SAP s'offre Sybase, "le dernier grand généraliste des bases de données"
Contrairement à Oracle, qui digère encore à ce jour les rachats de Sun Microsystems ou de BEA Systems, SAP est réputé peu enclin à mener de grandes opérations de croissance externe. Mais rien n'est gravé dans le marbre. Plus de deux ans après l'acquisition de Business Objects (pour 4,8 milliards d'euros), le conglomérat allemand vient en effet d'annoncer le rachat de Sybase par SAP America, sa filiale américaine.
La transaction, d'un montant évalué à 5,8 milliards de dollars (soit 4,7 milliards d'euros), a déjà été approuvée par le conseil d'administration de Sybase (1,1 milliard de dollars de chiffre d'affaires l'an dernier avec 3.819 collaborateurs). Elle devrait être finalisée d'ici la fin du troisième trimestre 2010. Sybase deviendra alors une filiale séparée de SAP, baptisée « Sybase, an SAP Company » et pilotée par ses dirigeants actuels.
Descendre vers les logiciels d'infrastructure
L'objectif pour SAP : se renforcer « sur la couche de gestion des données », explique Mathieu Poujol, directeur des technologies chez PAC (Pierre Audoin Consultants), pour qui ce rachat devrait aider SAP à optimiser la gestion des informations et par là même la performance de ses applicatifs. Concurrent d'Oracle, Sybase, qui édite « une base de données qui a « les mêmes origines que SQL Server de Microsoft », est, selon lui, « le dernier grand généraliste des bases de données » et il est pourvu d'un « réel savoir-faire dans ce domaine ».
En rachetant Sybase, SAP va aussi mettre la main surla solution IQ , un accélérateur de données pour le décisionnel qui devrait offrir un complément intéressant aux logiciels de « business intelligence » issus du rachat de Business Objects. Et il devrait se renforcer dans les logiciels mobiles et les systèmes de sécurisation des transactions à distance (avec iAnywhere et SQL Lite...).
Des défis culturels à relever
Mais SAP, qui n'a pas enregistré les résultats escomptés avec Business Objects, est-il capable de réussir ce rachat ? « En terme de culture, SAP n'a pas l'ouverture d'un Oracle, ce qui a un impact sur sa capacité à gérer l'arrivée de nouvelles technologies, mais aussi les aspects sociaux d'un tel rapprochement », nous confie Eric Menard, directeur d'études chez Pierre Audoin Consultants (PAC). « L'absorption de Business Objects ne s'est pas bien passée. Les difficultés rencontrées récemment sur les nouveaux contrats de maintenance témoignent aussi d'une certaine fermeture du groupe. Il faut souhaiter que SAP aura tiré de ces derniers événements certaines leçons qui lui serviront pour évoluer dans un sens plus favorable ».
Ouverture aux autres technologies
Et notamment vers une plus grande ouverture. « On voit bien que le marché de la gestion de l'information structurée et non-structurée évolue et qu'il est important pour SAP de se positionner avec ses propres technologies et de gagner une forme d'indépendance sur ce marché », conclut Eric Ménard. Mais, alors qu'il s'est contenté jusqu'alors, avec sa plate-forme de middleware Netweaver, « de faire du SAP pour du SAP », l'éditeur « arrivera-t-il à constituer une plate-forme technologique ouverte, dialoguant avec l'ensemble des applicatifs ? ».
Christophe Dutheil
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