Saint-Gobain reste impuissant face à Sika l’irréductible
L’assemblée générale de Sika a confirmé l’opposition de la pépite suisse à sa prise de contrôle par Saint-Gobain, qui demeure impuissant à concrétiser son accord avec les héritiers du fondateur de Sika. Un blocage qui dure depuis décembre 2014 et pourrait bien continuer jusqu’à fin 2018.
Toujours pas d’ouverture pour Saint-Gobain dans le dossier Sika. L’assemblée générale de la pépite suisse qui s’est tenue mardi 12 avril n’a fait que confirmer l’impuissance du français et de la famille du fondateur de Sika à concrétiser leur accord de décembre 2014. Saint-Gobain avait alors signé l’achat, pour 2,5 milliards d'euros, des 16,1% du capital de Sika détenus par la holding familiale SWH qui, privilège historique, donnent lieu à 52,4% des droits de vote.
Une opération dénoncée immédiatement par le conseil d’administration de Sika, pour qui il s’agirait d’une "prise de contrôle hostile" qui détruirait la "success story" du chimiste du bâtiment, qui a réalisé 5,49 milliards de francs suisses (5 milliards d’euros) de chiffre d’affaires dans les mortiers et enduits en 2015 .
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Fort du soutien de la majorité (en capital) de ses actionnaires, Sika tient tête depuis presqu’un an et demi à Saint-Gobain et à SWH. Et la dernière assemblée générale a conforté sa position. Le conseil d’administration a, comme il y a un an, déchu la famille Burkard de ses privilèges en limitant les droits de votes de SWH au maximum prévu pour l’actionnaire standard : 5%. De quoi empêcher SWH de démettre le conseil d’administration rebelle et d’obtenir l’élection d’un administrateur qui leur est favorable.
Restriction des droits de vote de la famille
La proposition de SWH d’un audit spécial, qui se vote à la majorité du capital et non des droits de vote, a aussi été rejetée "à 72% du capital – en nette augmentation par rapport à l’assemblée générale annuelle de 2015 où la proposition de SWH de tenue d’un audit spécial avait été rejetée à 51% du capital", se félicite Sika dans un communiqué paru le 12 avril.
"Le conseil d’administration a encore violé les droits de vote de la holding SWH", déplore un porte-parole de Saint-Gobain, qui rappelle : "Nous l’avions anticipé en prolongeant l’accord qui nous lie à la famille, avec qui nous sommes parfaitement alignés." Depuis mi-mars, les deux alliés ont étendu la validité de leur accord au 30 juin 2017, avec prolongation possible jusqu’au 31 décembre 2018.
Jugement attendu cet été
Car la bataille se joue sur le tempo des tribunaux. Le nœud de l’affaire, la limitation des droits de vote qui prive la famille de son contrôle, est aux mains du tribunal cantonal de Zug, en Suisse, qui, saisi par SWH, devrait se prononcer cet été. "Nous sommes confiants dans l’application du droit", affirme le porte-parole de Saint-Gobain. Certes, mais en face, on se dit aussi confiant, y compris au-delà de Sika. Une note d’analyse financière de Mirabaud évalue ainsi à "plus de 80%" la probabilité que le tribunal tranche en faveur de Sika.
Dans tous les cas, l'un ou l'autre des protagonistes pourra faire appel du jugement devant la Cour supérieure, puis devant la Cour fédérale si nécessaire. De quoi reporter de quelque deux ans et demi l’éventuelle prise de contrôle de Sika par Saint-Gobain, condamné à attendre. "Pierre-André de Chalendar [le PDG de Saint-Gobain, ndlr] l’a répété, nous sommes déterminés et patients", rappelle le porte-parole. Qui relève malicieusement : "Nous avons signé un accord avec un prix fixe. Or la valeur de Sika augmente avec le temps." Une augmentation que le board de Sika attribue à son indépendance.
Manuel Moragues
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