrot, le directeur de la satisfaction consommateurs. 500 000 produits devraient être réparés cette année en France. Dans le monde, 6500 réparateurs sont agréés par le fabricant.
L’impression 3D pour les pièces de rechange
Et à ceux qui prédisent une baisse des ventes, SEB retourne l’argument. "Quand on répare un produit, c’est une vente en moins pour nos concurrents. Il n’y a aucun impact négatif. Au contraire, on estime que 8% des consommateurs basculent chez nous", prévient Alain Pautrot. L’industriel français a compris que le consommateur attend ce type de solutions et qu’il souhaite pouvoir utiliser plus longtemps ses appareils. SEB stocke 5,7 millions de pièces de rechange (40000 références) sur son site de Faucogney-et-la-Mer (Haute-Saône). Les pièces doivent être disponibles au moins 10 ans. Mais l’avenir passe aussi par l’impression 3D. Depuis mai 2016, les premières réparations ont eu lieu avec cette nouvelle technologie.
Pour éviter l’obsolescence technologique, le groupe français prévoit d’assurer dans les prochaines semaines la mise à jour d’un de ses produits phares, le Companion. Un réparateur agréé viendra chez le consommateur chercher l’appareil et lui ramènera deux semaines plus tard. Le Companion deviendra un appareil connecté.
Autre initiative : pour répondre à de nouveaux comportements d’achats, Eurêcook, propose de louer certains appareils culinaires que l’on utilise peu. "Ils sont nettoyés, vérifiés, réparés après chaque location", précise Joël Tonchon. SEB s’est aussi engagé avec WWF sur la réduction des gaz à effet de serre, il s’associe à Envie, réseau de l’économie solidaire pour la réparation et tente d‘intégrer de plus en plus de matières recyclées. Il a lancé en début d’année la production dans son usine de Saint-Jean-de-Bournay (Isère) de générateurs de vapeur pour fers à repasser, dont le boîtier est conçu avec du plastique recyclé. Certains produits de la marque Tefal sont également réalisés avec des plastiques et aluminium recyclés. Mais on atteint parfois la limite de l’exercice. "Nous rencontrons souvent des problèmes d’approvisionnement en aluminium", reconnait-on chez SEB.
SEB veut fabriquer de l'électroménager à la pointe de la lutte contre l’obsolescence programmée
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