Renouvelables, stockage, taxe carbone, nucléaire... le CEA met le cap sur la COP21
Concentré sur la recherche et l’industrialisation de solutions énergétiques décarbonnées, le CEA compte bien mettre son expertise au service de la COP21 qui se déroulera en France fin 2015. Le nouvel administrateur général et ses équipes livrent déjà leurs premières recommandations.
Ce 31 mars, le CEA (Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives) organisait, à l’occasion de la semaine de l’industrie, son séminaire annuel. La thématique : "Nouveaux enjeux industriels liés aux changements climatiques". Décryptage par Daniel Verwaerde, le nouvel administrateur général du CEA : "Nous nous plaçons déjà dans la perspective de la COP 21 (Ndlr : le sommet sur le climat qui se déroulera à Paris fin 2015)."
Une recherche trop faible
"Dans l’OCDE, depuis 1974, la recherche publique sur l’énergie suit une tendance à la baisse (Ndlr : -50 % de dépenses en quarante ans). Or, dans le même temps, le monde a pris conscience du danger du changement climatique. La recherche mondiale n’est pas à la hauteur de l’enjeu", relève Jean-Guy Devezeaux de Lavergne, directeur de l'Institut de technico-économie des systèmes énergétiques au CEA, qui précise toutefois que la France n’est pas la plus mal lotie.
VOS INDICES
source
Le CEA pointe trois grands axes de travail pour participer à la lutte contre le réchauffement climatique. Premièrement, au-delà des changements de comportement pour moins consommer, il appelle à d’importantes évolutions technologiques. Dans les années à venir, sept grands verrous technologiques sont à faire sauter en matière d’énergies renouvelables, de stockage local de l’énergie, de cogénération nucléaire, de véhicule électrique et hydrogène, de stockage massif d’énergie, de production d’hydrogène, de développement du nucléaire de quatrième génération. L’enjeu esrt d’améliorer leur rendement et d’abaisser leurs coûts. Pour le CEA, ces technologies sont indispensables pour que la France puisse atteindre le facteur 4 (division par quatre des émissions de CO2 en 2050). "Ces recherches doivent être synchronisées au niveau européen pour éviter l’invasion de technologies étrangères", prévient Jean-Guy Devezeaux de L’Auvergne.
Un vrai prix du carbone
Deuxièmement, le CEA appelle à la mise en place d’une réelle taxe carbone et d’un vrai marché de quotas de CO2. "Seul un montant d’au moins 250 euros la tonne de CO2 permettra d’attendre le facteur 4", prévient Daniel Verwaerde. Aujourd’hui, la tonne de CO2 s’échange à moins de 10 euros. Mais surtout, le commissariat appelle à faire un bon usage des fruits de cette taxe pour favoriser le développement de l’emploi, aider les ménages à s’équiper d’équipements bas carbone et financer la recherche. Jean-Guy Devezeaux de Lavergne parle d’un "double dividende", un pour son action sur le climat, un pour son effet sur l’économie. "Comme la technologie ne suffit pas pour l’instant, il faut donc taxer le CO2", insiste Jean-Guy Devezeaux de Lavergne.
Troisièmement, Christophe Béhar, directeur de l’énergie nucléaire au CEA, explique que "le nucléaire a un rôle à jouer dans le cadre du réchauffement climatique en produisant massivement de l’électricité décarbonnée". Cela implique de travailler sur le vieillissement des installations actuelles et de developper les futures générations de réacteurs. "En 2008, l’Etat a choisi la filière des réacteurs à neutrons rapides car il permet de brûler tout type de plutonium, de se passer de la ressource en uranium qui va se faire rare et de mieux gérer les déchets en traitant les actinides mineurs", rappelle-t-il. La démonstration de la faisabilité industrielle de ce procédé doit être faite avec le démonstrateur Astrid, dont la construction est attendue pour 2020.
Ludovic Dupin
SUR LE MÊME SUJET
1Commentaire
Réagir