Rétrospective 2018: Agitation et incertitudes
La page 2018 est à peine tournée que 2019 commence sur les chapeaux de roues. L'acquisition de Parex par Sika constitue une opération d'envergure dans la chimie de spécialités. Le secteur poursuit sa consolidation, chacun continuant de délester ses portefeuilles des activités non stratégiques et privilégiant la prise de leadership par segments. Ces derniers mois, on retiendra le raid de LyondellBasell sur A. Schulman (2,25 Mrds $) pour fonder un leader des compounds plastiques, celui d'IFF sur Frutarom (7,1 Mrds $) pour former un champion des goûts et des senteurs naturels, la reprise des composites d'Ashland par Ineos (1,1 Mrd $), ou encore la cession des spécialités chimiques d'AkzoNobel à Carlyle et GIC pour 10,1 Mrds €. 2018 restera aussi l'année de la naissance de géants, parfois à l'issue d'un vrai parcours du combattant pour satisfaire les différentes autorités de concurrence. Si la gigantesque fusion entre PotashCorp et Agrium, devenus Nutrien, n'a pas semblé rencontrer trop d'écueils, il n'en a pas été de même pour le mariage de Linde avec Praxair, qui nécessite de grandes cessions d'actifs en Europe et en Amérique du Nord. L'opération la plus emblématique restera la finalisation de l'acquisition de Monsanto par Bayer. Le groupe allemand a dû se séparer de grands pans d'activités, quasiment tous repris par son compatriote BASF. En parallèle, Bayer se trouve confronté à une grande menace judiciaire aux États-Unis avec un premier revers ennuyeux pour le glyphosate alors que des milliers d'affaires sont en cours d'instruction. En 2019, d'autres gigantesques opérations se murmurent, telles la fusion entre ChemChina et Sinochem, ou la prise de contrôle de Sabic par Saudi Aramco.
2018 aura été très agitée du côté de la pétrochimie. Nombre de grands projets ont été annoncés. Sans surprise, des investissements colossaux ont encore été promis à l'Amérique et au Moyen-Orient, tel celui d'un gigantesque complexe en Arabie saoudite par Saudi Aramco et Total. Mais, et c'est plus étonnant, de grands acteurs internationaux ont affiché de fortes ambitions en Chine. ExxonMobil et Sabic ont dévoilé des projets de vapocraqueurs, tandis que BASF envisage un second verbund, idée qui semble en bonne marche. Mais la palme de l'annonce sidérante en 2018 revient à Ineos avec ce projet de construire un vapocraqueur de taille mondiale en Europe ! Du jamais vu depuis plus de vingt ans !
VOS INDICES
source
612.5 -2.93
Février 2023
Phosphate diammonique (DAP)
$ USD/tonne
123 -4.65
Janvier 2023
PP Copolymère
Base 100 en décembre 2014
172.7 -2.15
Janvier 2023
Indice de prix de production de l'industrie française pour le marché français − CPF 20.1 − Produits chimiques de base, engrais, Produits azotés, plastiques, caoutchouc synthétique
Base 100 en 2015
Tous ces faramineux projets ont de quoi faire tourner la tête. Et malheureusement ne semblent pas prêts à être accueillis sur le sol français. 2018 aura toutefois offert la perspective ou la concrétisation de jolis investissements en France. En premier lieu avec l'Américain Hexcel qui a finalisé son engagement de 200 M€ aux Roches-Roussillon pour ses fibres de carbone. Le Chinois Quechen a promis, de son côté, d'investir 105 M€ dans les silices sur la plateforme Piicto (Bouches-du-Rhône). Enfin, SNF Floerger pourrait investir entre 110 et 160 M€ pour un complexe de polyacrylamides près de Dunkerque (Nord). La confirmation est attendue dans les prochains mois.
Tous ces dossiers évoluent dans un contexte conjoncturel bien agité et qui brouille les perspectives. Entre les conflits commerciaux intercontinentaux, la crainte d'un Brexit sans accord, ou encore les fluctuations du prix du baril, 2018 n'aura pas été un long fleuve tranquille. Et les tensions devraient perdurer cette année. Pour la chimie européenne, après une très bonne année 2017 et un début 2018 très encourageant, la suite a été décevante. La croissance de la production n'a cessé de fléchir et les perspectives d'être revues à la baisse. À court et moyen terme, il est difficile d'y voir clair.