Russie: Les investisseurs étrangers soutiennent le marché des M&A
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\ 17h19
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LONDRES (Reuters) - Les acquisitions d'entreprises russes par des investisseurs étrangers ont renoué avec des niveaux atteints avant l'entrée en vigueur de sanctions internationales contre la Russie en 2014, montrent des données de Thomson Reuters.
Le montant des fusions et acquisitions (M&A) par des investisseurs étrangers s'élève déjà à 4,6 milliards de dollars (4 milliards d'euros) en 2017, soit quasiment le triple que sur la même période en 2016 (1,6 milliard de dollars). Cela représente le plus fort montant depuis la même période en 2012.
Deutsche Bank est la principale banque conseil sur le marché russe des M&A.
Cela montre que les banques occidentales et les entreprises sont plus enclines à conclure des accords avec Moscou, en dépit des sanctions imposées par les Etats-Unis et l'Union européenne après l'annexion de la Crimée.
Ces sanctions, auxquelles s'ajoute la baisse des cours du pétrole, ont pesé sur l'économie russe, bien que la faiblesse du rouble, dont le cours évoluait autour de 60 pour un dollar le mois dernier, ait rendu les actifs russes plus attractifs.
"Il y a eu une accélération. Je pense qu'elle est largement due à de meilleurs perspectives économiques, plus qu'à un apaisement du contexte géopolitique. Les gens se sont habitués aux sanctions", dit Alexei Yakovitsky, directeur général du russe VTB Capital.
VTB Capital se classe au troisième rang des établissements conseil, derrière Morgan Stanley et Deutsche Bank.
Les opérations réalisées par les investisseurs étrangers en Russie représentent plus de la moitié des transactions totales réalisées jusqu'ici.
En incluant les opérations conclues entre entreprises russes, qui ont marqué le pas, le montant global des M&A s'établit à 7,5 milliards de dollars, contre 10,3 milliards de dollars en 2016. Le résultat de l'année dernière a été gonflé par le rachat par la compagnie publique gazière Gazprom de ses propres actions à la banque VEB, une opération à 2,02 milliards de dollars.
UNE "NOUVELLE NORMALITÉ"
Deutsche Bank doit sa première place à son rôle dans la plus grande opération de rachat menée cette année sur le marché russe. En mars, le groupe énergétique autrichien OMV a racheté la participation de 25% qu'Uniper possédait dans l'un des plus importants gisements de gaz russes pour 1,75 milliard d'euros.
La banque allemande a déclaré en juin vouloir développer sa présence en Russie.
Malgré tout, les établissements bancaires opèrent prudemment en Russie, attendant de voir si la reprise des investissements étrangers se confirme.
En juin dernier, Washington a imposé de nouvelles sanctions à 38 personnalités et entités en raison du rôle de Moscou dans le conflit ukrainien, douchant les espoirs de ceux qui espérait voir le contexte politique s'améliorer avec l'élection de Donald Trump.
"Nous sommes parvenus à une nouvelle normalité. Je ne m'attends pas spécialement à ce que les opérations retrouvent leur niveau d'avant la crise", a dit à Reuters un responsable d'une grande banque d'investissement basée à Moscou.
L'Autriche est le premier acquéreur en Russie, devant la Chine. Un consortium mené par Fosun International a pris une participation de 10% dans le producteur de minerai d'or Polyus.
(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Bertrand Boucey)