Renault signale à la justice des flux suspects vers Oman datant de l'ère Carlos Ghosn
La semaine du 25 mars, le groupe Renault a alerté la justice française sur la découverte de paiements suspects à un partenaire commercial de Renault-Nissan situé à Oman. Selon des sources proches du dossier, les flux ont circulé entre 2011 et 2016, à l'époque où Carlos Ghosn était toujours PDG du constructeur automobile français. Libéré sous conditions, l'homme d'affaires est toujours soupçonné de malversations financières au Japon.
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\ 14h54
Mis à jour 02 Avril 2019
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02 avril 2019
Renault a alerté la justice française après avoir découvert l'existence de paiements suspects à un partenaire commercial de Renault-Nissan à Oman, au Moyen-Orient. Ces paiements remontent à l'ère Carlos Ghosn, ont déclaré à Reuters deux sources proches du dossier. Le signalement, qui concerne des flux ayant circulé entre 2011 et 2016, a été réalisé à la fin de la semaine du 25 mars, a précisé l'une des sources.
L'existence des paiements a été découverte par l'enquête interne ouverte par Renault après l'arrestation de Carlos Ghosn. Depuis novembre 2018, le dirigeant est accusé de malversations financières chez Nissan. Libéré sous conditions au Japon, Carlos Ghosn dément toujours ces faits.
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Plusieurs millions d'euros versés
Selon cette enquête, Renault a versé pour plusieurs millions d'euros désignés comme des primes de performance à Suhail Bahwan Automobiles, distributeur commercial des marques de l'alliance à Oman, ont dit les sources au fait du contenu détaillé des investigations.
Nissan a établi pour sa part dès janvier que sa propre filiale régionale avait effectué des paiements suspects de plus de 30 millions de dollars à SBA.
Les éléments adressés par Renault au parquet suggèrent également que l'essentiel des fonds a été ensuite transféré à une société libanaise contrôlée par des associés de Carlos Ghosn. Selon les sources, la somme totale versée par le groupe français se chiffre à au moins dix millions d'euros.
Selon des informations des Échos, la société libanaise aurait financé entre 2015 et 2018 la start-up Shogun fondée par Anthony Ghosn, fils de Carlos Ghosn, à hauteur de 27,5 millions de dollars. L'entreprise aurait aussi signé l'achat d'un yacht de plus de 10 millions de dollars pour la famille de l'industriel en 2015.
Carlos Ghosn déjà étrillé par un comité externe de Nissan
Un porte-parole de Renault n'était pas en mesure dans l'immédiat de commenter ces informations. L'avocat français de Carlos Ghosn, Jean-Yves Leborgne, n'était pas joignable dans l'immédiat pour faire un commentaire, tout comme le porte-parole de Carlos Ghosn aux États-Unis, le parquet français et SBA.
Ce signalement s'ajoute à de récentes révélations compromettantes pour l'ancien PDG du groupe Renault. La justice française a déjà ouvert une enquête préliminaire pour examiner les conditions financières dans lesquelles Carlos Ghosn a organisé sa fête de mariage au château de Versailles (Yvelines) en octobre 2016. Le 27 mars, un comité externe mandaté par Nissan a aussi étrillé les dépenses personnelles de l'homme d'affaires affectées aux comptes de Nissan.
Avec Reuters (Avec les contributions d'Emmanuel Jarry, Alexander Cornwell, Tuqa Khalid et Norihiko Shirouzu, édité par Jean-Michel Bélot)