[Scandale de l'amiante] L'industriel suisse Eternit obtient un non-lieu
Des juges d'instruction parisiens ont rendu le 11 juillet un non-lieu pour les responsables du groupe suisse de matériaux de construction Eternit, dans un scandale de contamination à l'amiante. Les associations de victimes n'entendent pas s'arrêter là.
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16 juillet 2019
Aux yeux de l'Association des victimes de l'amiante (AVA), "c'est un véritable déni de justice". Des juges d'instruction parisiens ont rendu le 11 juillet un non-lieu pour les responsables du groupe suisse de matériaux de construction Eternit, dans le scandale de l'amiante, un matériau cancérigène.
L'AVA dénonce dans un communiqué une volonté selon elle délibérée des magistrats instructeurs du pôle de santé publique de Paris de "mettre un terme par des non-lieux à toutes les affaires engagées par les victimes de l'amiante depuis 23 ans". "Les magistrats, après plus de 20 ans d'instruction, n'ont écouté que le point de vue des employeurs", estime le secrétaire national de l'Association nationale de défense des victimes de l'amiante (Andeva), Alain Bobbio.
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L’amiante a fait des dizaines de milliers de victimes en France, qui meurent encore au rythme de 2 000 à 3 000 chaque année, 20 ans après l’interdiction de ce produit, selon les estimations. Selon Alain Bobbio, il y a eu 147 morts reconnus à cause de l'amiante dans la seule usine de Vitry-en-Charollais.
Impossible de dater la contamination
Pourquoi cette décision des juges d'instruction? Comme dans d'autres dossiers d'intoxication à l'amiante, ils estiment notamment dans leur ordonnance que l'impossibilité de dater précisément la contamination rend aussi impossible l'incrimination de personnes.
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Un argument qui fait bondir les associations de défense des victimes et leurs avocats. "Cela ne tient pas la route une seconde", a ainsi déclaré à Reuters Me Michel Ledoux, avocat des salariés de trois usines d'Eternit. L'AVA et l'Andeva ont annoncé qu'elles allaient faire appel de ce non-lieu, qui concerne tous les sites d'Eternit.
Une citation directe pour viser les "responsables nationaux"
Mais l'AVA compte surtout sur une citation directe à laquelle plus de mille victimes se sont jointes à ce jour et qui sera déposée officiellement en septembre prochain. Cette citation directe, qui vise les "responsables nationaux" de la catastrophe sanitaire de l'amiante, doit permettre de contourner l'instruction et la décision du 11 juillet, explique l'association. "C'est pour nous le moyen d'obtenir un procès pénal", a expliqué à Reuters l'un de ses dirigeants, Michel Parigot.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a annulé en 2017 la mise en examen des principaux responsables nationaux présumés dans deux dossiers de l’affaire de l’amiante. Il s'agissait de neuf hauts fonctionnaires, scientifiques et industriels, dont un ex-directeur général de la Santé et des membres du Comité permanent amiante (CPA), qui avaient été mis examen en 2011-2012 pour homicides et blessures involontaires.
avec Reuters (Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)
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